« La pire conférence », « quand il faut 30 minutes à OpenAI, Google prend 2 heures et on ne comprend rien »… Voici un court extrait des multiples commentaires qui ont suivi la conférence annuelle dédiée aux développeurs, la Google I/O 2024. Et ce malgré des annonces de poids : un abonnement pour profiter de Gemini 1.5 Pro intégré à Google One, la mort de Google Assistant au profit de Gemini, sans oublier le déploiement aux États-Unis de la recherche par IA dans Google Search.
Malgré ces efforts, la conférence a été bien vité jugée comme un semi-échec par de nombreux journalistes. Citons par exemple 9to5Google qui titre « Google s’efforce trop de prouver qu’il est doué pour l’IA au lieu de se contenter de la mettre en œuvre ». Alors pourquoi les réactions ont été aussi véhémentes ?
Trop de noms de produits
Gemini 1.5 Flash, Gemini 1.5 Pro, Gemini Nano, Gemma, VideoFX, ImageFX, MusicLM, LearnLM, Project Astra… Google est souvent raillé pour sa tendance à multiplier les noms de produits (et à finir par en tuer la moitié). Et on ne peut pas dire que la Google I/O 2024 inversera la tendance.
Au fil des deux heures de la conférence, la firme de Mountain View a multiplié les noms de modèles. Une approche très intéressante qui permettra sans doute à terme de s’adapter à une dizaine d’usages différents, proposer plusieurs abonnements, diverses façons d’utiliser les ressources (calculer sur l’appareil ou utiliser le cloud), etc. Mais hier, en adoptant cette manière de communiquer, Google a surtout empêché Google de délivrer un message clair.
Rappelons à toutes fins utiles que la Google I/O est une conférence à destination des développeurs, ce qui peut en partie expliquer la complexité du propos. Mais la firme californienne conserve un gros problème d’appellation de ses produits. Cela est d’autant plus dommage que ces derniers mois, Google semblait sur la bonne voie en ayant choisi de renommer Bard en Gemini par exemple ou en préparant le terrain pour la suppression de Google Assistant au profit de Gemini. La stratégie consistant à tout nommer Gemini avait du bon, mais s’il y a trop de Gemini différents, le message risque d’être brouillé.
Les vraies annonces noyées dans la masse
En parlant de message brouillé justement, même les annonces importantes ont été brouillées dans la masse. Prenons par exemple AI Overviews, le nom donné à la recherche Google aidée par l’IA. Quand on connaît l’importance de Google Search en termes de revenus (plus de 50 % au premier trimestre 2024), cette modification aurait dû être davantage mise en avant. Et pourtant, AI Overviews donne l’impression d’être une annonce parmi d’autres, perdue au milieu d’un flot ininterrompu de nouveautés.
Il en va de même pour le projet Astra, la réponse du berger à la bergère adressée à GPT Vision, la fonctionnalité bluffante de GPT qui lui permet de réagir en direct à un flux vidéo. La différence d’impact sur les réseaux sociaux est stratosphérique. Après sa courte conférence de 30 minutes, OpenAI a envahi l’espace avec sa démonstration. À l’inverse, Astra, tout aussi bluffant et puissant en apparence, n’a pas autant imprimé.
Citons également les améliorations apportées à Google Photos ou encore le filtre anti-spam. Des bonnes idées, mais qui noyées dans le reste de la conférence n’arrivent pas à ressortir.
Pas d’effet waouh à cause du retard
Ce déficit d’image peut aussi être attribué à un autre facteur : Google est en retard. Une bonne partie des innovations présentées hier ont déjà leur équivalent chez Open AI. Lorsque Veo est présenté, c’est un concurrent de Sora pour générer des vidéos à partir d’un simple prompt. Astra, dont nous parlions plus haut, arrive un jour trop tard et apparaît comme une réponse à GPT Voice et GPT Vision. L’abonnement Gemini Advanced est vu comme un concurrent de GPT Plus.
En dehors des nouveautés portant sur le moteur de recherche, Google intervient donc toujours dans un second temps. À l’inverse, OpenAI surfe à fond sur sa capacité à capter l’imagination du grand public. Lorsque ChatGPT apparaît, tout le monde s’en empare. Lorsque Sora est présenté, tous les observateurs constatent le bond de géant accompli. Et le problème d’un tel effet, c’est qu’il fonctionne comme un tube de dentifrice. Une fois qu’il est sorti du tube, c’est terminé. Il ne peut y avoir de moment comme la présentation de Sora qu’une seule fois. Résultat, quand Google présente Veo, son concurrent direct, cela sonne comme du réchauffé.
Google est pourtant capable de produire ces technologies. Elles seront sans doute à terme très utiles. L’entreprise n’a, a priori, donc pas un problème de fond, mais bien de forme. Et le souci, c’est que ce reproche ne date pas d’hier.
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