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AYA Neo, ce PC-console chinois au look de Switch est-il la plus sérieuse alternative au Steam Deck ?

Alors que le Steam Deck commence à être testé par la presse, d’autres acteurs comme le chinois AYA proposent des PC au format « Switch » basés sur une architecture PC. Découverte d’un format séduisant et d’un écosystème fertile, mais au futur incertain.  

Alors que vous rongez votre frein en attendant de pouvoir espérer (peut-être ?) un jour mettre la main sur le Steam Deck, sachez que dans les tréfonds de Nerdland, un PC au look de Switch capable non seulement d’exécuter tous vos jeux Steam, mais aussi vos catalogues EPIC, GOG, etc. existe déjà : l’AYA Neo.
Vendu à quelques milliers de pièces, ce PC console s’inscrit dans une mouvance de petites marques chinoises, souvent hongkongaises, qui à l’instar de GPD, tentent de nouveaux formats sur une base de composants PC.

Adrian BRANCO / 01net.com – Face à la Switch première génération.

Le format en question rappelle ici furieusement la Switch – et donc le Steam Deck. Mais, ici, vous ne trouverez pas de système d’exploitation ou de composants maison.
Chez AYA, comme chez toutes ces marques chinoises, il s’agit bel et bien d’un PC sous Windows 11. Comprenez que, dans un boîtier « maison », des marques pilotées par des ingénieurs passionnés ont glissé des composants « sur étagère », tout droit venu des circuits de fabrication classique.

Une aventure chinoise en financement participatif

A. Branco / 01net.com – Trois modèles d’AYA Neo.

Au CES 2020, Dell présentait un prototype d’un concept similaire. Fantasme de gamers PC, l’UFO que présentait la division Alienware de l’Américain prenait déjà le parti de cloner la Switch (« joycon » détachables), mais avec des composants PC. Hélas, il s’agissait d’un simple prototype qui n’a jamais abouti.

Lire aussi :  On a essayé Concept UFO d’Alienware, le PC gaming qui s’inspire de la Switch 

Ce concept a toutefois donné des idées à certaines personnes, comme nous le raconte Benjamin Lesueur, responsable communication le jour, passionné (compulsif) de ces mini-consoles la nuit.

« C’est un entrepreneur chinois du nom de Zheng Song qui a fondé AYA », explique Benjamin. « M. Song a travaillé d’arrache-pied sur le projet tout du long de 2020 pour le présenter à la communauté début 2021. Il a fini par lancer un IndieGogo en mars 2021… avant de vendre l’entreprise en mai de la même année. A priori, il était dépassé par l’ampleur industrielle du projet ».

Il faut dire que des problèmes de qualité de composants font rapidement surface. Plutôt que de « planter » l’initiative – et partir avec l’argent, M. Song fait quelque chose de rare dans la « jungle » des financements participatifs : il revend l’entreprise.

« M. Song a revendu AYA au PDG actuel, Arthur Zhang (prononcer « Tchang ») avec qui je suis en contact ».

Ce contact, c’est d’ailleurs la clé du succès actuel de l’entreprise.

A. Branco / 01net.com – Les boîtes du kit de mise à jour des premières versions de l’AYA Neo 2020.

« La grande transparence et la communication très directe auprès de la communauté ont sauvé le projet », raconte Benjamin.

Expliquant que très vite, les problèmes ont été identifiés et résolus. Et les premiers « backers » de l’AYA Neo ont reçu un kit de mise à jour qui corrigeait l’essentiel des défauts.

« Mis à part la carte mère et le stockage, tout a changé entre la version IndieGogo et la version actuelle. Le kit d’upgrade contenait en effet un nouveau boîtier plastique, un nouvel écran, un nouveau système de refroidissement, de nouveaux boutons et contrôleurs, etc. On passait ainsi d’un ”proto++” à une vraie machine commerciale ».

Un succès important pour une marque qui vient de nulle part – tout de même deux millions de dollars levés pour le premier financement. Ce qui se comprend un peu quand on a la machine en main : c’est un bel objet, et un bijou technologique.

Plus performant que le Steam Deck (mais deux à trois fois plus cher)

A. Branco / 01net.com – Le remake de FF VII ne descend jamais en-dessous de 30 fps dans un très bon niveau de qualité visuelle.

Le niveau de performances varie beaucoup selon les jeux et les réglages, mais il vous suffit de lire les tests d’ultraportables en Ryzen 7 4800U pour vous faire une idée des performances. En mobile, tous les jeux tournent facilement en 720p avec beaucoup de titres à +40 fps. En mode bureau, branchée à un écran, c’est exactement du niveau des ultraportables récents, avec un mode 1080p en niveau de qualité minimal très fluide sur des jeux comme Doom (2016). 

Mais il nous faut mettre directement les points sur les i : si vous comptiez utiliser vos 500 euros du Steam Deck pour acheter une AYA Neo, nous allons doucher tout de suite vos espoirs.
La version NEXT, équipée d’un AMD Ryzen 7 5825U, actuellement en financement participatif se récupère, au mieux, aux alentours de 1 200 euros. Ce qui est logique : la machine n’a que des composants haut de gamme (lire plus loin), et elle n’est produite qu’en de tout petits volumes.

« On n’a pas les chiffres des magasins essentiellement asiatiques qui vendent les machines une fois la production lancée par le biais du financement participatif », raconte Benjamin Lesueur, « mais on sait au moins que la première campagne concerne un peu plus de 2 000 machines ».

Une marque plus visible, comme GPD, a vendu son modèle Max à un peu plus de 6 000 backers avant de vendre le reste sur AliExpress et autre Gearbest.

A. Branco / 01net.com – L’AYA Neo à côté de la Nintendo Switch et de la GPG Win Max.

Des volumes donc autour des 10 000 pièces au mieux, ce qui reste faible dans le monde de l’informatique. Ce qui n’enlève rien à leur caractère « de pointe ».

« À ma connaissance, l’AYA Neo a les seuls joysticks et gâchettes à effet Hall de l’industrie », s’enthousiasme Benjamin.

Qui connaît bien la technologie, puisque c’est lui qui développe, sur son temps libre, et pour AYA, un logiciel qui permet à Windows de prendre en charge les gyroscope et accéléromètre de l’engin.

« AYA est la seule marque de PC à intégrer avec un gyroscope sur six axes ! Windows la reconnaît, mais sa fonction se borne à une bascule en mode portrait/paysage, car aucun jeu ni plate-forme ne savent tirer parti nativement du gyro dans Windows. »

A. Branco / 01net.com

C’est là que le niveau de geekerie grimpe d’un cran.

« Mon logiciel Handheld Companion prend les données de ce gyro et les intègre à une manette virtuelle. Je profite de la prise en charge par Steam de la Dual Shock 4 pour faire passer mon contrôleur virtuel pour cette manette et le tour est joué. On peut utiliser l’écran tactile comme la partie tactile de la manette Sony et bouger la console dans l’espace pour viser se déplacer, etc. »

C’est bon, vous avez compris que les fans de ces consoles/PC sont des nerds ?

Plus nerd que le Steam Deck… et aussi peu endurant

A. Branco / 01net.com

Avec un catalogue de jeux « garantis compatibles » naissant, son système Linux et son approche très PC (oui, on peut installer Windows dessus !), le Steam Deck est à un niveau de « nerditude » bien supérieur à la Nintendo Switch.

Lire aussi : Test du GPD Win Max, moitié PC, moitié console, 0% Steam Deck

L’AYA Neo est encore un (bon) niveau au-dessus en potentiel nerd, puisqu’il s’agit d’un ordinateur sous Windows 11 avec lequel vous pouvez tout faire. Brancher les écrans/périphériques que vous voulez, installer l’OS que vous voulez. Vous pourrez même influer sur le matériel puisque, outre l’évolution du stockage (SSD au format M.2), on peut surtout influer sur les performances de la machine en jouant directement sur l’alimentation du processeur.

« Grâce à une interface graphique que l’on peut appeler avec un bouton dédié, on peut faire varier le TDP de la machine », explique en effet Benjamin.

Loin d’être anecdotique, le contrôle du TDP est une donne importante de la machine. Il y a des paliers de base à 11 W, 15 W, 20 W et 25 W, mais on peut aussi en créer de nouveaux, personnalisés.
Selon les besoins en matière de puissance, on peut se contenter de 11 Wh ou aller taper à 25 Wh pour les jeux 3D les plus gourmands.

« Hors processeur, la plate-forme consomme 5-6Wh. La batterie de l’AYA Neo fait 47 Wh, donc le calcul est vite fait. Si on pousse la puce à 25 W pour avoir les performances maximales, on est à 1h30 d’autonomie. Si on se contente de 11 Wh, on peut atteindre les trois heures », explique Benjamin.

AMD aux commandes… de son futur

Équipée d’un processeur AMD Ryzen 5 4500U à l’origine, la console AYA Neo est un vrai PC ultraportable… haut de gamme. Avec ses 16 Go soudés et son SSD NVMe de 1 To, elle présente la configuration la plus haut de gamme des machines actuelles !
C’est à nouveau une puce AMD qui équipe la mise à jour fin 2021, un Ryzen 7 4800U qui nous avait donné pleine satisfaction côté gaming quand nous l’avions testé en 2020.

C’est à nouveau une puce AMD, le très récent Ryzen 7 5825U, qui propulse la nouvelle version toujours en financement participatif, l’AYA Neo Next. Leader des « APU », ces processeurs intégrant un GPU, AMD profite ici d’un savoir-faire acquis de longue date, et de drivers bien mieux pris en charge par la communauté des studios de jeux vidéo que ceux d’Intel.

« Les puces Intel ont désormais une très bonne partie graphique, aussi puissante que la Vega 8 des Ryzen 4000 et 5000, mais les drivers sont moins universels », confirme Benjamin.

Lire aussi : Avec Ryzen 6000 Mobile; AMD joue son atout graphique RDNA2 pour dominer Intel dans les PC portables

Un nerd qui confie que le futur d’AYA passe par une puce.

« L’arrivée de l’architecture RDNA 2 dans les Ryzen Mobile 6000 va tout changer, surtout le 6800U. Le gain de perfs pour la même consommation énergétique va augmenter de 70% à 100% », s’enthousiasme Benjamin.
Avant de rappeler que « l’annonce par AMD de cette future a, mine de rien, mis le financement actuel de l’AYA Next dans l’embarras. Car si le Ryzen 7 5825U est plus puissant côté CPU que la génération précédente, il ne fait pas assez la différence côté GPU, là où sont les besoins des joueurs. Tout le monde attend une version Ryzen 7 6800U », détaille-t-il.

Pour Benjamin, la puce d’AMD sera un vrai tournant pour le format et pour AYA, les performances à 15 W devant être suffisantes pour jouer confortablement pendant quasiment trois heures.
Enfin, si la petite entreprise tient le choc. Car la puce ne devrait arriver qu’au second trimestre pour les « gros » du secteur – Lenovo, Dell, Asus, etc. Les petites marques qui commandent au compte-goutte, elles, devront attendre au mieux le second semestre, au pire… la fin d’année, voire début 2023.

« Il faut espérer qu’AYA aura les reins assez solides pour attendre et intégrer le Ryzen 7 6800U », s’inquiète Benjamin.

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En définitive, à 1200 euros l’engin, l’Aya restera la représentante d’un marché de niche qui s’est développé autour d’un écosystème – investisseurs, ingénieurs et acheteurs – passionné par la technologie.

Pour le marché de masse, seul un format à 400-500 euros façon Steam Deck peut représenter de gros volumes. Mais au moment où un industriel pourra profiter de plates-formes à la fois plus économes et très performantes, il faudra se rappeler que ce n’est pas Dell ni même Steam qui ont inventé le format, mais un écosystème de dingue de la technologie.
D’ici là, nous attendons toujours notre Steam Deck…

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