Une drôle d’histoire est arrivée au groupe français Valeo. En mars 2022, Mohammad Moniruzzaman, un ancien ingénieur de l’équipementier travaillant désormais pour Nvidia, participait à une réunion vidéo entre des collègues de son nouvel employeur et une équipe de la branche allemande de Valeo. Les deux entreprises étaient sous contrat en tant que fournisseurs sur un projet d’assistance à la conduite et au stationnement pour un constructeur de pièces automobiles.
La boulette
Mais voilà : pendant la vidéoconférence, l’ingénieur a partagé son écran sur lequel se trouvait une présentation PowerPoint contenant des fichiers de code source de… son ancien employeur. Il a rapidement fermé la fenêtre mais c’était trop tard : les participants de Valeo avaient reconnu le code (qui concernait des technologies de robocar) et ont pris tout de suite une capture d’écran du flagrant délit. Oups.
Valeo a porté plainte en Allemagne contre Nvidia. Lorsque la police a perquisitionné le domicile de Mohammad Moniruzzaman, les enquêteurs y ont trouvé du matériel et des documents provenant de Valeo, ces derniers étant même accrochés aux murs de son bureau. Signe que ces informations servaient de références constantes pour son travail chez Nvidia…
D’après Valeo, l’ex ingénieur aurait siphonné des centaines de milliers de fichiers et 6 Go de données juste avant son départ, en 2021. Il aurait ensuite tenté de cacher son méfait en supprimant l’accès à son compte personnel sur le réseau de la société.
Pour sa défense, il a précisé que le code source en question était stocké sur son ordinateur portable et qu’il ne l’avait pas partagé avec son nouvel employeur. Nvidia a également assuré qu’il n’avait pas accès à la propriété intellectuelle de Valeo. Rien n’y a fait, puisqu’une cour de Stuttgart l’a condamné en septembre à une amende de 14 400 €.
Et Valeo n’en a pas terminé avec cette histoire. L’entreprise a en effet porté plainte contre Nvidia, cette fois en Californie, expliquant que la conduite de Moniruzzaman a fourni au constructeur de cartes graphiques et spécialiste de l’IA un « avantage illégitime ». Nvidia s’intéresse au secteur automobile depuis 2015, tandis que Valeo est un maillon incontournable de la chaîne industrielle automobile depuis toujours.
« Les tentatives de Nvidia de “prendre un raccourci” vers le marché en exploitant les logiciels volés à Valeo rendent les investissements dans la technologie inutiles, et nuisent à l’innovation », selon le plaignant.
Durant la procédure allemande, Nvidia avait indiqué qu’il n’existait aucun intérêt de sa part pour le code informatique de Valeo. Nul doute que cet argument va resservir devant la justice américaine.
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Source : Bloomberg
Et nul doute que la justice américaine donnera tort à Valeo…