Alienware (nous) en a (fait) rêver, Asus l’a fait : alors que Dell fut le seul constructeur PC ayant jamais présenté un prototype en lors CES de Las Vegas de 2020 (UFO Concept), c’est finalement le champion taïwanais qui accouche de la première console/PC commerciale appelée ROG Ally. Enfin, quand nous disons premier, il faut préciser « premier modèle d’une grande marque ». Outre le Steam Deck de Valve, il faut aussi rappeler que les marques chinoises GPD, Aya ou encore OneXPlayer ont beaucoup exploré le domaine ces trois dernières années.
Mais la toute nouvelle ROG Ally d’Asus a le potentiel de faire révéler ce format au grand public. Car contrairement à la distribution directe pour Valve et autre vente directe depuis des sites chinois, Asus est une entreprise réputée et distribuée dans le monde entier. Le tout sous sa gamme Republic of Gamers (ROG), véritable référence du gaming PC. Une marque et une machine qui offrent les garanties techniques et légales dont le grand public a besoin pour se sentir en sécurité à l’achat.
A l’occasion d’une présentation sous embargo à la presse, nous avons pu rapidement prendre en main des modèles de présérie. Pas des prototypes, mais bien des versions qui préfigurent du produit final. Et autant vous le dire tout de suite, à moins d’un accident technique, ce produit s’annonce très bon. Diablement bon même, tant est si bien qu’on est en droit de se demander si le Steam Deck n’a pas du souci à se faire. Car la ROG Ally a de gros atouts. Cinq très gros atouts.
1. Windows 11 : la compatibilité ultime
Contrairement à une Nintendo Switch complètement verrouillée ou un Steam OS assez restrictif, notamment en termes de compatibilité, Windows reste le king des OS gaming. Non pas en matière d’ergonomie – encore que cela pourrait changer –, mais bien en termes de compatibilité. Qu’il s’agisse de vieux titres, même les jeux DOS ou des émulateurs (oui, c’est mal), des freewares et autres jeux gratuits, tous les jeux possibles pourront profiter de cet OS.
Par sa polyvalence, Windows offre une garantie sur le passé, mais aussi sur le futur. Non seulement en gaming, avec l’assurance de pouvoir profiter de lanceurs futurs. Mais aussi de manière plus large. Sa capacité à intégrer le navigateur de votre choix vous permet, par exemple, de profiter de la musique même sur une plateforme audio plus marginale comme Qobuz (pourquoi pas ?). Vous avez besoin d’effectuer une tâche bureautique rapidement ? Votre console (PC) le permettra. Oui, Un Steam Deck bidouillé avec Windows a le même potentiel (merci la puce x86 !). Mais il faut mettre les mains dans le cambouis – comme pour faire tourner les jeux non disponibles sur Steam. Avec Windows, il devrait y avoir moins de manipulations. Et celles-ci devraient être plus triviales. Même si, avouons-le, l’ergonomie générale ne devrait pas être aussi léchée que celle d’une Switch.
Windows 11 active un atout fondamental de la ROG Ally : il prend en charge tous les catalogues de jeux. Qu’il s’agisse du jeu local, avec Steam, Epic Game Store, etc. Ou des services de cloud gaming, comme le xCloud ou PS Now. Asus est ici à contre-courant du business modèle de Nintendo : la console va être plus chère que la Switch (nous pourrons vous en parler dans quelques semaines !), mais les jeux sont potentiellement bien moins onéreux. Et surtout, vous avez sans nul doute déjà une ludothèque PC. Ou vous pouvez vous en constituer une à vils prix pendant les soldes… voire gratuitement toutes les semaines grâce à des services comme Epic Games.
Face à la horde de services disponibles sur PC, Asus proposera avec l’Ally une version améliorée de son logiciel de pilotage Armoury Crate. Dans sa version « SE », le programme qui permet aussi de gérer les composants de l’appareil disposera d’un onglet ludothèque qui concentrera, après un scan de votre PC, tous vos jeux.
2. Écran Full HD 120 Hz
Si les écrans des deux machines sont de dimensions similaires – une dalle de 7 pouces (17,8 cm de diagonale – la comparaison technique est (très) largement à l’avantage d’Asus. En lieu et place d’une simple définition de 1280×800 pixels comme le Steam Deck, Asus a préféré passer à la Full HD (1920×1080 points). Un atout majeur pour la lisibilité des textes dans de nombreux jeux, notamment ceux d’aventure. Toujours basé sur la technologie LCD, l’écran de la ROG Ally est, sur le papier, supérieur dans tous les autres points techniques : 120 Hz au lieu de 60 Hz, une luminosité maximale de 500 cd/m² contre 400 cd/m², une compatibilité AMD FreeSync, un temps de latence de gris à gris de 7 ms, une couverture sRGB de 100% et un taux de contrastes de 1000:1.
Comme la version haut de gamme du Steam Deck, la ROG Ally profite d’une protection d’écran. Mais signée Corning, le roi du verre pour smartphones – l’un des avantages d’Asus que de développer ses propres terminaux ! Pour avoir eu les deux appareils en main, le verdict est sans aucun doute en faveur de la ROG Ally. Qui n’a comme seul « défaut » de se contenter du 16/9e, ce qui renforce un peu l’épaisseur des bordures noires horizontales. Ce qui est sans doute causé par l’approvisionnement en composants : interrogés sur le choix de la technologie LCD et non de l’OLED pour sa machine, les équipes d’Asus France nous ont répondu « qu’il n’existe pas sur le marché de dalle OLED 120 Hz dans ce format ». Pas sûr non plus qu’on trouve beaucoup de dalles 7 pouces 120 Hz en 16/10e…
3. Plus légère, puissante et (potentiellement) endurante
Sans la qualifier de copie du Steam Deck et des autres consoles chinoises, la ROG Ally reprend peu ou prou la même recette. Tant du point de vue du format Switch/PS Vita, que de la conception électronique. Une conception qui intègre en son cœur, comme on s’en doutait, une puce tout-en-un AMD. AMD était le partenaire évident à plus d’un titre : c’est lui qui sait le mieux travailler avec ses partenaires (par contraste, Nvidia s’est fait évincer des Xbox, PlayStation et Macbook). Et des concepteurs de puces x86, c’est lui qui dispose de l’architecture GPU mobile la plus compatible et la plus efficace. Face à lui, Intel propose une architecture GPU Xe certes éprouvée, mais vieillissante et avec des drivers moins universels.
La puce aux commandes de la ROG Ally s’appelle AMD Ryzen Z1 Extreme. Une puce plus récente et bien plus moderne que celle qui équipe le Steam Deck. Alors que cette dernière est motorisée par une puce custom incluant 4 cœurs CPU Zen 2 et 8 cœurs GPU RDNA2 qui turbinent entre 4 et 15W, le Z1 Extreme est bien plus puissant. Gravée en 4 nm et à priori en partie basée sur les plans du Ryzen 7 7840U (génération Ryzen Mobile 7000), cette puce intègre 8 cœurs CPU Zen 4 (!) et 12 cœurs GPU RDNA 3 – une carte graphique intégrée connue sous le nom de Radeon 780M. Et elle peut développer jusqu’à 30W.
Ici, l’APU (le nom officiel de ces puces tout-en-un chez AMD) de la ROG Ally affiche une liste insolente d’améliorations par rapport à la puce du Steam Deck : elle a plus de cœurs, qui sont plus modernes (puissance totale théorique supérieure) et montent plus haut en fréquences et en TDP. De quoi lui donner bien plus de marge pour exécuter les jeux les plus gourmands à un plus haut niveau de détails. Or, selon les équipes d’Asus France avec lesquelles nous avons pu échanger, dans un scénario de pleine puissance, la ROG Ally devrait, calée à 30W, « offrir la même durée de vie de batterie que le Steam Deck ». Qui, elle, carbure au maximum à 15 W. Or, le TDP sera, comme sur la Steam Deck, paramétrable. Ainsi, bloqué à 10W pour des jeux indépendants peu gourmands comme Dead Cells ou Hades par exemple, la ROG Ally devrait théoriquement offrir un supplément d’endurance. Promesse technique indirecte que nous ne manquerons pas de vérifier.
4. Une marque installée dans le monde entier
Tous les commentateurs et testeurs s’accordent à reconnaître l’incroyable travail de Valve, qui a colmaté en un an un nombre de soucis logiciels incroyables. Mais l’expérience Steam Deck reste encore un peu soumise à des bidouillages et à de nombreuses incompatibilités, y compris avec des jeux Steam. A celà s’ajoute une faiblesse pour le (très) grand public : Valve n’existe pas. Ni magasin, ni ligne téléphonique ne vous relie à l’entreprise américaine qui ne distribue sa machine qu’au travers d’une vente directe via son client ou son site web.
Par contraste, Asus est une marque familière. Aussi bien connue pour ses composants PC, ses PC portables, ses accessoires gaming ou encore ses équipements réseaux et autres smartphones. Et on la retrouve, sous ces différents produits, aussi bien dans les grandes surfaces que dans les magasins et e-commerces spécialisés. Qui peuvent exposer plus facilement le public à ses produits. Et assure un suivi. Car Asus a un siège français, plusieurs centaines d’employés locaux, une hotline et un SAV en France. Cette image de marque et cette présence de plusieurs décennies dans l’Hexagone a le pouvoir de rassurer le consommateur pour un achat de plusieurs centaines d’euros.
Enfin, il sera du coup possible de payer la console en cash ou en chèques-cadeaux. Ce qui, mine de rien, est un argument qui peut avoir du poids pour les plus jeunes (et pas que). Qui profitent souvent de la « collecte » des fêtes de Noël pour s’offrir leurs cadeaux. Une souplesse d’achat impossible à réaliser lors d’un achat en ligne.
5. To gaming and beyond
Si le Steam Deck peut devenir un PC de bureau en bidouillant, la ROG Ally EST un PC. Juste un peu plus mobile. En plus de Windows 11, qui le transforme en ordinateur classique une fois relié à un écran, on peut aussi compter sur deux éléments importants de son ADN de PC. Le premier est la possibilité, en plus d’étendre la mémoire via une carte Micro SD UHS-II, de changer le SSD. Une opération qui devrait être consentie sans rupture de la garantie comme c’est déjà le cas avec les PC Asus actuels (les équipes d’Asus France nous ont expliqué que la procédure était en cours d’évaluation).
Ensuite, Asus a capitalisé sur son savoir-faire en matière de GPU externes pour le gaming et a intégré une prise XG Mobile sur le dessus de l’appareil. Ce boîtier externe relié grâce à une prise propriétaire basée sur le PCI Express est déployée depuis plus de deux ans dans différents PC, tels le ROG Flow Z13. S’il s’agit pour l’heure d’un marché de niche – notamment à cause du prix ! – cette présence est un plus pour la polyvalence de l’appareil. Un utilisateur qui aime vraiment sa machine peut vraiment l’investir de manière mobile et, une fois en mode desktop, la brancher à une RTX3080 ou RTX4090 (pour les plus riches) afin de profiter d’une expérience gaming (ou montage vidéo, audio, etc.) bien supérieure. L’inconnue est ici de savoir si ce format de carte externe va décoller. Un problème de poule et d’œuf : il faut que les prix baissent et pour cela que les volumes augmentent. Et vice versa.
Limites et inconnues
Calmez vos ardeurs : il ne s’agit ici que d’une prise en main et d’un premier ressenti. Le destin de cette nouvelle machine n’est pas encore écrit et dépendra de son prix. Et comme tout produit, le ROG Ally n’est pas, même sur papier, un appareil parfait.
Déjà, Asus a fait le choix de se passer de pad tactile comme sur le Steam Deck, Un choix assumé « pour éviter de complexifier l’appareil et limiter le poids », nous a-t-on confié. Ce qui a ainsi permis à Asus de proposer une machine 80g plus légère que son concurrent. Ensuite, les joysticks sont des modèles classiques et non des modèles plus modernes à effet Hall. Si, comme le fait remarquer Asus « il y a des joysticks très durables comme ceux des manettes de Microsoft », nous pouvons rétorquer qu’il en existe aussi des super nuls, comme les Joycons de la Nintendo Switch. Préférer des modèles à effet Hall aurait au moins éloigné le doute.
Côté composants électroniques, Asus a aussi fait le choix de se passer de gyroscope et d’accéléromètre. Point de contrôle dans l’espace comme la Switch ou le Steam Deck. Ni de connectivité 5G pour le cloud Gaming, il faudra passer par le Wi-Fi 6X en usage mobile. Ou au RJ45 avec un ROG XG Mobile connecté. Le doute qui existe enfin, est celui… des drivers AMD. Bien que l’entreprise réalise un travail incroyable avec ses partenaires (ce n’est pas pour rien que Sony, Microsoft, Valve ou Asus lui font confiance), il faut aussi reconnaître que, quoiqu’en très net progrès depuis ces dernières années, les drivers d’AMD sous Windows ne sont pas aussi stables que ceux de Nvidia. De ce côté, Asus sera très tributaire de ses partenaires (oui, Microsoft a aussi sa responsabilité dans le domaine).
Une version « lite » en préparation ?
Finalement, la ROG Ally souffre (un tout petit peu) d’une grosse inconnue qu’Asus lui-même a distillée dans nos esprits. Lors de la présentation, nous avons découvert que la machine qui sera commercialisée dans un premier temps intégrera une puce appelée Ryzen Z1 Extreme. Mais une autre puce existe et elle a été listée : il s’agit d’une puce qui intègre non plus 8 mais six coeurs CPU. Ce qui laisse à penser que la firme taïwanaise pourrait préparer une version « lite » un peu moins performante. Mais même avec le processeur à 6 cœurs et amputée du XG Mobile et de 256 Go de mémoire, une telle console serait une machine de guerre pour le gaming. Chaque palier de 50 € a un effet démultiplicateur sur les ventes : une seconde offre à 100 ou 150 euros de moins pourrait faire de l’ombre à ce modèle-ci. Même si, d’expérience, on sait que les gamers geeks ont une forte tendance à se faire plaisir et à taper rapidement dans le haut de gamme.
En tout état de cause, ces doutes, pincettes et nuances ne sauraient occulter notre impression de la machine : à moins d’un ratage matériel ou logiciel majeur ou d’un prix stratosphérique, Asus a dans les mains un produit qui pourrait faire un carton plein. Voire révolutionner le jeu PC mobile.
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La bonne excuse pour ne pas mettre un écran Oled, alors que c’est sûrement par économie.
Le steam deck avait déjà un écran Lcd bien médiocre, à ma connaissance un seul site a osé le dire .
La plupart ne parlant que l’autonomie limitée de la batterie, alors que la qualité de l’écran est primordial .
Après on s’en fou totalement des pseudo consoles révolutionnaires. Ils n’ont ni les jeux, ni la puissance, ni la clientèle pour rivaliser. L’écran 120hz c’est totalement over-kill pour une console portable, à part des vieux titres rien ne tournera à autant de fps sur une machine comme celle-ci.
N’oubliez pas non plus que le steamdeck va avoir une nouvelle version plus intéressante, moins chère que tous les random Asus Rog qui sont sortit et propose un catalogue de jeu qui s’agrandit chaque semaines ( des jeux sont ajoutés quasi tous les mois ) et que la switch a toujours des exclusivité à proposer et des millions d’utilisateurs.
C’est bien de faire des machines, faut-il encore qu’elles aient un réel intérêt par rapport à leur prix et au marché
Je ne comprends pas, si on est sur os windows 11, on a tout le catalogue Steam , Epic game, ea origin, etc comparé à la Steam deck qui est sous linux et qui doit adapter ses jeux à Linux d’où le problèmes de compatibilité et il n’y a que le catalogue Steam. Donc par déduction Asus couvre plus de jeux.
Sauf erreur je ne vois pas en quoi la Steam deck aurait plus de choix.
tu peux très bien faire tourner les jeux Epic Gog ou d’autre plateforme avec le deck. il existe lutris ou heroic launcher si tu veux avoir des solutions automatisé sinon tu peux les installer manuellement.