Devenir « l’Apple du PC », rien de moins. C’est l’ambition de Samsung depuis son retour, l’an dernier, sur le marché français. S’il était possible de se demander ce que signifiait cette déclaration d’intention, prendre en main le Galaxy Book3 Ultra finit de disperser les doutes. On a clairement sous les yeux la matérialisation de cette stratégie, une machine haut de gamme peaufinée dans laquelle le géant coréen a décidé de glisser tout ce qui se fait de mieux. Ce qui a bien entendu un prix : 3 899 euros. C’est avec cette nouvelle arme que Samsung paraît vouloir s’attaquer au trône des MacBook Pro, mais aussi des machines de gaming que les créatifs adoptent parfois pour ne pas être gênés aux entournures. Une réussite ?
Samsung s’y connaît en design
Tout commence, comme il se doit, par le boîtier du Galaxy Book3 Ultra. Il est très joliment fini, avec son boîtier en aluminium minimaliste de couleur anthracite. La qualité de fabrication est très bonne, et semble pensée pour assurer une belle longévité à l’ensemble. Avec environ 1,8 kg sur la balance, il se place presque dans la catégorie des ultraportables, ce qui est tout de même assez impressionnant pour un ordinateur portable de 16 pouces.
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RueducommerceSi on se penche sur le côté pour juger de la finesse de l’ensemble, on constate que Samsung a assuré l’essentiel pour la connectique, sans se forcer. À gauche, vous trouverez le port HDMI 2.1 et deux ports Thunderbolt/USB4. À droite, voyage dans le temps, vous avez droit à un port USB-A, une prise audio mini-jack et un lecteur de carte microSD. Pourquoi Samsung n’a-t-il pas opté pour un lecteur de carte SD plus courant ? C’est un mystère pour lequel nous n’avons pas de réponse, seulement des regrets.
Quand on se décide enfin à ouvrir le Galaxy Book3 Ultra, on est frappé tout d’abord par la taille du pavé tactile. Imaginez une carte postale, sans le timbre, et vous y êtes. Vos doigts vont pouvoir s’ébattre tranquillement, pincer pour zoomer, faire défiler, etc. Signalons juste un petit bruit parasite, comme un clic, quand on repose son poignet à droite du pavé tactile.
Au-dessus du trackpad, Samsung profite des 35,57 cm de largeur du boîtier pour vous proposer un clavier rétroéclairé complet. C’est-à-dire que vous trouverez également un pavé numérique à droite des touches habituelles. Pratique pour tous les aficionados des tableaux Excel, bien évidemment. En revanche, on regrettera qu’il n’y ait pas une séparation plus nette entre les deux zones de saisie. Sans oublier que l’essentiel du clavier se trouve de fait légèrement déporté à gauche. C’est un peu perturbant au départ, de ne pas taper du texte en « centrant » ses mains par rapport au boîtier.
Parlons justement du clavier. Les touches sont larges et réactives, agréables à utiliser. Elles produisent un son plaisant et leur course est ni trop courte, ni trop longue, et assez souple, sans être molle. Un juste compromis. Une fois pris ses habitudes, on trouve un rythme de saisie plutôt rapide. C’est un très bon point à nos yeux. Pour conclure sur ce clavier, on aura tendance à préférer le clavier des MacBook Pro, plus confortable, mais sans doute est-ce aussi une question d’habitude.
Précisons enfin que le bouton Marche/Arrêt du Galaxy Book3 Ultra intègre un lecteur d’empreintes digitales, ce qui vous permettra de le déverrouiller en une fraction de seconde, une fois configuré Windows Hello.
Un écran remarquable, mais pas exceptionnel
Levons maintenant les yeux sur la dalle de 16 pouces. Les bordures sont plutôt fines, et accueillent une Webcam 1080p assez honnête en pleine lumière. Elles encadrent en tout cas discrètement une dalle AMOLED plaisante dès l’allumage. Sa définition de 2880 x 1800 pixels, pour une résolution très honnête de 212 points par pouce, offre un bel espace de travail. Il est très facile de juxtaposer deux fenêtres ou d’afficher une vidéo en plein écran qui vous en mettra plein la vue. Vous avez clairement sous les yeux un écran sur lequel il est agréable de travailler. La surface brillante prend évidemment les reflets, mais en jouant de l’inclinaison de la charnière vous devriez vous en sortir.
OLED oblige, le contraste est infini, ce qu’il sera facile et plaisant de constater aussi bien en regardant des images, que des vidéos ou même au cours d’une session de surf sur le Web. Néanmoins, les mesures du 01Lab confirment que sa luminosité – un critère essentiel qui assure le confort d’utilisation dans différentes conditions d’éclairage – n’est pas exceptionnelle, surtout pour une machine de ce prix. La dalle affiche 407 cd/m2, ce qui est 10,6% plus lumineux que les PC portables que nous avons testés ces 24 derniers mois, avec des pics lumineux (notamment pour les contenus HDR) à 485 cd/m2, ce qui est mieux, mais loin d’être incroyable. D’autant plus que, si on compare la machine de Samsung au dernier MacBook Pro 16 pouces que nous avons testé en ce début d’année, celui équipé d’une puce M2 Pro, on constate que la dalle miniLED retenue par Apple prend largement l’avantage.
Certes, le contraste « infini » de l’OLED donne un point à Samsung, mais c’est le seul sur lequel il fait mieux. Sachant que le taux de contraste à 45 560:1 du Mac est exceptionnel pour une dalle LCD. Par ailleurs, la luminosité moyenne du MacBook Pro est de 456 cd/m2, une différence sensible, avec des pics lumineux bien plus élevés à 1 382 cd/m2. Mais la domination de la machine Apple ne s’arrête pas là. Elle affiche également un Delta E 2000 mesuré à 2,7 contre 3,3 pour le Galaxy Book3 – sachant que l’objectif, comme pour tout indice qui marque une différence entre deux valeurs, est d’être le plus faible possible.
Bref, Samsung, roi des écrans OLED, met la barre haut, mais pas aussi haut qu’on aurait pu l’espérer pour une machine de ce prix. Le Galaxy Book3 Ultra ne triomphe pas de son illustre adversaire sur ce point. Il réussit malgré tout à être 12,5% plus juste d’un point de vue colorimétrique que ses concurrents directs que nous avons testés au cours des 24 derniers mois.
Une configuration au top… Vraiment ?
Passons maintenant à la configuration. Au cœur de ce monstre, qui a fait lever un sourcil et légèrement trépigner d’impatience, on trouve un Core i9-13900H, épaulé par 32 Go de mémoire vive. C’est le processeur portable des machines sérieuses de ce début d’année. Avec ses 14 cœurs (six hautes performances et huit basse consommation) pour 20 threads, il affiche un Turbo Boost à 5,4 GHz, pour les cœurs performance. Voilà qui est alléchant. Même chose pour la carte graphique embarquée, rien de moins qu’une Nvidia GeForce RTX 4070 avec 8 Go de mémoire vidéo. Préparez-vous à prendre une belle déferlante de puissance… ou pas.
Car le processeur Intel et le GPU de Nvidia peuvent être configurés pour ne consommer qu’une certaine enveloppe de puissance électrique. Un moyen d’éviter un trop fort échauffement dans un boîtier fin, par exemple, même si Samsung a en l’occurrence opté pour une chambre à vapeur et deux ventilateurs. Ainsi, le Core i9 peut être réglé pour consommer entre 35 W (a minima) et 115 W. La RTX 4070 peut être configurée selon la même fourchette de puissance électrique par les fabricants de PC.
En l’espèce, quand on cherche un peu dans les informations système du Galaxy Book3 Ultra, on constate que Samsung a décidé de brider la carte à 60 W. Soit approximativement la moitié de ce qu’elle pourrait tirer au maximum quand on la sollicite à plein régime.
Pour confirmer ces chiffres, le 01Lab a mesuré la consommation du portable en le sollicitant beaucoup, nous avons atteint un pic de 106,5 W. Ce qui est très faible pour une configuration de ce genre. Prenons même la peine de préciser que c’est très proche de ce que nous avions relevé en chargeant le MacBook Pro M2 Pro (116,1 W). Samsung s’attaquerait-il frontalement au rapport performance/Watt des Mac Apple Silicon ?
La comparaison n’est pas évidemment pas pertinente, même si elle aurait son intérêt. Une certitude, en tout cas, le Book3 Ultra sort la grosse artillerie… mais retient ses coups. Pourquoi ? Sans doute pour éviter de trop surchauffer dans un boîtier vraiment compact pour la configuration embarquée.
PCMark 10 lui accorde toutefois un score de 7 415 points, qui est 38,7% plus élevé que la moyenne des PC portables testés ces 24 derniers mois. Ce score est également dans la fourchette basse des machines que nous avons testées récemment avec des Core de 13e génération et des carte RTX 4000. Mais le manque de comparaison avec d’autres configurations en RTX 4070 empêche de vraiment juger de ce que pourrait donner la RTX 4070 à fond… Ce score est en tout cas supérieur à celui des configurations en Core de 12e génération et RTX 3080 Ti que nous avons testé l’an dernier…
Quand on se tourne vers Geekbench 5 pour pouvoir comparer les machines animées par des SoC Apple Silicon et Intel, on constate que le M2 Pro marque des points et remporte la première place. Toutefois, jeter un œil sur les résultats obtenus avec Cinebench R23 permet de mettre en perspective cette domination. Les vingt threads des processeurs Intel donnent l’avantage aux deux modèles de PC. De ces deux résultats, on peut conclure que les deux approches ont leurs avantages, en fonction des usages, et de l’optimisation des logiciels.
Les choses sont bien plus évidentes quand on se tourne vers les résultats de Geekbench Compute qui met surtout à l’épreuve la partie graphique : les 19 cœurs GPU du M2 Pro ou la GeForce RTX 4070. Sans grande surprise, la carte de Nvidia prend le large, même bridée. Elle est environ 71% plus performante que la configuration d’Apple.
Toutefois, les benchs synthétiques ne mesurent qu’un aspect des performances d’une puce, d’une configuration. Nous avons donc confronté le Galaxy Book3 Ultra au MacBook Pro au fil de trois mêmes épreuves au travers de trois applications :
- Premiere Pro, où on demande aux machines d’exporter un projet 4K. En l’espèce, les deux machines ont des approches différentes. Le Mac a ses media engines, tandis que le portable de Samsung bénéficie de la puissance et de l’accélération matérielle de la RTX 4070. En l’occurrence, le match est assez serré. Le Galaxy BookS3 Ultra vient à bout de l’épreuve en 246 secondes, là où le MacBook Pro se défait de sa tâche en 228 secondes.
- After Effects est une autre application de la suite créative d’Adobe. Pour notre test, nous demandons à la machine de calculer le rendu d’un projet. En l’espèce, l’écart se creuse davantage, et le Mac prend le large, il est presque 50% plus rapide.
- Handbrake. Le célèbre logiciel se voit confier un encodage vidéo, le même pour chaque machine. Là encore, le MacBook Pro s’impose, un peu plus largement même. Néanmoins, il faut garder en tête que la RTX 4070 ouvre la porte au support matériel de l’AV1, et ce n’est pas un détail…
Sur secteur et sur batterie…
Pas de match, faute de combattant
D’autant que si on se tourne vers le domaine du jeu, le MacBook Pro fait tout à coup grise mine. Le nombre de AAA récents disponibles sur Mac se comptent sur les doigts d’une main… dont on n’utiliserait pas tous les doigts. Nous avons bien entendu opposé les deux machines en faisant tourner Shadow of the Tomb Raider, un de leurs amis communs – où le PC Samsung prend le large dès qu’on active le DLSS. Mais, ce n’est pas à proprement parler un titre récent… dans le monde PC. Dès lors, le Galaxy Book3 Ultra permet-il de faire tourner tous les jeux en définition native ? Plus ou moins.
Nous avons retenu quatre de nos jeux habituels : Red Dead Redemption 2, Cyberpunk 2077, Watch Dogs Legion et Assassin’s Creed Valhalla. A une exception près, le second volet de la série Watch Dogs, tous les titres cités ont tenu largement le cap des 50 images par seconde en poussant les réglages au maximum. Autant dire qu’en réduisant la qualité des effets graphiques, en se passant du ray tracing ou en insistant davantage sur le DLSS, quand c’est possible, il est donc possible de faire tourner tous les jeux les plus récents. Et pour ceux qui aiment la fluidité absolue, vous pourrez bien entendu descendre en définition. Dès que vous passez à la Full HD, tout devient fluide, et beau… Notons toutefois une petite observation, quand nous avons lancé nos jeux de tests, nous avons parfois relevé comme une lenteur au lancement, comme s’il fallait quelques secondes à la configuration pour s’ébrouer et donner sa pleine mesure.
La RTX 4070 est certes bridée, mais elle reste tout de même un des meilleurs compromis graphiques de cette génération.
S’il est difficile de totalement reprocher à Samsung ses choix en matière d’alimentation de CPU et GPU, on peut toutefois se demander si opter pour ces processeurs et cette carte graphique était le meilleur choix d’un point de vue du rapport qualité/prix. Oui, cela impressionne sur une fiche technique, mais en définitive mettre des bêtes de course tout en ne leur donnant pas le moyen de s’exprimer totalement est surprenant. D’autant qu’on ne peut s’empêcher de penser que le prix du portable aurait pu être revu à la baisse…
Une autonomie très moyenne et, loin, très loin de celles du MacBook Pro
Les quelques sacrifices réalisés par le Galaxy Book3 Ultra lui ont-ils permis de triompher de nos deux tests d’autonomie ? La réponse est simple, et c’est un double non. Non, le Galaxy Book3 Ultra ne fait pas mieux que le MacBook Pro M2 Pro que nous avons testé en début d’année. On pourrait même dire plus simplement qu’il ne boxe pas du tout dans la même catégorie. Mais plus gênant, il fait moins bien que l’autre adversaire que nous lui avons désigné, le Zenbook Pro 16X, d’Asus.
En autonomie polyvalente, le portable de Samsung tient 5h04. C’est une heure et deux minutes de moins que le portable d’Asus et dix-sept heures et quatre minutes de moins que le MacBook Pro 16 pouces 2023. Disons que si vous chérissez tout particulièrement la possibilité de travailler longtemps loin d’une prise électrique, un indice s’affiche en bas de votre écran…
Quand on compare les autonomies en streaming vidéo, le Galaxy Book3 Ultra continue sur sa lancée, avec un temps de 4h33. C’est une heure et treize minutes de moins que le Zenbook Pro 16X, et neuf heures et trente-une minutes de moins que le MacBook Pro. Là encore, un vainqueur se dégage assez rapidement de ce petit match des autonomies. On constate alors que les sacrifices faits sur la puissance n’ont pas forcément servi à offrir une autonomie de star au portable de Samsung. Certes, il fait moins bien que le roi du secteur, mais il est également 49,5% moins endurant que la moyenne des PC portables que nous avons testés ces 24 derniers mois, en autonomie polyvalente, et 43% moins endurant pour le test en streaming vidéo.
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