Le 5 juin dernier, Apple a ouvert une nouvelle ère de l’informatique, et peut-être initié une lente révolution vers « l’informatique spatiale », petit nom bien trouvé pour ne pas avoir à parler de réalité mixte, virtuelle ou augmentée. Ca, c’était le « one more thing », qui a pris toute la lumière, mais avant, héritage d’une ère qu’on connaît bien, le géant californien avait eu le temps d’annoncer un MacBook Air 15 pouces – identique dans les grandes lignes au MacBook Air 13 pouces sorti en juin 2022. Loin de la moindre révolution, héritier d’un art maîtrisé de l’itération à petits pas, il a au moins le mérite d’être d’ores et déjà là, et d’enfin offrir à nouveau le choix dans la taille d’écran que vous voulez utiliser avec un MacBook Air.
Depuis l’abandon du MacBook Air 11 pouces, on se prenait à rêver d’un ultraportable plus grand. Le marché a finalement eu raison d’Apple. Il n’y a pas que sur les smartphones que les utilisateurs veulent des écrans plus grands – un fabricant de PC nous indiquait même il y a quelque temps qu’en Europe en général et en France en particulier, « plus c’était grand, mieux c’était ». Autrement dit, la taille compte et en se cantonnant à un 13 pouces, Apple se privait d’un public qui veut plus de surface d’affichage, pour plus de confort.
Là où Apple réussit un joli coup, c’est qu’en agrandissant son MacBook Air, il ne l’alourdit et ne l’épaissit qu’à peine. A le prendre en main, l’impression de finesse donnée par le boîtier unibody en aluminium est frappante, servie par une épaisseur de 1,15 cm seulement. Celle de relative légèreté est aussi renforcée, même s’il passe tout de même le cap des 1,5 kg – et fait de facto moins bien qu’un LG Gram 16 pouces. On ne pourra plus forcément le porter à bout de doigts, mais sans problème à bout de bras. S’il se fait toujours discret dans un sac à dos, il faut considérer que ses dimensions le rendent moins passe-partout que son petit frère. Néanmoins, il continue de se glisser sans souci dans la plupart des poches pour PC portable de nos sacs.
L’écran, là où Apple voit grand… mais sans forcer
Qu’on le juxtapose à un MacBook Air 13 pouces ou à un MacBook Pro 14 pouces, on retrouve le même type de bordures assez fines, et la même encoche à son sommet pour héberger une Webcam 1080p, au rendu très honnête, bien qu’elle n’échappe pas au bruit en basse lumière.
Quoi qu’il en soit, concernant l’écran, une chose est certaine, sa surface d’affichage impressionne joliment – quel plaisir de gagner encore en confort d’autant qu’il est toujours possible de choisir d’afficher plus d’espace en jouant sur la définition. Ses 15,3 pouces, ratio 16:10, comme il se doit chez Apple, affichent une belle définition native de 2 880 x 1 864 pixels – soit 1 710 x 1 107 pixels en définition affichée. Tout cela est inférieure à celle des MacBook Pro 14 pouces, évidemment – effet de gamme oblige.
Cette nouvelle dalle plus grande permet de très facilement et confortablement juxtaposer deux fenêtres en plein écran, de multiplier les applications ouvertes côte à côte, ou d’avoir sous les yeux des interfaces complètes et très lisibles même quand elles peuvent être chargées, comme sur Photoshop, iMovie ou Final Cut Pro.
La résolution de cet écran reste identique à ce que pratique Apple dans cette gamme « grand public » avec 224 points par pouce. C’est donc bel et bien une dalle Liquid Retina qu’on a sous les yeux, et comme sur le MacBook Air 13 pouces, la finesse des caractères ou le niveau de détail affiché assure un confort de lecture et de travail rarement égalé par la concurrence.
Nos mesures lui accordent 483 cd/m2 en matière de luminosité, ce qui est bon, et 16,3% plus lumineux que la moyenne des ultraportables testés par le 01Lab au cours des 24 derniers mois. Pourtant, si vous travaillez dans une pièce lumineuse ou en terrasse de café – qui dira le plaisir des tests d’ordinateur à la belle saison ? – vous vous trouverez parfois à vouloir augmenter la luminosité alors que vous êtes déjà au maximum.
Si, à l’œil, le contraste ne semble pas déplaisant et assure ce qu’il faut de profondeur aux images et vidéos, il n’a été mesuré qu’à 1 313:1. On est loin des sommets des dalles mini-LED des modèles pro, et dans la vague moyenne de ce qui se pratique actuellement sur les dalles LCD.
En revanche, si on compare à la moyenne des contrastes obtenus sur tous les ultraportables testés, la présence des dalles miniLED ou OLED fait que les résultats enregistrés sur le MacBook Air sont 75,8% inférieurs. Voilà qui en dit assez long sur le fait qu’il serait temps qu’Apple muscle un peu son jeu, même si sa dalle demeure excellente et très plaisante au quotidien.
D’ailleurs, elle est d’une justesse colorimétrique exceptionnelle. Le Delta E 2000 mesuré par le 01Lab est ainsi fixé à 1,82. Un excellent résultat qui fait qu’il est impossible de faire la différence entre la vraie valeur d’une couleur et celle affichée à l’œil nu.
Bref, une chose est sûre, ce MacBook Air 15 pouces devrait séduire tous ceux qui rêvaient de boîtier et d’affichage plus vaste qu’un modèle 13 pouces.
Clavier, webcam, connectique : rien ne change
Juste en dessous de l’écran, on trouve un clavier Magic. Sa course est ferme et agréable, courte et stable. Rien à redire sur ce point : une fois encore, Apple démontre qu’il sait faire des claviers et qu’il occupe le sommet de cet art qu’il ne faut pas négliger dans un portable, car ce sont bien ces touches que vos doigts vont marteler pendant des heures, alors autant que ce soit un plaisir. Et ce sera le cas, de jour comme de nuit, car le clavier est bien entendu rétroéclairé. Il offre – et comment autrement, désormais – une belle touche Esc et est couronné par une large bande de touches de fonction, qui vous permettent tout aussi bien de régler le son et la luminosité que d’invoquer Siri.
Enfin, dans le coin supérieur droit, on retrouve le bouton Marche/Arrêt, toujours squatté par le lecteur d’empreintes digitales Touch ID. Il est là non seulement pour déverrouiller votre session, mais également pour valider vos paiements en ligne ou vous éviter d’avoir à saisir votre mot de passe toutes les trente secondes. Là encore rien à redire, si ce n’est ce léger agacement, commun à tous les Mac, qui veut que par défaut le bouton Fn en bas à gauche du clavier invoque la fenêtre de sélection des emojis…
Juste en dessous du clavier, s’étale avec la grâce d’un chat heureux le pavé tactile. Et comme il est toujours proportionnel à la taille de l’écran, celui du MacBook Air 15 pouces est vaste comme une plaine d’Asie centrale. Les doigts peuvent s’y égayer sans encombre, et vous multiplier les gestes à plusieurs doigts, zoomer, glisser, cliquer d’une légère pression, etc. On ne le dira jamais assez, sur un ordinateur portable, le pavé tactile reste le moyen de contrôle privilégié et en la matière, Apple en remontre à toute la concurrence.
Avant de se glisser à l’intérieur du boîtier, faisons un rapide point sur la connectique. Elle est inchangée, donc minimaliste, et conséquemment pas toujours très satisfaisante. On trouve le port MagSafe pour recharger votre MacBook Air sans le transformer en OVNI si vous vous prenez les pieds dans son câble, et deux ports Thunderbolt 4 (format USB-C). Le tout étant à gauche. A droite erre un port mini-jack esseulé, qui aimerait de la compagnie.
Si on peut comprendre qu’Apple ait voulu concentrer la majeure partie de la connectique sur le côté gauche, afin de ne pas gêner les droitiers qui pourraient éventuellement recourir à une souris, on aurait vraiment aimé avoir un port au format USB-C sur le côté droit, ne serait-ce que pour pouvoir recharger le MacBook Air facilement quand les hasards de l’agencement spatial d’un bureau font que la prise électrique est lointaine et à droite. Notez qu’on ne fera pas de remarque sur l’absence de port au format USB-A, ce combat est perdu depuis bien longtemps – plus de sept ans maintenant.
Le M2, toujours fidèle au poste…
Si la rumeur voyait Apple introduire son M3 à l’occasion de la WWDC et du lancement de nouveaux MacBook, on sait maintenant que le M3 est resté au chaud, en attendant sans doute de voir ce que Qualcomm va introduire en fin d’année quand il fera parler la poudre et ses cœurs Oryon.
Le MacBook Air 15 pouces embarque donc le M2 qu’on a découvert l’an dernier, notamment dans le MacBook Air 13 pouces. Avec une différence toutefois, il a droit à la version musclée du SoC d’Apple, celle qui embarque dix cœurs GPU (et non seulement huit) dès l’entrée de gamme.
C’est ce même modèle que nous avions testé avec le MacBook 13 pouces à l’été 2022. Le M2 était alors accompagné de 16 Go de Ram. Notre modèle 15 pouces de test s’affiche à 1 599 euros, soit le tarif d’entrée de gamme. Il n’embarque donc que 8 Go de Ram et un module de stockage de 256 Go. Si vous ne cherchez à en faire qu’une machine à écrire 2.0, les 8 Go pourraient suffire, mais sachez que si vous multipliez les onglets, et les applications ouvertes en tâche de fond, opter pour 16 Go (+ 230 euros) n’est pas une mauvaise chose. Vous pouvez bien entendu également viser les 24 Go, maximum introduit avec le M2, moyennant 460 euros. L’intérêt des 16 Go est encore plus marqué, si vous avez l’intention de jouer un peu avec le MacBook Air. Quant au stockage, un SSD de 256 Go nous semble vite trop petit, surtout si, en plus d’une petite collection d’applications, vous aimez avoir des photos et fichiers en local, pour être plus tranquille, misez plutôt sur 512 Go (+ 230 euros).
Pour ceux qui auraient, comme nous, aimé qu’Apple envisage de glisser, ne serait-ce qu’en option, un M2 Pro dans le MacBook Air 15 pouces, afin d’offrir une alternative plus solide et confortable à ceux qui ne veulent pas envisager le MacBook Pro 14 pouces, la réponse d’Apple est assez simple : les Air sont fanless (sans refroidissement actif), et le M2 Pro a besoin d’un ventilateur. Point à la ligne. Le MacBook Air 15 pouces ne se distingue donc que par son écran, pour l’instant.
Quand on fait tourner Geekbench sur le MacBook Air 15 pouces, on constate rapidement qu’il marche dans les pas du 13 pouces avec des différences relativement minimes de performances au fil des trois tests : Single core, Multi core et Compute, qui évalue surtout la partie graphique du SoC.
Il se positionne donc logiquement en deçà du MacBook Pro équipé d’un M2 Pro. On constate que pour la partie CPU, il fait mieux que le LG Gram et son Core i7-1260p. En revanche, il cède le pas face au Galaxy Book3 Ultra, de Samsung, qui est un monstre de puissance coincé dans un châssis d’ultraportable, même si cela implique parfois que la machine limite ses performances.
C’est surtout sur la partie graphique que le portable de Samsung prend le large, car la RTX 4070 ne fait pas dans le détail, et est bien plus performante que le GPU du M2, qui rappelons-le est un SoC d’entrée de gamme dans la famille des Mac Apple Silicon. Seul le M2 Max arrive à relativement rivaliser avec le processeur graphique de NVidia. Ce qui n’est pas un mince succès.
Quoi qu’il en soit, pour un ultraportable, le MacBook Air 15 pouces assure largement ce qu’il faut de puissance côté CPU et côté GPU. Vous pourrez même jouer un peu, la définition par défaut (1 710 x 1 107 pixels) est un peu exotique mais permet à la plupart des titres disponibles sur macOS de s’exécuter en poussant un peu les réglages. On est curieux de voir ce que vont donner les derniers efforts en date d’Apple pour faciliter le portage de jeux vers macOS. Maintenant que les puces Apple Silicon offrent un potentiel pour jouer sur toute la gamme, il serait temps que les jeux récents, AAA et autres, arrivent…
Au quotidien, le MacBook Air 15 pouces est réactif, rapide et totalement silencieux. Comme ses congénères Apple Silicon, il offre le même niveau de performances qu’il soit branché au secteur ou sur batterie. Nous avons enregistré une consommation maximale de 37 W. Cela signe un rapport performance par Watt impressionnant, et explique que ce nouvel ultraportable affiche une autonomie avantageuse.
Autonomie : course d’endurance en entre-deux
Comme pour le MacBook Air 13 pouces, Apple promet 18 heures d’autonomie en lecture vidéo, dans l’application Apple TV. Puisque sa taille d’écran inscrit le MacBook Air 15 pouces entre les MacBook Pro 14 et 16 pouces, nous avons décidé de le comparer à ces autres références de la gamme portable d’Apple.
Le MacBook Air 15 pouces a logiquement une batterie plus grosse que celle du MacBook Air 13 pouces, afin de pouvoir compenser la consommation plus importante de sa dalle plus grande.
Et dans les faits, Apple semble avoir vu juste. Dans le cadre de nos deux tests d’autonomie, le MacBook Air 15 pouces se comporte aussi bien que son petit frère – il est vrai que le MacBook Air n’est désormais plus le roi de l’autonomie. Le MacBook Pro 13 pouces faisant mieux en la matière et les modèles 14 et 16 pouces également.
Quoi qu’il en soit dans le cadre de notre test d’autonomie polyvalente, qui simule un enchaînement d’usages du quotidien (Web, mail, vidéo, etc.), le 15 pouces a rendu les armes au bout de 13h25, soit une toute petite minute de moins que le 13 pouces sorti l’an dernier.
Rien à reprocher ici, même si on est en effet loin des 22h06 du MacBook Pro 16 pouces équipé d’un M2 Pro.
Si on le compare au Galaxy Book3 Ultra, de Samsung (équipé d’un Core i9-13900H), passé entre nos mains il y a quelques mois, ou encore au LG Gram 16 pouces, il est toutefois évident que les portables d’Apple offrent davantage d’autonomie. Pas toujours beaucoup plus, si on se concentre sur l’ultraportable géant de LG, mais ils offrent tout de même un net avantage.
Du côté de l’autonomie en streaming vidéo, le MacBook Air 15 pouces tient une petite trentaine de minutes de plus que le modèle 13 pouces, à 13h07. Il fait en l’espèce mieux que le MacBook Pro 14 pouces, et mieux que ses concurrents PC, sans l’ombre d’un doute.
Dans les faits, le MacBook Air 15 pouces a de quoi vous accompagner toute la journée pour travailler, sauf si vous vous lancez dans de lourds montages 4K ou des jeux 3D gourmands, évidemment. Mais pour ce qui est de la bureautique, du montage photo, du code, etc., vous devriez être serein loin d’une prise de courant pour un bon moment…
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