Le Nighthawk AX8, de Netgear, n’est pas un routeur comme les autres. C’est le premier routeur Wi-Fi 802.11ax, ou Wi-Fi 6 pour les intimes, que nous testons à 01net.com. Par extension, le voilà porteur de toutes les belles promesses de cette nouvelle norme sans-fil, qui vante de meilleurs débits et une meilleure couverture pour plus d’appareils connectés en même temps.
Kylo Ren au design
Avec son design de navette Star Wars de classe Upsilon, le Nighthawk AX8 est bien visible mais reste malgré tout assez discret. Si tant est que ses ailes-antennes dépliables et sa forme gris-noir un peu inquiétante soit à votre goût. D’ailleurs, il faudra faire attention à ne pas endommager le petit câble qui passe au niveau des charnières des antennes. En étant précautionneux, tout devrait bien se passer.
A l’arrière du routeur, en lieu et place de moteurs à ions subluminique, on trouve une belle brochette de connecteurs. On compte ainsi six ports Ethernet Gigabit, un pour la connexion entrante et cinq autres pour votre réseau local. Les ports 4 et 5 vont vous étonner, il est en effet possible d’agréger leur débit pour atteindre 2 Gbit/s en théorie. Sur leur gauche, deux ports USB-A se tiennent en embuscade, prêts à recevoir une clé USB 3.0 ou un disque dur externe.
Petit détail bienvenu, pour éviter d’être ébloui par les LED et témoins lumineux, notamment si le routeur est installé dans votre chambre, vous pouvez les éteindre à l’aide d’un interrupteur tout à gauche de la face arrière.
Enfin, sur le capot supérieur, deux boutons : l’un pour se connecter au réseau Wi-Fi grâce à la technologie WPS et l’autre pour couper facilement le réseau sans-fil, au moment de se coucher, par exemple.
Wi-Fi, la part des promesses…
Le Nighthawk AX8 (RAX80) est donc compatible avec la norme Wi-Fi 6 et il est capable d’émettre 8 flux pour des débits cumulés pouvant atteindre en théorie les 6 Gbit/s. Un sommet de vitesse qui se décompose comme suit : 1,2 Gbit/s maximum sur la fréquence 2,4 GHz et 4,8 Gbit/s en 5 GHz. L’AX8 est bi-bande – si vous voulez trois bandes de fréquences et des débits théoriques allant jusqu’à 10,8 Gbit/s, il faudra notamment vous tourner vers son grand frère, le Nighthawk AX12.
Côté configuration matérielle pure, Netgear lui a donné du répondant. Il embarque un processeur quad-core à 1,8 GHz, assisté d’un coprocesseur dédié (quad-core également) pour le traitement du trafic multi-gigabit. Ces deux puces sont accompagnées de 512 Mo de mémoire vive et d’un petit stockage de 25 Mo. Pas besoin de plus.
Comme tous les routeurs 802.11ax, il bénéficie également de la technologie OFDMA, également utilisée pour la 4G. Elle permet le multiplexage d’accès, autrement dit la division d’un canal de fréquences en sous-canaux. Chaque appareil connecté au réseau se voit allouer une fréquence spécifique, avec une largeur de canal qui peut atteindre 160 MHz et un « blanc » entre chaque fréquence pour éviter les perturbations. Le routeur peut ainsi émettre simultanément vers plusieurs appareils. Le bénéfice principal est double. D’une part, le temps de latence dans les communications entre le routeur et les différents périphériques connectés est réduit. D’autre part, il est possible de connecter et gérer plus de smartphones, PC portables et autres enceintes intelligentes sur un même réseau. Quatre fois plus que qu’avec du 802.11ac 2×2, pour être exact, c’est en tout cas la promesse officielle.
Par ailleurs, l’OFDMA ne fait que renforcer le potentiel du MU-MIMO (4×4, autrement dit quatre antennes pour quatre streams de données concomitants, multipliés par deux bandes de fréquences, soit huit canaux), une technologie introduite avec le Wi-Fi 802.11ac/5, également présente dans l’AX8. Elle permet à un routeur Wi-Fi de communiquer avec plusieurs appareils sans fil de manière simultanée. Les files d’attente des communication en sont donc réduites.
L’effet cumulé de ces deux technologies améliore également, en théorie, la force du signal et conséquemment sa portée.
Enfin, le Nighthawk AX8 recourt à la technologie de beamforming adaptée à la sauce maison. Schématiquement, dans la norme 802.11ac, le beamforming permet à un routeur d’émettre plus précisément dans la direction du client, ce qui participe en théorie à une meilleure couverture, à la réduction des zones « blanches » et des interférences ainsi qu’à une meilleure stabilité de la connexion. La petite touche Netgear, qui lui vaut l’appellation de Beamforming+, ajoute une amélioration de la portée et des performances principalement pour les appareils connectés au travers de la bande de fréquences 5 GHz. Une bande plus robuste et qui assure habituellement de meilleurs débits mais sur une moindre portée que les fréquences 2,4 GHz.
… la part du réel
Autant d’éléments techniques sur le papier qui laissent présager un grand moment de bonheur. Avant d’y arriver, on passera par une phase de configuration très simple, soit en utilisant un navigateur Web sur un PC/Mac (routerlogin.net), soit en adoptant l’application Nighthawk (Android et iOS), dédiée à toute cette famille de routeurs de Netgear.
L’interface de l’appli est claire et très simple à prendre en main. Elle propose l’essentiel de ce dont vous aurez besoin au quotidien : gestion des périphériques, test de débit intégré, paramètres du Wi-Fi (SSID, mot de passe, réseau invité, activation du mode Smart Connect, qui unifie les deux bandes de fréquences et vous connecte à la meilleure automatiquement, etc.).
Néanmoins pour les plus geeks, nous vous recommandons d’aller faire un tour dans l’interface Web de configuration. Elle est plus détaillée à défaut d’être aussi séduisante. Certaines fonctions avancées ne sont disponibles que par ce biais. Par défaut, l’interface Web du routeur se décline en Basique et Avancée. On vous conseille la seconde même si, dans un monde merveilleux, on aurait aimé une troisième option en entre deux pour s’épargner la présence de certains réglages vraiment trop ésotériques.
Par ailleurs, dans un monde parfait, Netgear intégrerait DumaOS et son interface dynamique à toutes ses familles de routeurs, nous évitant l’impression un peu désagréable d’avoir réalisé un petit voyage dans le temps ergonomique (et encore ce n’est pas la pire des interfaces Web que peut servir Netgear).
Quoi qu’il en soit c’est donc là que vous trouvez les fonctions réseau avancées. Vous pourrez assez traditionnellement assurer le mappage de ports entre votre LAN et Internet (pratique si vous utilisez un NAS), attribuer des adresses IP systématiquement à un pool de machines (pratique si vous utilisez un NAS, encore) ou filtrer l’accès des différentes machines connectées (pratique si vous une utilisez un NAS, encore que non, pas forcément).
Vous pourrez également affiner les réglages du réseau Wi-Fi invité. Il sera ainsi possible de bloquer l’accès à votre réseau local aux machines qui s’y connectent. Vos invités pourront ainsi surfer sur le Web, donc, mais pas accéder à votre NAS (pratique si… vous avez compris). On regrette simplement qu’il ne soit pas possible de paramétrer l’extinction automatique de ce réseau ou de s’assurer qu’il ne consomme pas trop de la bande passante globale.
Enfin, pour ceux qui sont le mieux équipés, vous pourrez activer et configurer l’agrégation de ports Ethernet depuis cette interface Web. A vous ensuite les débits Gigabit doublés.
On trouve également d’autres fonctions plus exotiques, en tout cas propres à l’offre Netgear. On pense notamment aux fonctions ReadyShare. Deux options sont disponibles, Storage, qui permet de partager un disque USB sur le réseau local et Vault, qui est un pendant pour Windows du Time Machine, d’Apple. Vous connectez un espace de stockage USB au réseau local, puis grâce à un logiciel installé sur chaque PC connecté, vous pouvez sauvegarder ces machines via le réseau local. Voilà qui est plutôt bien pensé.
Wi-Fi 5 vs Wi-Fi 6, un petit aperçu
Quoi qu’il en soit, en l’espace de quelques minutes, votre réseau Wi-Fi est opérationnel. A vous la belle vie ! A vous les débits de rêve ! Ceux qui permettront à votre connexion fibre de donner sa pleine mesure. De fait, la première chose à laquelle on s’attelle, c’est évidemment de lancer des mesures de débits.
Comme d’habitude nous les avons réalisées dans un environnement presque hostile. Un appartement tout en longueur, strié de murs porteurs épais, de cloisons de briques, de couloirs et entouré d’une multitude de réseaux Wi-Fi tiers qui sont autant de perturbations potentielles.
Nous avons d’abord testé les débits du Nighthawk AX8 avec nos machines habituelles, un MacBook Pro et un iPhone XS Max, tous deux compatibles avec la norme Wi-Fi 5. Puis nous avons utilisé un Galaxy S10e, de Samsung, compatible avec la nouvelle norme Wi-Fi. Nous avons également recouru à un PC portable Dell Latitude, équipé d’un module Wi-Fi 6, afin de pouvoir profiter des meilleurs débits possibles.
A chaque fois, les débits enregistrés avec les périphériques compatibles avec la nouvelle norme se sont montrés très supérieurs à ceux des machines qu’on leur opposait. Le même ratio de domination s’observant pour les PC et les smartphones, nous avons décidé de nous concentrer sur les deux PC portables.
Pour commencer, reportons-nous rapidement aux résultats obtenus pour le transfert de fichiers avec les machines compatibles Wi-Fi 5 et Wi-Fi 6. Gardons toutefois en tête que les machines utilisées n’étant pas identiques, ces chiffres sont là davantage pour donner une idée de l’apport du Wi-Fi 6 que pour une comparaison d’égal à égal.
De manière assez simple, on constate qu’à « bout portant », entre 0 et 5 mètres, le PC compatible Wi-Fi 6 domine son concurrent, aussi bien pour le transfert d’un gros fichier que de petits fichiers. On observe également qu’en prenant de la distance, la machine compatible avec le 802.11ax ne perd quasiment pas de vitesse de connexion quand on s’éloigne à 10m, pour le gros fichier tout au moins. Tandis que le PC portable Wi-Fi 5 voit sa bande passante presque divisée par deux.
La différence la plus flagrante, se fait évidemment à 15m. Alors que les débits de la machine 802.11ac chutent durement, à tout juste 30,15 Mbit/s, le PC Wi-Fi 6 arrive à maintenir plus de 275 Mbit/s.
La première conclusion est évidente. Assez logiquement pour tirer le meilleur parti d’un routeur Wi-Fi 6, il faut utiliser un matériel compatible. Mais il ne faut pas négliger un point d’importance. En règle générale, dans notre environnement de test, les routeurs « non maillés » bi-bandes n’offrent pas une couverture qui permettent à notre machine Wi-Fi 5 d’avoir des débits de cet acabit à 15 m. Il est même parfois impossible d’obtenir une connexion stable. C’est bien la preuve que les routeurs Wi-Fi 6 peuvent apporter leurs bénéfices (certains d’entre eux au moins) aux appareils plus anciens.
Le Wi-Fi 6 tire la couverture à lui
Néanmoins, pour confirmer et illustrer ces performances en couverture, nous avons réalisé une petite série de heatmaps Wi-Fi avec l’outil dédié, Ekahau HeatMapper. Avant d’entrer davantage dans le détail, vous constaterez qu’on ne vous a pas menti. L’appartement (plan présenté plus haut et visible sous chaque heatmap) est bel et bien tout en longueur avec de nombreux murs porteurs. Il est surtout – et on le voit bien sur le pourtour de ces cartes – entouré de toute part de réseaux Wi-Fi voisins qui sont autant de perturbations possibles.
Quoi qu’il en soit, la première heatmap (ci-dessous) compare la couverture du réseau Wi-Fi émis en 2,4 et 5 GHz par le Nighthawk AX8 – faites glisser la petite réglette pour les voir. On constate ainsi clairement que le réseau 5 GHz offre une couverture plus étroite bien que déjà impressionnante alors que le réseau 2,4 GHz assure une meilleure portée au réseau (avec des débits qui seront moindre).
La seconde heatmap est destinée à mettre en perspective cette couverture offerte par le Nighthawk AX8 avec le roi en la matière, le Orbi RBK50, excellent routeur maillé. En l’occurrence, la première image, ou tout est vert (ou presque), correspond à la couverture assurée par un routeur et un satellite Orbi (RBR et RBS 50) qui travaillent de concert. L’image comparée (que vous pouvez afficher en faisant glisser la réglette) est celle de la portée du réseau assurée par le seul routeur Orbi 50 – elle comporte un petit bug de rendu de la couverture du réseau matérialisé par une zone blanche inopportune à gauche.
En comparant ces images avec celle obtenue avec le Nighthawk AX8, on constate que le routeur Wi-Fi 6 de Netgear dirige davantage son émission et assure une meilleure portée que l’Orbi RBR50 seul. Evidemment, quand on active le satellite, la bataille est perdue pour le Nighthawk, mais il ne démérite pas pour autant. Cela prouve en tout cas que la promesse d’une meilleure couverture avec le Wi-Fi 6 est tenue par le Nighthawk AX8.
L’heure du Wi-Fi gigabit a sonné
Pour finir et prendre la pleine mesure des performances optimales du routeur, nous avons également recouru à l’outil iperf3. Installé en tant que serveur sur un ordinateur équipé d’un module Ethernet 2,5 Gbit/s et interrogé par un client installé sur le PC portable Dell, nous avons mesuré des débits descendants et montants frôlant le gigabit par seconde, comme vous pouvez le voir dans le graphique ci-dessous.
Ces vitesses de transferts sont évidemment atteintes à proximité du routeur et elles vont logiquement décroître quand on s’en éloigne. Si à 15 mètres les débits assurés sont inférieurs à 200 Mbit/s (ce qui est déjà très confortable), il est important de souligner une fois encore qu’il est rare qu’un routeur unique – non maillé – offre une telle couverture dans le contexte de notre environnement de test. C’est désormais clair, le Netgear Nighthawk AX8 met le futur du Wi-FI à votre portée…
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