L’ancien président et nouveau candidat à la présidence Donald Trump doit frotter ses (petites ?) mains l’une contre l’autre de contentement. À l’occasion d’une réunion interne en Allemagne, dont Bloomberg s’est fait l’écho, Tim Cook a en effet annoncé qu’Apple allait très bientôt faire produire une partie des puces de ses appareils aux États-Unis.
Il s’agira plus précisément d’une usine située en Arizona qui devrait être opérationnelle à partir de 2024, « donc nous avons encore deux ans d’attente, peut-être un peu moins », a indiqué le patron du géant américain. Avant d’ajouter que sa société avait l’intention d’appliquer la même stratégie en Europe, mais qu’il faudra pour cela que les usines soient prêtes. L’Union européenne est en effet en train de lancer un programme pour relancer la production de semi-conducteurs sur son territoire, afin d’être moins dépendante de l’Asie. Intel a d’ores et déjà officialisé la construction d’une « plant » à Magdebourg, en Allemagne, et de sites de recherche en France.
L’ombre de la Chine, en particulier, le poids de l’Asie, en général
En ouvrant sa chaîne d’approvisionnement aux États-Unis (et plus tard à l’Europe), Apple tient des engagements passés à rapatrier quand c’est possible ses activités sur le sol américain pour fournir des emplois locaux, mais s’assure aussi et surtout d’être moins dépendant de l’Asie et surtout de la Chine. Un enjeu central, auquel Apple s’attelle activement. Au point d’ailleurs que les iPhone qui seront commercialisés aux États-Unis pourraient n’être fabriqués qu’en Inde d’ici à trois à cinq ans.
Tim Cook a aussi indiqué pendant cette réunion que « sans tenir compte de ce que vous ressentez ou pensez, avoir 60% [d’une production, NDLR] qui ne provient que d’un seul endroit n’est probablement pas une position stratégique ». Il se référait ainsi au fait que 60% des processeurs produits dans le monde proviennent de la petite île de Taïwan.
L’appétit et les besoins colossaux d’Apple
Une question se pose toutefois : l’usine en Arizona pourra-t-elle satisfaire suffisamment des besoins du géant californien ? Elle devrait offrir une capacité initiale de 20 000 puces par mois, et permettre de les fabriquer selon un processus de gravure de 5 nm. Or les prochaines puces d’Apple devraient être gravées en 3 nm.
Deux solutions sont envisageables alors, en partant du principe que l’usine est celle de TSMC. La première est que le fondeur taïwanais pourrait introduire plus tôt que prévu ses procédés de fabrication les plus avancés dans cette usine. La seconde est qu’Apple pourrait confier à cette usine la production de ses puces les moins « performantes », et donc les moins stratégiques.
Une chose est certaine, à 20 000 puces par mois, l’usine d’Arizona ne pourra pas couvrir la totalité de la demande d’Apple pour ses produits les plus vendus. Apple écoule au bas mot plusieurs millions, voire dizaines de millions d’unités de ses appareils les moins populaires tous les trimestres.
À moins qu’on ne se tourne vers des produits « de niche », comme les Mac Pro, qui sont d’ores et déjà assemblés au Texas. Précisons d’ailleurs que par le passé, au moment des premières puces Apple Silicon pour l’iPhone, certaines puces étaient fabriquées aux États-Unis, par Samsung, à l’époque. C’est donc finalement presque un retour aux sources.
Tim Cook parlait-il de TSMC ?
Si on veut chercher la petite bête, en ne désignant pas explicitement TSMC, dont l’action a toutefois bondi après cette annonce, Tim Cook laisse planer un léger doute. La société taïwanaise est en train de faire sortir de terre sa première usine aux États-Unis. Au vu du rapport privilégié que les deux acteurs entretiennent, et au vu de l’avance technologique de TSMC, il paraît évident que le patron d’Apple faisait référence à ce site.
Néanmoins, Intel est également en train de construire une nouvelle usine en Arizona, qui sera, elle aussi, finalisée en 2024. Si Apple n’utilise plus les processeurs Intel dans ses Mac, le patron du fondeur de Santa Clara a, à plusieurs reprises désormais, indiqué qu’il espérait bien récupérer Apple comme client dans les prochaines années. Non pas tant pour lui fournir ses processeurs que pour produire les puces Apple Silicon.
Dans le cadre de sa nouvelle stratégie, la société de Pat Gelsinger a en effet ouvert ses usines à des clients extérieurs. Il est peu probable que Tim Cook fasse appel à Intel immédiatement, mais qui sait sur le plus long terme.
Quoi qu’il en soit, TSMC, de son côté, est d’ores et déjà en train de considérer la fabrication d’une deuxième usine de composants aux États-Unis, afin d’accroître sa présence en Amérique du Nord – et de profiter encore plus du Chips and Science Act et de son budget de 50 milliards de dollars d’incitations et d’aides financières. Un choix doublement stratégique pour la société taïwanaise, dont le pays d’origine attise de plus en plus l’appétit de la Chine.
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Source : Bloomberg