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La tactique d’Adobe pour vous convaincre d’utiliser Firefly, son IA générative

Si vous êtes attaqués en justice, nous prenons en charge vos frais juridiques : voici ce que propose Adobe aux entreprises qui utiliseront Firefly, son outil d’IA générative d’images et d’effets textuels. L’objectif est de faire disparaître les réticences des entreprises, en promettant une « IA sûre, éthique et responsable ».

Comment inciter les entreprises à utiliser un outil d’IA générative ? En leur promettant de rembourser leurs frais de justice s’ils sont attaqués pour violation du droit d’auteur. C’est ce que vient de proposer Adobe, en lançant son IA générative d’images et d’effets textuels, Firefly, à destination des professionnels, jeudi 8 juin. Depuis l’avènement de ChatGPT et la multiplication des outils d’IA générative qui permettent de générer du texte, du code informatique ou des images, les entreprises du secteur sont confrontées à une certaine réticence des clients potentiels.

La cause : le flou juridique qui entoure le datamining, le fait pour les outils d’intelligence artificielle de collecter des données disponibles en ligne à des fins d’entraînements, qu’elles soient ou non protégées par le droit d’auteur ou par d’autres textes. De même, la question des droits attachés à ce qu’a généré l’IA n’est pas encore réglée sur le plan juridique. Conséquence pour les entreprises qui pourraient être intéressées par ce type d’outils : passer par des IA génératives présente, pour l’instant, des risques juridiques. D’autant que des actions en justice sont en cours, qui visent pour l’instant les sociétés développant ces systèmes d’IA. Mais elles pourraient aussi concerner celles qui achètent les « œuvres » générées par l’IA.

« Une indemnisation complète pour le contenu créé » proposée

Des ayant-droits ou des plateformes de photographies comme Getty Images, une plateforme de photographies, ont porté plainte en février dernier contre Stable Diffusion. Son système d’IA aurait collecté sans autorisation ses photographies, protégées par le droit d’auteur, estimait la plateforme. En janvier, c’était la même société qui était attaquée cette fois par trois artistes, avec deux autres entreprises du secteur, Midjourney et DeviantArt, aussi pour une collecte à des fins d’entraînements qui n’a pas été autorisée. Ces actions en cours ont pu refroidir les entreprises d’avoir recours – du moins massivement – à ce type d’outils. Beaucoup attendent de voir comment les choses évoluent.

Pour changer la donne et rassurer les professionnels, Adobe a eu l’idée de proposer « une indemnisation complète pour le contenu créé grâce à ces fonctionnalités », a déclaré Claude Alexandre, vice-président des médias numériques d’Adobe lors de son événement Adobe Summit, dont les propos sont rapportés par Fast Company, jeudi 8 juin. L’objectif est « de prouver que nous soutenons la sécurité commerciale et la préparation de ces fonctionnalités », a-t-il ajouté.

Toutes les données collectées seraient « entièrement légales »

Si la société fait une telle offre, c’est qu’elle s’est assurée que toutes les données que Firefly a collectées pour s’entraîner sont « entièrement légales ». Il n’y aurait donc pas eu de collecte sauvage sur le Net, toutes les données proviendraient principalement de ses propres bibliothèques d’images, estime Andres Guadamuz, chercheur en droit de la propriété intellectuelle à l’université du Sussex interviewé par nos confrères. S’ils font ce type de déclaration, c’est « qu’ils doivent avoir de très fortes assurances de la part de leur équipe juridique qu’ils ne risquent rien. Je ne peux pas imaginer qu’ils feraient cela s’ils avaient le moindre doute sur le fait qu’ils seraient poursuivis en justice », analyse-t-il.

Claude Alexandre, pour sa part, espère que l’indemnisation proposée donnera confiance aux entreprises dans le déploiement d’outils d’IA générative, dans l’ensemble de leurs activités.  « Lorsque nous comparons (les images générées par Firefly, ndlr) à des images de stock, elles sont d’aussi bonne qualité, voire meilleures, en termes de conformité sur le terrain et de vérifications de la propriété intellectuelle. Nous sommes persuadés que c’est totalement et complètement sûr sur le plan commercial », a argué le vice-président des médias numériques chez la suite Adobe Creative Cloud. « Je veux dire que le risque n’est jamais nul, c’est pourquoi nous offrons une indemnisation », a-t-il ajouté.

Reste à savoir comment seront payés les créateurs d’images utilisées par Firefly pour en générer d’autres. La société indique seulement, dans une FAQ de son site web, « développer un modèle de rémunération pour les contributeurs d’Adobe Stock. Nous partagerons les détails de ce modèle lorsque Firefly sortira de la version bêta ». Répondant à une question à ce sujet, Claude Alexandre a déclaré : « Autant nous voulons que le contenu soit sûr pour les entreprises et les clients, autant nous voulons qu’il soit éthique et responsable en ce qui concerne la manière dont nous traitons les créateurs de l’autre côté ». Gage que ce modèle de rémunération, qui vise à financer les auteurs ayant « nourri l’IA » sera particulièrement scruté, une fois qu’il sera publié.

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Source : Fast Company


Stéphanie Bascou
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