Après l’Eglise de scientologie ou, plus récemment, une malheureuse adolescente, les trolls et pirates qui se regroupent sur le site de partage d’images 4chan ont un autre cheval de bataille. Ces Anonymes, qui se sont fait connaître par leurs attaques contre la Riaa, ont pris cette fois fait et cause pour WikiLeaks.
Depuis la divulgation de câbles diplomatiques et l’annonce de prochaines révélations sur un établissement bancaire, le défenseur de la transparence totale connaît toutes les difficultés imaginables : problèmes d’hébergement de son site, suppression de son nom de domaine original, blocage de ses comptes PayPal ou bancaires… sans oublier l’arrestation de sa figure emblématique, Julian Assange, poursuivi dans une histoire de mœurs.
La guerre a commencé
Dans un trac, les Anonymes appellent à lancer des représailles avec une opération « Vengez Assange » : « La première sérieuse guerre de l’information est maintenant engagée. Son champ de bataille est WikiLeaks. Vous êtes les troupes », expliquent-ils. Le programme de cette résistance tient en quelques points :
– boycotter PayPal ;
– partager et diffuser au maximum les câbles diplomatiques ;
– voter pour Julian Assange comme personnalité de l’année de Time Magazine ;
– utiliser les réseaux sociaux pour faire du bruit, etc.
PayPal est l’« ennemi »
Mais les Anonymes n’entendent pas s’en tenir à des actions aussi innocentes. Ils ont indiqué qu’ils lanceraient un raid contre PayPal. Cette riposte ne s’est pas fait attendre puisque le blog de la filiale d’eBay est tombé hier, mercredi 8 décembre. Le système de paiement proprement dit n’aurait subi, lui, aucun dommage. Tous ceux ayant des « visées anti-WikiLeaks » sont dans le collimateur des Anonymes, a expliqué l’un de ses membres à l’AFP. Et les opérations se multiplient depuis l’arrestation de Julian Assange.
Après avoir refusé de faire des affaires avec ce dernier, la banque helvétique PostFinance a ainsi été l’objet d’une attaque par déni de service. Son site est resté indisponible au moins 24 heures (1). Hier soir, c’était au tour des sites de Visa et de Mastercard de connaître des problèmes de connexion. Les émetteurs de cartes bancaires sont en effet devenus la cible des Anonymes après avoir annoncé qu’ils suspendaient les transferts de fonds vers WikiLeaks. Simple hasard ou non, le site venait de révéler des documents les mettant en cause. Ils auraient bénéficié d’un lobbying du département d’Etat américain en Russie.
Ce matin, l’ensemble des sites de Visa, y compris Visa.fr, étaient encore hors service. Celui de Mastercard indiquait : « Nous avons réussi à restaurer l’ensemble des services de notre site corporate. Nos capacités de traitement n’ont pas été compromises, et les données liées aux comptes des possesseurs de cartes n’ont pas été mises en danger. »
Les établissements financiers ne sont pas les seuls ennemis des Anonymes. Une cyberattaque a visé le site du parquet suédois qui poursuit Julian Assange pour agression sexuelle. Sarah Palin, l’ex-colistière de John McCain lors de la campagne de la présidentielle aux Etats-Unis, a aussi été prise pour cible. Cette figure de l’ultraconservatisme avait déclaré que le fondateur de WikiLeaks « avait du sang sur les mains » après la publication des câbles, et qu’« il devait être en conséquence traité comme un terroriste ».
Cyberattaque contre suspension
Pour coordonner leurs attaques, les activistes ont largement fait appel aux réseaux sociaux. Hier, le fil Twitter des Anonymes donnait le top départ des opérations. « CIBLE: WWW.VISA.COM :: FEU FEU FEU !!! » indiquait le message d’Anon_Operation. Son compte a depuis été suspendu par le site de microblogging. De même, la page Facebook intitulée « Opération riposte » a été supprimée au motif qu’elle contrevenait à la politique d’utilisation du site.
Pour autant, les supporters de WikiLeaks sont loin d’être découragés. ColdBlood, un porte-parole des Anonymes, a promis ce matin à l’antenne de la BBC : « La campagne [d’attaques] n’est pas terminée. Elle va se renforcer. De plus en plus de gens nous rejoignent pour aider. » Il a expliqué que le nombre de téléchargements de programmes de botnet augmentait.
« C’est une guerre informatique, nous voulons que l’Internet reste libre et ouvert à tous, exactement comme il l’a toujours été », a conclu le jeune homme.
(1) A l’heure où nous écrivons ces lignes, plusieurs des sites touchés par des attaques sont de nouveau accessibles.
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