Les smartphones pliants comptent un nouveau venu : le Magic Vs que le chinois Honor a annoncé mercredi dernier en Chine. Nous avons pu nous rendre à une séance de rapide prise en main à Paris pour vous confier nos premières impressions. Qui sont plus que bonnes. Si on ignore encore les configurations disponibles ainsi que le prix final en Europe, on sait d’ores et déjà une chose : Honor a fait du bon boulot côté qualité de construction. Et pourrait commencer à sérieusement chatouiller Samsung s’il arrive à maintenir les prix.
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Lancé aux alentours 1000 € en Chine, ce Magic Vs a une base technique digne d’un fleuron de 2022 : un Snapdragon 8 Gen 1+ gravé par TSMC, de 8 à 12 Go de RAM et de 256 Go à 512 Go de stockage. Ce qui le distingue donc de la compétition, c’est évidemment son mécanisme. Et une charnière assez impressionnante.
Une charnière repensée, renforcée et simplifiée
Oubliez les terminaux pliants asymétriques, qui ne ferment pas complètement ou qui ne tiennent pas sur une table : avec le Magic Vs, Honor a résolu tous les problèmes techniques nécessaires à l’élaboration d’un appareil « normal ». Et le travail est assez épatant puisque les finitions sont dignes, voire en certains points supérieures (qualité perçue notamment) à Samsung. Les contours tout métal de l’appareil sont ciselées, l’ajustement des deux volets micrométriques. Une fois refermé, seule son épaisseur en main permet de comprendre qu’il s’agit d’un appareil pliant.
Petit bémol cependant : cette charnière simplifiée a moins de paliers d’ouverture qu’une charnière complexe. Imposant une force initiale d’ouverture supérieure à celle d’un Z Fold 4, elle interdit une ouverture pas à pas. On force un peu, on l’ouvre au moins de 15-20°, puis on l’ouvre en grand.
Et on peut l’ouvrir en grand de très nombreuses fois. Passant de plus de 90 éléments à seulement 4 pièces mobiles, la charnière a été simplifiée. Ce qui la renforce considérablement : Honor communique sur une certification de durabilité d’au moins 400.000 cycles d’ouverture/fermeture. Ce qui correspond à environ 110 (dé)pliages par jour pendant 10 ans.
Écrans lumineux, une démarcation encore bien visible
Deux écrans composent cet appareil : un écran externe de 6,45 pouces qui permet un usage traditionnel. Et une fois ouvert, un écran pliant de 7,9 pouces qui transforme l’appareil en véritable tablette – c’est la diagonale de l’iPad Mini ! La luminosité de ces écrans est leur point fort, tant l’interne que l’externe. Avec 1200 cd/m² et sa définition de 1080 x 2560 points pour une résolution de 412 points par pouce, l’écran externe 120 Hz fait mieux que de nombreux fleurons.
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La dalle OLED interne est certes moins lumineuse (800 cd/m²) mais la résolution reste bonne (381 ppp). La définition de 2272 x 1984 pixels n’est pas si éloignée de l’écran externe, mais le confort de lecture apporté par sa dimension en fait un incontournable pour la lecture, le visionnage et l’édition. Ce d’autant plus que les 90 Hz permettent de faire défiler les pages avec une grande fluidité. Un écran 4K 120 Hz serait peut-être mieux sur le papier, mais la consommation énergétique serait bien supérieure !
Si la charnière paraît un cran au-dessus de ce que propose Samsung, on note cependant que la pliure inhérente au format est plus marquée que chez le concurrent coréen. Alors que celle du Z Fold 4 disparaît totalement une fois les applications ouvertes, ici, on la perçoit même avec en navigation, notamment sur les pages avec du blanc. Cela ne choque pas à l’usage et la marque se fait rapidement oublier, mais elle met tout de même en avant la maîtrise de Samsung dans ce domaine.
Modules caméra à éprouver
Nous n’avons pas eu le temps de tester la partie photographique de ce Magic Vs. Et les terminaux qui sont passés entre nos mains n’étant pas des modèles finaux, on ne nous aurait pas laissé récupérer les images. On sait néanmoins que le groupe de modules caméra se compose d’un ultra grand-angle (équivalent 13 mm f/2.0 à capteur 50 Mpix), un module principal grand angle un peu resserré (éq. 27 mm f/1.9, 54 Mpix) et un petit téléobjectif qui fleure bon la récupération de formule optique de chez Huawei (un éq. 81 mm f/2.4).
Si on met la partition optique de côté et qu’on se concentre sur le module caméra principal, on constate que Honor a opté pour un capteur Sony IMX 800. Un composant que le chinois utilise déjà dans son Honor 70. Et qu’il devrait donc encore mieux maîtriser dans ce nouveau terminal.
On voit ici une envie d’Honor de monter en gamme, puisque ce capteur au format 1/1,49’’ est encore plus grand que le 50 Mpix du module caméra principal du Honor Magic 4 Pro (1/5,6’’). Comme Samsung, Honor a compris qu’il ne pouvait pas faire trop de concessions photographiques. Les clients des appareils pliants étant très technophiles et ne sont pas prêts à sacrifier l’équipement de capture d’image pour économiser quelques dizaines d’euros.
Honor, une marque geek et scientifique
Tandis que les présentations des constructeurs « établis » comme Apple, Samsung et consorts tendent à être de plus en plus édulcorée techniquement, celle de Honor a de quoi faire un choc. Certains des détails partagés par l’entreprise chinoise radient de technicité, notamment celles décrivant les gains de perception du signal par rapport à la concurrence. Ou encore ce graphique qui met en avant la capacité de la gestion circadienne de la luminosité du terminal. Laquelle conduit à une plus grande préservation de l’humidité rétinienne (exprimée en picogrammes/millilitre) qui évite le stress la sécheresse de l’œil – en anglais cela s’appelle le computer vision syndrome (CVS).
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Honor étant la seule marque à aller aussi loin dans ce genre de présentation – la marque se revendique « championne de la protection des yeux » – nous n’avions pas de point de comparaison. Mais cette approche technico-scientifique montre que l’identité de l’entreprise est toujours très marquée par ses ingénieurs. Le discours manque selon nous de pédagogie, surtout pour un public occidental – le CVS semble être un problème plus reconnu en Chine qu’ici. Mais il a au moins le mérite de se placer sur un plan scientifique et relatif à la santé. Vu la difficulté pour les différents terminaux à sortir du lot, Honor tient ici un avantage potentiel. Ou tout du moins d’un atout.
Et Honor ne joue pas uniquement sur cette carte « nerd » et pousse, comme d’autres, son écosystème logiciel, qu’il s’agisse de la liaison entre smartphone et PC (comme Huawei, Samsung, etc.) ou encore de certaines applications. Comme son logiciel de prise de note, son Magic Text qui fait de la reconnaissance de caractères, etc. Le hic étant que, tant du côté du stylet que des applications préinstallées en Europe, nous n’avons pas encore de visibilité.
Les incertitudes de la version Européenne
Officiellement lancé en Chine en différentes versions non seulement de couleur, de stockage et de RAM, mais aussi d’accessoires (stylet, coques de protection différentes pour une version « ultimate »), le Magic Vs n’arrivera sous nos tropiques qu’« au cours du premier semestre 2023 ». Une large plage de lancement à laquelle s’ajoutent trois incertitudes : les configurations, les prix et les équipements livrés et/ou disponibles en option.
Le marché européen étant plus fragmenté et divers que le marché chinois, il est impossible pour Honor d’adopter la même stratégie de masse que dans son fief. Mais sans avoir à regarder dans une boule de cristal, tout dépendra aussi de la concurrence : si Samsung commence à casser les prix de son Z Fold 4, Honor se retrouvera obligé de limiter la quantité de mémoire pour ne pas se retrouver plus cher que le ténor du marché. Si, en revanche, la demande est telle que Samsung peut maintenir les prix élevés, alors Honor pourrait avoir de la marge pour tenter des configurations plus musclées. Une chose est cependant sûre : le marché des pliants est haut de gamme, non mature et donc peu volumique. Honor ne peut donc pas se permettre de lancer de nombreuses configurations.
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Bonjour,
merci pour votre article. Petite coquille au début: “prisse en main”.
Bonjour,
merci pour votre attention et votre gentillesse. La coquille est corrigée.
Bonne fin de semaine à vous !
Pierre F.