À chaque jour son plan social. Après avoir acquis Twitter, Elon Musk a été le premier à lancer les hostilités avec un plan de licenciement de la moitié des effectifs du réseau social. Début novembre, ce sont donc 3 700 employés qui ont été évincés du groupe dans un contexte macroéconomique compliqué, marqué par le ralentissement de la publicité numérique.
Dans la foulée de cette annonce, la plupart des GAFAM ont pris des mesures similaires avec des suppressions de postes massives. Meta (Facebook, Instagram, WhatsApp) a enchainé la semaine suivante en se séparant de 13 % de ses effectifs. Microsoft, Amazon ou Google ont emboité le pas au début de l’année 2023 pour annoncer des plans de licenciements de dizaines de milliers de salariés. Pour l’heure, le seul GAFAM à y échapper est Apple avec ses 160 000 employés.
1) Amazon : 18 000 personnes remerciées
C’est la première fois que le géant du e-commerce américain prend une telle mesure. Après avoir communiqué sur une première vague de licenciements en novembre dernier, Amazon a finalement lâché un chiffre en janvier : 18 000 personnes devront quitter leur poste.
C’est le plan le plus important de tous ceux qui nous citons ici, même si cela ne représente « que » 1 % des employés du groupe. Il faut dire que la firme a vu ses effectifs croitre de manière (trop ?) exponentielle sur les deux dernières années : entre fin 2019 et fin 2021, ils ont doublé, passant de 800 000 à 1,6 million d’employés. À noter que le plan de licenciement concerne également les équipes basées en Europe.
2) Google supprime 12 000 postes
Le 20 janvier, Google a annoncé devoir tailler à son tour dans ses effectifs. Le moteur de recherche s’apprête à licencier 12 000 salariés dans le monde, soit environ 6 % de ses effectifs.
C’est le PDG de la maison-mère Alphabet, Sundar Pichai, qui l’a indiqué dans un e-mail envoyé à ses équipes. Le patron a évoqué « l’un des jours les plus durs » de l’histoire du groupe qui fêtera bientôt ses vingt-cinq ans, et qui n’a encore jamais pris une telle mesure. Les coupes s’appliqueront à « tout Alphabet, tous les produits, fonctions, niveaux et géographies ».
Depuis la guerre en Ukraine et le ralentissement macroéconomique mondial, les annonceurs réduisent leurs dépenses publicitaires. Google, qui tire 80 % de ses revenus de la publicité en ligne, est logiquement une victime de cette situation. À titre d’exemple, les revenus publicitaires générés par YouTube ont baissé de 2 % au troisième trimestre, une première. Son résultat net a aussi baissé d’un quart.
3) Meta licencie 13 % de son staff
2022 aura été l’annus horibilis pour la maison-mère de Facebook. Le titre a perdu les deux tiers de sa valeur en raison de choix stratégiques discutables (le pivot vers le métavers a déjà coûté 36 milliards de dollars, ndlr) et d’un environnement économique défavorable. Une semaine après Twitter, c’est donc Meta qui a annoncé un plan de départ massif concernant 11 000 personnes. Toutes les équipes sont concernées, y compris les effectifs français.
Sans rentrer dans le détail des postes supprimés, Meta explique que ces licenciements auront lieu dans les équipes produit (Facebook, Messenger et Instagram), dans les labos de réalité virtuelle (ex Oculus) et dans les fonctions commerciales. Après avoir compté jusqu’à 87 000 employés, la firme a annoncé que les embauches seront gelées au moins jusqu’au printemps 2023.
4) Microsoft se sépare de 10 000 personnes
En janvier, Microsoft a lui aussi effectué un tour de vis. Le PDG de la société, Satya Nadella, a publié une note dans laquelle il s’inquiète d’une éventuelle récession mondiale. « Nous voyons des organisations dans toutes les industries et toutes les zones géographiques faire preuve de prudence, car certaines parties du monde sont en récession et d’autres en anticipent une » avec une probabilité qui se situe 50 et 60 % pour les États-Unis.
Alors que la firme est sur le point d’investir 10 milliards de dollars dans OpenAI, l’éditeur de ChatGPT, la nouvelle passe mal. Les 10 000 personnes concernées par ce plan de licenciement seront parties d’ici fin mars. Là aussi, cette cure minceur touche tous les bureaux de Microsoft à travers le monde. Entre juillet et octobre de l’année dernière, la société américaine avait déjà remercié quelques milliers de salariés.
5) 8 000 salariés en moins chez Salesforce
Salesforce a été l’un des premiers à communiquer début 2023 sur le serrage de ceinture. Par le biais de son dirigeant, Marc Benioff, le spécialiste des logiciels de gestion a fait savoir qu’il allait se séparer de 10 % de ses effectifs, soit 8 000 personnes. Ce dernier regrette avoir recruté trop vite pendant la pandémie, pensant que la croissance des revenus se maintiendrait dans la durée. Un plan de restructuration de grande ampleur devrait également entrainer des fermetures de bureaux à travers le monde.
Un secteur qui vacille
Si les GAFAM sont les dernières en date à avoir annoncé leur projet de réduction des effectifs, le secteur enchaine les mauvaises nouvelles depuis un an. Snap, Netflix ou Shopify sont tous déjà passés par là. Après deux années d’euphorie pour ces pure-players du numérique, le retour à la réalité fait mal.
Derrière Amazon, Google, Meta, Microsoft et Salesforce, les sociétés Cisco, Philips, Twitter, Better.com et Peloton complètent la liste des 10 plus gros plans de licenciements dans la tech en 2022/2023.
Victimes collatérales du ralentissement économique, de la remontée des taux et des scandales à répétition, les acteurs du monde des cryptomonnaies sont lourdement touchés. Kraken, Coinbase ou Crypto.com ont chacun supprimé plus de 1 000 poste sur les derniers mois. Robinhood, éditeur d’une application de trading qui a connu un engouement sans précédent lors de la crise du Covid, a, lui aussi, été contraint de licencier 23 % de ses effectifs.
Les entreprises françaises de l’écosystème tech ne sont pas épargnées, après deux années intenses durant la pandémie. Parmi les licornes tricolores, Back Market s’est séparée de 13 % de ses salariés, soit 93 personnes. Même son de cloche chez Sunday ou Meero, qui doivent sévèrement limiter les frais dans un contexte qui leur est peu favorable.
Alors que l’écosystème connait un fort ralentissement de la demande et que le risque de récession est plus réel que jamais, cette vague de licenciements va-t-elle se transformer en tsunami ?
Les 10 plus gros licenciements dans la tech en 2022/2023 :
- Amazon (18 000 postes)
- Google (12 000 postes)
- Meta (11 000 postes)
- Microsoft (10 000 postes)
- Salesforce (10 000 postes)
- Cisco (4 100 postes)
- Philips (4 000 postes)
- Twitter (3 700 postes)
- Better.com (3 000 postes)
- Peloton (2 800 postes)
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