De la désormais lointaine ère IBM jusqu’à celle de Lenovo, la gamme Thinkpad a conservé une image de sérieux, de performances et de finition adaptée aux usages nomades. Avec le X13s Gen 1, le géant chinois continue sur cette voie, mais y apporte un petit plus, en abandonnant le duo Windows et Intel pour ne conserver que Windows et intégrer un SoC Qualcomm, le Snapdragon 8cx Gen 3. Autrement dit, c’est une machine qui bat au rythme d’une architecture ARM, avec tout ce que cela peut apporter en matière d’endurance, et de pertinence quand l’utilisateur travaille souvent loin d’une prise électrique. Mais, aussi, revers de la médaille, tout ce que cela peut également impliquer en matière de souci du côté logiciel. Bref, est-ce que ce Thinkpad conservateur, mais d’un nouveau genre, vaut ses 1 949 euros ?
Un savoir-faire ancien…
Les ThinkPad ont toujours été porteurs d’une approche, d’une certaine vision de la mobilité, plutôt professionnelle, pensée pour l’efficacité. Le petit pointeur rouge au milieu du clavier en est un exemple. L’emplacement, sur le côté droit du PC portable, pour embarquer une carte nanoSIM 4G/5G, en est un autre. Le maintien de trois boutons distincts au sommet du trackpad est autant justifié par cette volonté que par celle de ne pas brusquer les habitués, même si on pourra parfaitement utiliser le ThinkPad X13s sans jamais les toucher.
De manière plus générale, tout paraît pensé pour offrir un confort maximal à l’utilisateur. A commencer par le boîtier lui-même. Robuste, sobre mais plaisant, avec ses angles arrondis, il affiche à peine plus de 1,1 kg sur la balance, et cela se sent quand on doit le transporter, que ce soit dans un sac à dos ou à bout de bras. Il est presque 16% plus léger que la moyenne des ultraportables que nous avons testés ces deux dernières années.
Le clavier, lui aussi, conserve les forces de ses ancêtres, avec une course stable, équilibrée, qui permet de rapidement trouver ses marques et de saisir du texte sans se fatiguer. Les touches sont de bonne taille, bien espacées, rien à redire, le savoir-faire de Lenovo est bien là. Bien entendu, machine nomade oblige, il est possible par un raccourci de basculer le X13s en mode avion, ou encore de prendre un appel, couper la caméra, etc.
On ne reprochera en définitive qu’une seule chose au clavier : la position de la touche Fn. Elle est placée à gauche de la touche Ctrl, qui est souvent la touche en bout de rangée. On se trouve donc souvent à appuyer sur Fn au lieu de Ctrl… Au moins le temps de s’habituer.
Avant de nous tourner vers la dalle, faisons un rapide point sur la connectique. Elle est extrêmement dépouillée, pour ne pas dire réduite – les habitués des Mac ne devraient pas être trop dépaysés, puisqu’on ne trouve que deux ports USB-C 3.2 Gen 2 (et pas Thunderbolt), dont un servira à charger le X13s. Les deux connecteurs sont sur le côté gauche, à l’opposé, on trouve l’emplacement Kensington pour sécuriser votre portable au bureau, l’emplacement nanoSIM et un port mini-jack micro/casque.
C’est un peu court, d’autant qu’il n’est pas possible de connecter un écran via un câble USB-C directement. Lors de nos tests, il nous a fallu recourir à un adaptateur et sortir le signal en HDMI.
Une dalle honnête, mais loin d’être excellente
Quand on allume le X13s, on constate assez rapidement que la dalle LCD Full HD+ (1 920×1 200 pixels) ne va pas nous éblouir. Elle ne semble pas très lumineuse, et c’est le cas. Les mesures du 01Lab lui accordent 364 cd/m2, c’est peu – 11,6% moins lumineux que la moyenne des concurrents – et peut-être même problématique pour travailler en plein soleil – les vrais pros ne travaillent-ils jamais en terrasse ?
Lenovo ThinkPad X13s : une dalle qui pourrait mieux faire
Du côté du contraste, la dalle s’en sort bien mieux à 1 701:1, ce qui est bon pour une dalle LCD. Sa justesse colorimétrique est en revanche plutôt à côté de la plaque. Avec un Delta E 2000, de 4,32, elle est 72,4% moins juste que la moyenne des dalles concurrentes. Ce n’est pas catastrophique vu que le X13s n’est pas taillé pour le montage vidéo ou l’édition lourde en photo, mais c’est un peu regrettable pour une machine de ce prix.
D’autant que, et c’est en définitive le reproche principal qu’on fera à l’écran de cette machine, sa résolution est faiblarde. Avec 170 ppp, la dalle du Lenovo X13s n’est pas des plus agréables et des plus précises. Cela engendre même parfois une désagréable impression de flou, de texte un peu baveux, de couleurs aux contours imprécis…
Une autonomie record sous Windows
Néanmoins, si la dalle n’est pas source d’enthousiasme, il faut reconnaître qu’elle joue peut-être, par sa faible luminosité, un rôle important dans l’autonomie du X13s. L’ultraportable de Lenovo affiche en effet une endurance remarquable aussi bien dans nos tests d’autonomie polyvalente qu’en streaming vidéo.
Dans le premier cas, qui simule un enchaînement d’usages quotidiens assez intensif, le 01Lab a relevé 16 h 24. C’est 47,5% plus que la moyenne des concurrents, et tellement bon que c’est meilleur ou presque aussi bon que ce que proposent les MacBook Pro et Air M1 et M2. Rares sont les machines qui peuvent en dire autant…
Lenovo ThinkPad X13s : une autonomie record !
Et cette performance exceptionnelle n’est pas un coup de chance. En effet, en autonomie en streaming vidéo, le X13s affiche un « score » quasi équivalent, avec 16 h 02. C’est 80% supérieur à la concurrence, et bien meilleur que tout ce que propose les MacBook Pro et Air M2 du même format.
La puce de Qualcomm tient ici la dragée haute aux puces M d’Apple, et ce n’est pas une mince affaire. Mais que donne-t-elle en matière de performances ?
Pas la puissance d’un M1, pas forcément le bon choix…
La question des performances est épineuse, tant elle comporte de facettes. Car, la présence d’une puce ARM au cœur de ce PC portable qui tourne sous Windows 11 implique bien des interrogations liminaires et quotidiennes. La puce en elle-même est « techniquement » solide, sans pouvoir prétendre rivaliser toutefois avec les puces Apple Silicon pour Mac en matière de vitesse. Pour juger de sa puissance « brute », on se tourne vers un outil simple et efficace, Geekbench.
Geekbench et Cinebench : le Lenovo ThinkPad X13s Gen 1, face à la concurrence...
Le bench synthétique confirme la différence conséquente de puissance entre le SoC Snapdragon et ses concurrents, qu’il s’agisse de l’excellent Ryzen 7 6800U ou des Apple M1 ou M2, dont on a déjà beaucoup dit de bien. Les puces d’Apple dominent la concurrence et la puce d’AMD écrase également la puce de Qualcomm. L’écart de performances, que ce soit en Single Core ou en Multicore est important.
En Single Core, le SoC de Qualcomm est de 1,3 à 1,7 fois moins performant que ses adversaires. Quand on se tourne vers les scores multi-core la déculottée est bien plus importante, l’écart se creuse, puisqu’on relève un delta qui s’étale entre 1,3, une fois encore, avec le Zenbook S 13 OLED, d’Asus, et 5,2, pour le MacBook Air M2.
Cette différence de performances peut sans doute expliquer également que la puce de Qualcomm arrive à consommer moins que celles qui animent les machines concurrentes.
Mais il est évident qu’un outil synthétique de mesures ne saurait à lui seul donner un aperçu du confort d’utilisation et du potentiel d’une configuration, d’une machine. Néanmoins, le ThinkPad X13s est un cas à part. Deux réalités se télescopent quand on l’utilise, toutes deux liées à une sorte de schizophrénie logicielle.
La première est celle des applications natives et de l’OS de Microsoft pour puce ARM. Au quotidien, l’exécution de Windows 11 Pro est fluide, rapide et réactive. Toutes les applications embarquées par défaut, ou compilées pour Windows ARM, tournent comme un charme et il est impossible de faire la différence entre une version Intel et ARM de Windows dans ces moments-là. Edge tourne parfaitement, est prompt à afficher les pages les plus lourdes et ne bronche pas quand on multiplie raisonnablement les onglets. La suite Office offre l’expérience qu’on attend d’un tableur ou d’un traitement de texte, rien ne manque.
Mais, les applications natives ne sont pas la majorité… hélas. Ainsi, même Chrome, qui s’exécute nativement sur les Mac Apple Silicon est une version x86. Commence alors la longue marche de l’utilisateur dans la seconde réalité logicielle de Windows 11 ARM. Quand la chance sourit, on profite d’une expérience agréable – c’est le cas avec Firefox – mais parfois parsemée de lenteurs, pas forcément à l’exécution, mais au moins au lancement. L’expérience devient alors moins fluide : mélange de manque de puissance et de manque d’optimisation.
Mais il arrive tout simplement que l’application refuse de se lancer. Nous avons rencontré ce cas de figure avec la Creative Suite d’Adobe, par exemple, sans qu’on sache trop pourquoi. Est-ce une question logicielle pure ? Une limite de la configuration ?
Pour tout dire, même certains de nos outils de tests n’ont pas pu s’exécuter sur le ThinkPad X13s… Ainsi, Geekbench 6, pourtant récent, s’est vu interdit de séjour. Il faut dire que Geekbench 5 n’avait pas réussi à détecter la partie graphique du SoC…
Quelques exemples, glanés au fil de nos tests et de notre utilisation, donc, qui montrent qu’il est compliqué de faire confiance à Windows 11 ARM pour offrir l’expérience qu’on est en droit d’attendre au quotidien. Il manque clairement à l’OS de Microsoft l’équivalent du Rosetta 2, d’Apple, qui a su rendre quasi transparente la transition des processeurs Intel aux SoC Apple Silicon pour Mac.
Cette incertitude serait problématique pour des utilisateurs grand public, mais elle est quasiment rédhibitoire à nos yeux pour des professionnels, cibles privilégiées des ThinkPad traditionnellement. Comment prendre le risque de ne pas pouvoir exécuter une application métier, de ne pas pouvoir faire un suivi de projet parce qu’un outil ne fonctionne pas ? Seule solution, utiliser des outils dans le Cloud qui ne demandent qu’un navigateur sur la machine, le X13s devient alors une sorte de client léger… mais perd un peu de son potentiel.
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