Google contre-attaque : puisque la Commission Européenne lui a infligé une sacré amende – 4,3 milliards quand même – en juillet dernier le géant de la pub et de la recherche s’attaque, à son tour, au portefeuille. Reconnu coupable d’avoir forcé les constructeurs d’appareils Android à installer Chrome et Search sur leurs appareils vendus en UE, Google a déclaré dès la confirmation du verdict qu’il y avait un problème de « business model » si on lui demandait de retirer les deux apps. Deux logiciels clés pour le géant du web car elles sont pour lui le moyen de collecter de grandes quantités de données – et la data, c’est un peu le pétrole du XXIe siècle.
Sur son blog officiel, Google, par la voix du chef d’Android, Hiroshi Lockheimer, a expliqué que « la préinstallation de Google Search et Chrome avec nos autres applications nous a aidé à financer le développement et la distribution gratuite d’Android ». Et puisque cela pourrait s’arrêter, « nous allons introduire des droits de licence pour les téléphones et tablettes vendues (dans la zone européenne) ».
Côté Android pur, rien ne change puisque l’essentiel du code est open-source. Mais si Android reste gratuit, il y aura désormais des frais supplémentaires de licence sur les apps dès lors que le Chrome et Search ne seraient pas préinstallés.
Trois scénarios s’ouvrent donc aux fabricants (ou revendeurs) de smartphones Android dans la zone commerciale européenne :
- Vendre des terminaux Android sans aucune application Google : aucun frais de licence
- Vendre des terminaux Android avec toutes les applications Google dont Chrome et Search : aucun frais de licence
- Vendre des terminaux Android avec certains applications Google (Play Store, Maps, etc.) mais sans Chrome ni Search : applications de frais de licence
Des frais qui seront mis en place dès le 29 octobre 2018 (oui, dans deux semaines à peine) et dont on ignore encore la valeur : un pourcentage du prix du terminal ? Un tarif fixe ? Des coûts qui varient avec le nombre d’applications ? Ce que l’on sait, c’est que pendant que cette taxe sera mise en place, Google continuera sa bataille judiciaire : si l’entreprise a bel et bien été condamnée en juillet dernier, elle n’a rien payé pour l’heure puisqu’elle s’est pourvue en appel. La taxe résonne donc comme un moyen de pression sur la procédure en cours.
Plus de diversité logicielle dans l’UE ?
Allez-vous payer votre terminal Android plus cher dans deux semaines ? Sans doute pas : pour l’heure, aucun constructeur n’a annoncé proposer de terminal dépourvu de Chrome ni Search. Et il est assez vraisemblable que la majorité du public préfère, dans un premier temps, des appareils « 100% Google ». Mais si Google change les règles d’utilisation de ses apps en faisant payer – en données ou en argent – c’est qu’il s’est vu obligé d’assouplir ses règles d’utilisation d’Android. Et c’est de cette souplesse d’utilisation – ou non – des apps Google que pourrait naître des appareils différents, certains plus chers, d’autres pas.
Jusqu’ici, un constructeur « Android Partner » se devait non seulement d’installer tous les logiciels – notamment Chrome et Search – mais en plus il n’avait pas le droit de proposer des terminaux Android dépourvus des apps Google. Désormais, les constructeurs partenaires vont pouvoir continuer de proposer des appareils Android « normaux » et ajouter à leur gamme des logiciels concurrents.
Certains constructeurs pourraient ainsi proposer des terminaux « 100% sans Google », ou simplement des appareils « où vous ne payez pas avec vos données » par exemple. Cela uniquement en Europe, seule région du monde où Google a été condamné à séparer ses offres logicielles.
Contrairement à ce qu’affirmait Sundar Pichai dans son post à la suite de la condamnation de Google en juillet, Android n’a pas créé plus de choix – après tout Windows Mobile, Web OS et Symbian sont morts et il ne reste plus qu’Android et iOS. Mais la décision de la Commission européenne, elle, pourrait bien en créer.
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