Sur la première partie de l’année 2024, les prix d’une Mini d’entrée de gamme, en électrique, variaient entre 34 000 et 44 000 euros. Filiale de BMW, la marque anglaise a beau produire en Chine, ses modèles coûtaient cher. Et parmi eux, il fallait faire le choix entre une petite Cooper E et un Countryman électrique devenu gigantesque. Alors, en cette seconde partie de l’année, l’heure est à une proposition intermédiaire, que ce soit en termes de prix ou de gabarit.
Mini a donc lancé la nouvelle Aceman, pour un prix à partir de 36 000 euros, et des dimensions mesurées à 4,06 m de long, là où une Cooper mesure 3,86 m et une Countryman 4,43 m. Elle arrive au bon moment, alors que l’Union européenne menace les constructeurs qui produisent en Chine. Pour éviter de voir ses prix s’envoler, Mini a tiré tous ses prix vers le bas, et ceux de la Aceman aussi. De 36 000 euros, cette dernière passe à 33 550 euros. Les Cooper E et Countryman E descendent quant à eux à 30 000 euros et 39 150 euros respectivement.
Mini a présenté la Aceman au mois d’avril dernier. Mais il aura fallu attendre le Mondial de l’automobile de Paris pour assister à son premier bain de foule, et à la fin du mois d’octobre pour que les médias puissent en livrer leurs premières sensations à son bord. Nous voici donc arrivés le jour J pour vous présenter le bilan de notre avis, après deux jours à son bord, sur les routes très planes (propres aux autonomies des voitures électriques…) du Danemark.
Les deux versions de la Mini Aceman (et les multiples packs d’options)
Comme sur ses deux autres modèles, Mini propose la Aceman en version E ou SE (celle que nous avons essayée). Celles-ci se différencient par leur motorisation et leur batterie. Pour ce troisième modèle électrique, on aura droit à une version E de équipée d’un moteur de 184 ch avec une batterie de 38,5 kWh, et une version SE avec un bloc de 218 ch et une plus grosse batterie de 49,2 kWh utilisables. Pour ces deux versions, plusieurs équipements de série sont disponibles, que voici :
Caméra de recul et radars avant et arrière, écran central OLED avec Android Auto et Car Play, volant chauffant, climatisation automatique bizone.
Du côté des finitions, Mini se prend pour une marque de prêt-à-porter et propose différents packs d’options, de la taille XS à la taille XL, dont voici le détail des équipements additionnels. Nous vous invitons à vous référer ensuite aux deux tableaux de prix affichés plus bas dans l’article pour comprendre comment Mini rend accessible ses packs d’options.
- Pack XS : sièges avant chauffants, modes de conduite, recharge des téléphones par induction, alarme antivol
- Pack S : les équipements du pack XS, avec en plus l’accès mains libres, l’affichage tête-haute, et les feux de route automatiques
- Pack M : les équipements du pack S avec en plus le toit panoramique en verre, les vitres arrière sustentées
- Pack L : les équipements du pack M avec en plus la navigation, le système HiFi Harman Kardon, la vision 360 degrés
- Pack XL : les équipements du pack M avec en plus la conduite semi-autonome de niveau 2, la caméra à bord, et le siège conducteur électrique et massant
Une Mini étroite mais sophistiquée
Avec le fait d’être une Mini « intermédiaire », que ce soit en termes de dimensions ou de prix, la nouvelle Aceman se présente comme un petit SUV étroit, mais sophistiqué. Étroit, car dès les premières secondes à bord, y compris à l’arrêt, on se sent bien à bord d’une Mini, avec un style qui maximise l’habitabilité dans un petit espace, mais qui est aussi étriqué. Heureusement, les rangements sont assez nombreux, et pour être assez frais, l’habitacle est aussi fonctionnel.
En revanche, une fois sur les sièges arrière, on aura forcément moins de place que dans une Countryman. Le vrai gain se fait face à la Cooper, qui se limite à une longueur de 3,86 m et rencontre les mêmes problèmes d’habitabilité que la majeure partie des modèles concurrents, y et notamment la nouvelle R5 E-Tech chez Renault, avec des sièges arrière qui ne peuvent pas accueillir deux adultes si facilement. Ce n’est pas surprenant que l’on retrouve un coffre de seulement 300 litres.
Sophistiquée, la Mini l’est toujours avec son nouveau design apparu sur la Cooper et repris sur la Countryman. En 2024, la nouvelle gamme électrique réussit plutôt bien sa modernisation des lignes, que ce soit avec l’évolution de la signature lumineuse (à l’avant de la Aceman, les feux sont plus anguleux, comme sur la Countryman) et l’utilisation des LED. À bord, l’écran central réussit parfaitement son évolution stylistique, en restant circulaire, mais avec un aspect bien moins « pèse personne » qu’il ne l’était avant.
Avec l’utilisation des matériaux, Mini réussit à proposer quelque chose de différent face à la concurrence. Il est vrai que cet habitacle l’est réellement, différent. Mais gare à ne pas être séduit trop vite. Comme sur le Countryman, le tout reste assez « intermédiaire », avec des parties plus fragiles que d’autres, comme au niveau des poignées de porte internes ou des lève-vitres. On se satisfera surtout de l’épaisseur du volant, inédite sur ce genre de modèles, du bouton d’allumage du moteur ou encore du sélecteur des « expériences » de conduite.
Pour ne rien changer à la Countryman, l’écran est toujours garni d’une résolution impressionnante. Les bordures sont très fines, signe d’un écran maximisant l’espace disponible sur la dalle, de quoi lui donner un aspect vraiment premium. Malgré tout, l’ergonomie est limite, et l’optimisation s’arrête à partir de l’installation de Car Play (ou Android Auto). La puissance graphique semble aussi trop importante face aux ressources délivrées par l’ordinateur de bord. Quelques lenteurs sont donc à prévoir, surtout par temps chaud ou en chargeant des animations trop importantes.
Du côté des technologies intégrées, Mini reste là aussi « intermédiaire ». Par exemple, l’option pour un siège électrique n’est disponible que pour le siège conducteur. Du côté de l’affichage tête haute, on ne pourra pas directement avoir les informations affichées sur le pare-brise, mais sur un petit rectangle de verre placé derrière le volant. Ce n’est pas mauvais, mais pas optimal pour ne vraiment pas quitter la route des yeux.
Comme chez la concurrence, l’autonomie est problématique
Proche cousin du X1, Mini profite toujours de BMW pour ses plateformes techniques. Des châssis que le groupe allemand partage avec Great Wall Motor, avec lequel il fondait une coentreprise en fin d’année 2019 pour préparer ces nouvelles voitures électriques produites en Chine. Sur la Aceman, le constat est le même que sur la Countryman. Autrement dit, l’amortissement s’avère toujours assez ferme, comme sur les SUV BMW, mais le rendu est moins problématique que sur une iX2. Sous les 50 km/h, on ressent toujours bien les irrégularités, mais pas de quoi vraiment poser problème.
La Mini Aceman est plus légère qu’une Countryman, avec une masse sous les 2 tonnes (entre 1720 et 1825 kg), là où le plus gros SUV électrique de Mini atteint 2075 kg. Sur la route, la voiture est donc plus maniable, d’autant plus qu’elle est toujours bien équilibrée. Côté maniabilité, elle n’est pourtant pas une référence. En ville, son rayon de braquage est légèrement meilleur qu’une Countryman, à 11,1 m contre 11,5 m, mais bien en deçà des références du marché qui se rapproche des 10 mètres (10,3 m pour la R5 E-Tech et 10,4 m pour la Peugeot e-208 et 10,5 m pour une Peugeot e-308 et pour le Jeep Avenger).
Côté autonomie et consommation, l’aspect familial et baroudeur du Mini Aceman risque de vous méprendre. Non, il ne faudra pas compter sur plus de 400 kilomètres avec une charge. La petite batterie de 38,5 kWh reliée au moteur de 184 ch ne permettra pas de dépasser les 300 kilomètres, et celle de 49,5 kWh avec le moteur de 218 ch atteindra tout juste 350 kilomètres dans les meilleures conditions.
Mini indique des autonomies WLTP de respectivement 14,7 kWh en été, mais il faudra plutôt compter sur du 16 voire 17 kWh. En hiver, les 20 kWh seront facilement atteignables, réduisant encore l’autonomie aux alentours de 240 kilomètres, et ce avec la Mini Aceman SE et sa plus grosse batterie. Vous ne trouvez pas ça suffisant ? Malheureusement, on ne trouvera pas mieux ailleurs. Ni Peugeot, ni Renault ni Jeep ou encore Alfa Romeo ne permettent d’aller au-delà. Volvo et son EX30, très populaire, pourront faire mieux, mais le SUV compact suédois s’essouffle aussi avec des consommations très (trop) élevées.
Plus proche d’une Cooper que d’une Countryman sur la partie recharge, la Aceman ne fait pas la fière une fois branchée à une prise en courant continu. Ne comptez pas plus de 75 kW en puissance crête pour la Mini Aceman E, et 95 kW pour la Aceman SE, notre version d’essai. En termes de durée, cela correspondra au minimum 28 minutes sur la Aceman E et 30 minutes sur la Aceman SE, pour passer de 10 à 80 %. Les batteries ne sont pas très grosses, mais sans dépasser les 100 kW, difficile de ne pas voir le manque d’autonomie.
Mini, la Chine, et la baisse des prix du Aceman
Alors avec un style plus premium et des matériaux plus cossus, pourquoi ne pas choisir la Mini ? La question se pose, et il semblerait que le marché des voitures électriques n’ait pas encore trouvé de constructeur prêt à prendre le dessus, en maximisant l’autonomie. Les prix de la Mini Aceman, cela dit, peuvent être largement concurrencés. Le groupe Stellantis, en tête de fil, propose son Jeep Avenger à partir de 24 500 euros, et la ë-C3 est désormais accessible avec un prix d’entrée de 23 300 euros.
Chez Renault, on ne démarre pas encore à moins de 25 000 euros mais la première version de la R5 E-Tech est à 27 990 euros, auquel il faut déduire 4 000 euros de bonus. Bonus que la Mini Aceman, produite en Chine, ne peut proposer à ses clients, qui devront payer le prix « fort » de la voiture électrique. Pour éviter de se faire trop distancer, à l’heure où la clientèle détourne le regard sur l’électrique, Mini a expliqué avoir changé son modèle d’agence, de quoi baisser le prix de la Aceman de 36 000 à 33 550 euros.
Prix de la Mini Aceman E (octobre 2024) :
Mini Aceman E | Essential | Classic | Favoured |
Base | 33 550 € | ||
Pack XS | 34 740 € | ||
Pack S | 37 300 € | ||
Pack M | 38 965 € | ||
Pack L | 38 560 € | 39 640 € |
Prix de la Mini Aceman SE (octobre 2024) :
Mini Aceman SE | Essential | Classic | Favoured |
Base | 37 350 € | ||
Pack XS | 38 540 € | ||
Pack S | |||
Pack M | 41 685 € | 42 765 € | |
Pack L | |||
Pack XL | 43 980 € | 45 060 € |
Pour comprendre le changement : Mini suit la même stratégie que Tesla, ou encore Dacia, à savoir ne plus laisser ses concessions acheter les stocks et se débrouiller ensuite pour les revendre, en jouant sur des remises. Désormais, Mini facture au client final, avec un tarif fixe, plus propice à la vente en ligne (ou le leasing). Les prix sont donc tous les mêmes. À la revente, le client peut aussi être gagnant, avec une décote moins élevée sur des modèles suivant cette logique tarifaire que ceux disposant de remises.
Pour la version de notre essai, la Mini Aceman SE, il faudra tout de même compter sur un tarif de de 37 350 euros, et une baisse de seulement 2 650 euros par rapport à l’ancien prix dévoilé avant l’été. Nous ne sommes donc plus très loin d’une Countryman à 39 150 euros, d’autant plus que ce modèle, produit en Allemagne à Leipzig, profite lui du bonus écologique. Il en revient donc moins cher dans sa version E, avec le petit moteur, qu’une Aceman SE. La variance SE et ses 4 roues motrices est quant à elle à 44 150 euros, soit 40 150 euros avec le bonus.
Bilan : notre avis sur la Mini Aceman
Il y a quatre ans, quand Mini dévoilait sa première Cooper électrique, on se questionnait avant tout sur la capacité de BMW à garantir l’ADN de la marque, en matière de conduite. Désormais, c’est avec une gamme complète de trois modèles dont il est question, et des volumes bien plus importants qu’avec le gabarit de la Cooper. L’idée n’est donc plus de proposer des voitures compactes et joueuses, mais plutôt d’un style, d’une originalité, et d’un aspect premium partagé avec la maison-mère BMW.
Cependant, la difficulté de produire pour moins cher et les investissements monstres que demandent l’électrique pour les constructeurs ont poussé le groupe allemand à se tourner vers la Chine fin 2019, et d’aboutir à la plateforme que l’on trouve sur la nouvelle Mini Aceman. Une plateforme qui l’a poussé à produire en Chine aussi, et se condamner à ne pas profiter du bonus écologique, et du risque particulièrement pesant, dans les jours qui suivent, à ce que Mini soit aussi touché par la hausse des frais douaniers de l’Union européenne.
Au final, on se retrouve avec une Aceman assez intermédiaire, qui cherche à faire différent et premium, mais qui n’hésite pas non plus à gratter quelques économies. Une Aceman qui malgré ses prix et sa familiarité avec BMW, n’a pas trouvé de réponse à la question de l’autonomie, pour les véhicules de moins de 4,30 m. En vue de ses tarifs, c’est aussi avec ses deux soeurs qu’elle sera en concurrence. Pour 3000 euros de plus ou de moins, Mini propose un modèle plus propice en ville, et un modèle plus propice aux familles.
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