L’année 2018 s’était achevée sur la présentation de la Freebox Delta. La box a continué de faire l’actualité en 2019, obligeant les concurrents à se positionner par rapport à ce produit novateur. Mais ce produit n’aura pas suffi à tirer totalement Free de ses difficultés.
Free fête ses 20 ans dans la douleur
Free n’a pas célébré ses vingt ans en grande pompe le 18 février 2019 comme il l’avait fait pour ses dix ans. La faute à des contre-performances commerciales. Il a perdu pour la première fois de son histoire beaucoup d’abonnés sur le mobile et le fixe, séduits par les tarifs alléchants de la concurrence.
La sortie de la luxueuse Freebox Delta finit tout de même par payer, malgré les retards de livraison des débuts. A la fin de l’année, l’opérateur commence à remonter la pente sur le fixe et réussit même à recruter davantage de nouveaux clients en FttH qu’Orange. Toutefois, la formule qui avait fait son succès, à savoir de l’innovation et des prix cassés, ne suffit plus. Free a engagé une montée en gamme résolue de ses offres. Quitte à tourner le dos à une partie de ses fidèles.
La couverture numérique du territoire s’accélère
Le guichet de cohésion numérique a été lancé au mois de mars. Il permet de toucher jusqu’à 150 euros d’aide pour rembourser l’achat d’un dispositif susceptible d’atteindre au moins 8 Mbit/s de débit dans les zones rurales. Il peut s’agir d’un équipement satellitaire ou THD Radio, ou encore d’une box 4G. Dans le même temps, les constellations géantes Starlink et OneWeb ont lancé leurs premiers satellites. Leur service de connexion à Internet devrait être disponible d’ici la fin de l’année 2020.
Cette année a aussi vu l’arrivée en masse des gros opérateurs privés nationaux dans les RIP, les réseaux d’initiative publique apportant la fibre optique dans les campagnes. Ils jurent vouloir commercialiser leurs offres dans toute la France. Toujours concernant la fibre, la fédération d’industriels Infranum indique que les objectifs du Plan France Très Haut Débit devraient être atteints grâce à l’accélération des déploiements. 80% des Français bénéficieront bien de la fibre optique d’ici 2022.
Toujours plus de débit
Du côté des innovations technologiques, on signalera la montée de débit en upload pour l’accès à l’Internet fixe. Amorcé par Bouygues Telecom avec 500 Mbit/s, il a ensuite été porté à 600 Mbit/s par Free. Concernant le réseau mobile, c’est SFR qui bat des records en lançant plusieurs agglomérations à 1 Gbit/s de débit descendant.
On notera aussi que l’eSIM progresse enfin en France avec l’arrivée de l’Apple Watch chez SFR et des iPhone compatibles chez Orange et Sosh. Enfin, Google a décidé de déployer le RCS via son application Messages. C’est un nouveau standard destiné à remplacer le SMS pour envoyer des messages texte. L’Américain a ainsi court-circuité les opérateurs français qui ne semblent toujours pas pressés d’y passer.
Les opérateurs cherchent leur salut hors des réseaux
Les FAI n’ont plus la main mise sur les contenus consommés par leurs abonnés via les box TV et le tripleplay. Les GAFAM ne cessent de gagner du terrain et de les contourner en proposant boîtiers multimédia et contenus en OTT. Dans le même temps, les prétentions des chaînes de télévision ont augmenté. Elles réclament la rétribution de services additionnels comme le replay, ce qui a donné lieu à plusieurs bras de fer dont une longue passe d’armes opposant les chaînes du groupe Altice à Free, puis à Orange.
L’urgence est donc à la diversification pour les opérateurs, d’autant qu’ils dépensent beaucoup d’argent dans les infrastructures. Renonçant à capitaliser sur leurs propres contenus, l’heure est à l’agrégation et à l’intégration de services comme Netflix dans leurs offres fixes et mobiles. Free, Orange et SFR ont aussi tous les trois lancé des services domotiques et de sécurité domestique. Les mêmes se sont essayés à l’enceinte vocale, intégrée à la box TV ou autonome comme le Djingo d’Orange et ont déployé leur propre assistant vocal. Sans contradiction, chacun des dispositifs embarque également Amazon qui triomphe auprès des opérateurs. Free va même jusqu’à embarquer Prime à son forfait Freebox Delta. Vont-ils aussi tous se lancer dans la banque ? Orange a sauté le pas il y a deux ans. Free semble vouloir lui aussi s’y risquer et s’est engagé dans le projet de monnaie virtuelle Libra de Facebook.
Le Wi-Fi 6 est officiellement lancé
Le mois de septembre 2019 aura été marqué par la standardisation du Wi-Fi 6. Le top départ d’une nouvelle génération de produits certifiés qui promettent un meilleur débit et une couverture renforcée pour un plus grand nombre d’appareils connectés, le tout en épargnant l’autonomie des appareils. Les premiers routeurs sortis un peu avant cette standardisation ont tenu leurs promesses dès nos premiers tests et une flopée de produits a été annoncée lors du salon de l’IFA.
Du côté des opérateurs français, seul SFR a sauté le pas pour le moment en lançant sa SFR Box 8 compatible dès le mois d’août. Orange s’est montré frileux en sortant au mois d’octobre un nouveau modem sans Wi-Fi 6 et embarquant peu d’innovations technologiques.
Adieu IPv4, bonjour les problèmes
Le 25 novembre 2019, le dernier bloc d’adresse IPv4 a été alloué par le registre européen RIPE NCC. L’épuisement des adresses IPv4 était attendu depuis de longues années. Mais même au pied du mur, l’écosystème n’est pas prêt à passer au protocole réseau IPv6. Ni les opérateurs, ni les hébergeurs ni les éditeurs ne s’y sont totalement convertis. Quant aux internautes, ils doivent accéder à du matériel, à un réseau et à un système d’exploitation compatibles pour l’utiliser. En attendant, les problèmes vont s’accumuler. Difficile, par exemple, pour un nouvel acteur, de se lancer sur le web. Cela conduit aussi les opérateurs à faire partager une même adresse IP par plusieurs centaines, voire milliers d’utilisateurs. Avec pour conséquences d’empêcher certains usages ou de rendre difficile l’identification des cybercriminels par les forces de l’ordre.
Le feuilleton de la 5G
L’année s’est terminée avec de multiples rebondissements concernant la 5G. D’abord concernant les fréquences. Le gouvernement a tardé à en dévoiler les conditions d’attribution et a choisi finalement d’imposer un prix plus élevé qu’attendu aux opérateurs. Résultat, le processus a pris du retard, repoussant le déploiement de la 5G au mois de juin. L’autre problème, c’est qu’Orange et SFR risquent d’obtenir plus de fréquences du fait de leurs capacités financières. C’est tout un marché qui pourrait être déstabilisé si Free et Bouygues Telecom n’étaient pas capables de suivre.
Enfin, dernière incertitude : le décret paru en toute fin d’année au Journal Officiel qui impose une demande d’autorisation préalable pour les antennes 5G. Bouygues Telecom et Free, qui sont clients de l’équipementier Huawei, craignent que cette disposition serve à écarter le géant chinois de notre territoire. Avec le risque de compliquer leur déploiement.
En attendant ce déploiement, d’autres pays ont déjà lancé précocement la 5G dans le monde avec une ampleur nationale comme pour la Corée du Sud ou de façon localisée comme aux Etats-Unis. Le nombre d’appareils compatibles s’étoffe lui aussi. En France, seul SFR a fait le choix de commercialiser trois d’entre eux (le Samsung Galaxy Note 10+, le Xiaomi Mi Mix3 et le Huawei Mate 20 X), avant même d’avoir ouvert son réseau. Une baisse du prix des smartphones 5G est maintenant attendue pour 2020 qui marquera véritablement les débuts de ce nouveau standard partout dans le monde.
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