LaLiga, la ligue espagnole de football, a-t-elle le droit de se faire justice elle-même ? En février dernier, celle-ci a obtenu une ordonnance judiciaire lui permettant potentiellement de poursuivre les utilisateurs d’IPTV pirates. Face aux interrogations suscitées par une telle décision, le tribunal supérieur de justice de Catalogne avait précisé que seuls les administrateurs de ces serveurs de diffusions seraient ciblés, et non pas les simples spectateurs.
Mais LaLiga, qui a visiblement obtenu les adresses IP de certains utilisateurs d’IPTV pirates, ne l’entend pas de cette oreille. Ses avocats ont en effet envoyé aux domiciles des utilisateurs concernés, une lettre d’intimidation dans laquelle ceux-ci sont invités à régler la somme de 450 euros afin d’éviter des poursuites.
Une lettre de “conciliation” qui pose question
C’est l’avocat espagnol David Maeztu qui, au début du mois de juin, a révélé l’existence de ces lettres de « conciliation » envoyées aux utilisateurs d’IPTV par la LaLiga. Les avocats de la ligue de foot espagnole y indiquent que l’adresse IP de l’utilisateur a été identifiée comme ayant accédé à une plate-forme pirate à ses contenus audiovisuels « au moins lors de la journée 32 de LALIGA EA SPORTS et de la journée 36 de LALIGA HYPERMOTION, qui ont eu lieu entre le 19 et le 22 avril 2024 ». Ils invitent par ailleurs l’utilisateur attrapé à cesser « immédiatement le comportement indiqué » et l’enjoignent à s’engager à « restreindre l’accès par son réseau aux adresses IP, domaines et pages web permettant l’accès illégal aux contenus mentionnés » et à accepter « de payer à LaLiga 450,16 euros à titre de compensation pour les dommages et préjudices causés par sa conduite » pour que l’affaire soit résolue.
De momento, como digo, es una conciliación previa, lo que hace que en este caso la LFP no tenga que poner mucho mas para justificar su pretensión de 450 euros por jornada de liga. Y aunque aquí parezca que se han redifundido partidos desde esa IP no es lo que pone antes. pic.twitter.com/xQvNPrwFm1
— David Maeztu (@davidmaeztu) June 7, 2024
LaLiga demande ainsi une compensation pour des actes qui auraient eu lieu au mois d’avril. Comme le rappel TorrentFreak, la ligue de football espagnole a obtenu son ordonnance judiciaire plus de deux mois auparavant. Cela suggère que celle-ci ne disposait d’aucune preuve concernant ces supposées violations, et que ces supposées violations n’avaient même pas encore eu lieu.
Surtout, comment LaLiga a-t-elle fait pour identifier les utilisateurs à partir de leur seule adresse IP, alors que seuls les fournisseurs d’accès à Internet sont en principe en mesure de le faire, après demande de la justice.
Pour TorrentFreak « il semble raisonnable de supposer que LaLiga a fourni aux FAI les adresses IP des serveurs de partage, ainsi que des informations supplémentaires telles que les ports, et que les FAI enregistrent (ou récupèrent de leurs journaux) les adresses IP qui accèdent à ces serveurs ». Après avoir identifié les abonnés concernés, les FAI espagnols auraient ensuite fourni à LaLiga, les données personnelles des utilisateurs et les « preuves » de leurs méfaits.
Así que parece que las amenazas que se están materializando. veremos, pero es muy preocupante que mediante un auto de febrero se están monitorizando comunicaciones en abril, esto no tiene sentido y sería bueno que se explique como es posible por las operadoras
— David Maeztu (@davidmaeztu) June 7, 2024
David Maeztu s’inquiète sur le fait que « grâce à un arrêté datant de février, les communications soient surveillées en avril » et suggère aux opérateurs d’expliquer « comment cela est possible ».
En mai dernier, LaLiga avait obtenu de la justice française, la possibilité de demander à l’Arcom le blocage des services illégaux d’IPTV diffusant ses matchs, une première en France pour une organisation étrangère.
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Source : TorrentFreak