Depuis l’iPhone 4, Apple s’est imposé comme LE smartphone de référence pour la photo, y compris parmi certains pros. Entre Teru Kuwayama qui photographiait les militaires US en Afghanistan en 2011 (iPhone 4) ou Ben Lowy qui signait en 2012 la première couverture de Time Magazine réalisée avec un smartphone (iPhone 4S), nombreuses sont les signatures qui ont donné leurs lettres de noblesse au module caméra du smartphone à la pomme. Chaque nouvelle mouture est ainsi scrupuleusement examinée et attendue non seulement par le commun des mortels mais aussi par les pros, pour qui le meilleur appareil photo est « celui qu’on a toujours sur soi ».
50% de définition en plus
Outre la vidéo 4K et autres fanfreluches, la vraie nouveauté de ce module caméra réside bien dans la définition du capteur qui passe enfin le cap des 8 Mpix pour passer à 12 Mpix – après 4 générations, il était temps ! Conçu à priori par Sony comme tous les capteurs précédents depuis l’iPhone 4, ce nouveau composant offre les mêmes dimensions que la génération précédente puisqu’il est au format 1/3.0 pouce – soit 4,89 x 3,67 mm. En conséquence les photosites sont plus petits, ne mesurant plus que 1,12 micron contre 1,5 micron pour la génération 6.
Le capteur est toujours au ratio 4/3 quand de nombreux concurrents ont basculé vers le 16/9e natif, tels le LG G4 ou la série Galaxy S6/Edge/Edge Plus. De ce côté-là c’est une question de goût, mais il faut souligner que ces concurrents offrent une définition 30% supérieure à celle de l’iPhone. Si le format 4/3 est mieux adapté à un recadrage carré 1:1 (Instagram, etc.) du fait de la moindre perte de matière sur les côtés, les capteurs 16/9 sont performants pour les paysages.
La même optique
Optique de 29 mm, ouverture à f/2.2… cette nouvelle fournée est identique à celle de la génération précédente. Apple n’a pas trop poussé dans le grand angle, ce qui n’est pas une mauvaise chose, mais on regrette le manque d’ambition en termes de luminosité : la concurrence propose des modèles qui ouvrent à f/1.8, un gain non négligeable en basses lumières par rapport à f/2.2, surtout pour les petits capteurs de smartphones. Si on peut passer l’éponge concernant l’ouverture, nous mettons cependant en cause la qualité des lentilles, tant les clichés manquent de relief par rapport à la concurrence (lire plus loin).
La série « S » est une série intermédiaire, il est certain qu’Apple garde des technos sous le coude pour justifier le passage en version 7 l’an prochain. Une piste qui paraîtrait évidente serait l’intégration d’une optique plus lumineuse et/ou d’un capteur plus grand. Les deux éléments étant compatibles : le module caméra (optique + capteur) du Samsung Galaxy S6 profite à la fois d’un capteur plus grand et d’une optique plus lumineuse (f/1.9).
Le piège des basses lumières
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Les iPhone 6S/6S Plus offrent 50% de pixels en plus que les iPhone 6/6 Plus. Si ce gain de définition offre plus de marge pour recadrer et favorise les plus grands tirages il n’y a, au final, pas de différence majeure en termes de qualité d’image. Au mieux plus de matière, mais c’est tout. En basses lumières, l’iPhone 6S Plus produit des images certes plus grandes mais plus bruitées que l’iPhone 6 Plus de l’an dernier. Le prix à payer quand on met autant de pixels et qu’on ne travaille pas assez son optique.
Là où ça fait mal, c’est quand on le compare à la concurrence, comme les Samsung Galaxy S6 Edge/Edge Plus et le OnePlus Two.
La concurrence fait mieux
C’est un petit coup de tonnerre : les nouveaux iPhone 6S/6S Plus se font dominer en photo. Non seulement en termes de définition, mais aussi en termes de précision de l’image et, dans une certaine mesure, en intelligence. Sur ce cliché pris en mode auto (3 images successives) à aucun moment l’iPhone 6S ne détecte le visage de la poupée, pourtant premier plan d’importance avec sa tête humaine. A contrario, le One Plus Two dispose d’une détection des visages et a fait le point comme un chef sur le visage.
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Côté détails, le One Plus Two mais aussi les Galaxy S6 ou le LG G4 infligent une correction aux nouveaux iPhone. Le piqué d’image du One Plus Two – cette capacité à souligner les détails et rendre le relief des scènes – est à des années-lumière de l’iPhone 6S dont les clichés sont bien trop lissés, bien trop plats. Et quand le One Plus Two souffre à peine du moiré, l’iPhone 6S présente bien plus d’artéfacts colorés. On apprécie toujours le rendu des couleurs « à l’occidentale » c’est-à-dire un peu chaud et doux, quand nombre de marques asiatiques ont tendance à rendre des tons plus froids et aux contours acérés.
S’il est loin d’être ridicule et sera sans doute l’arme de choix de nombreux photographes, il faut bien admettre que techniquement l’iPhone 6 n’a pas mis le paquet.
Autofocus : rien ne change (vraiment)
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Le système de mise au point de la série « 6S » est le même que celui de la précédente génération, à savoir un autofocus hybride couplant corrélation de phase et détection de contraste. Apple annonce avoir ajouté 50% de pixels en plus pour la corrélation de phase ce qui est… logique, puisque le capteur est 50% plus dense en pixels. Toujours se méfier des effets d’annonce.
Dans les faits, la vitesse d’autofocus des iPhone 6S & 6S Plus nous a paru similaire à la génération précédente, toujours très réactif quitte à débiter des clichés flous – un bon point pour nous qui fait primer l’action. Attention cependant au taux de déchets ! Car « oui » un iPhone 6/6S peut rater la mise au point d’un sujet même en plein jour sur un sujet immobile, notamment en mode pseudo-macro.
Dans l’exemple ci-dessus, le collimateur d’AF de l’iPhone 6S indiquait clairement que la fleur était nette ce qui n’a jamais été le cas sur nos trois prises de vue – la zone de mise au point est légèrement derrière le sujet (la fleur) que nous avons pointé.
Flash optimisé peaux-blanches
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Comme la génération précédente, le flash principal estampillé « True Tone » est efficace et arrive assez bien à conserver la tonalité de la carnation sur les peaux claires. Sur ce premier portrait, le True Tone rattrape bien l’éclairage jaunâtre de notre labo et ne surexpose pas trop les arcades sourcilières de notre estimé camarade Aymeric.
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Sur Moustapha et sa peau plus sombre en revanche, le résultat est moins brillant : pourtant shooté à la même distance et à la même hauteur (au niveau des yeux), le flash corrige assez mal le jaune de l’éclairage et surexpose le triangle nez + arcades sourcilières. S’il ne faut pas généraliser, il semblerait que les peaux claires soient mieux prises en charge dans ce cas-là – et c’était déjà le cas du temps de la pellicule (lire How photography was optimized for white skin).
Et l’écran se fit flash
Comme nombre de petites améliorations chez Apple, l’idée d’utiliser l’écran comme flash en mode autoportrait est toute bête, mais drôlement maligne. Dans les faits, cette astuce s’avère logiquement moins efficace qu’un flash dédié mais cela permet de relever les ombres, notamment autour des yeux ce qui est clairement le but recherché.
Vidéo : la 4K qui ne chauffe pas (trop)
Réputé pour la simplicité d’utilisation de ses produits, Apple nous a fait une belle bourde avec cet iPhone 6S. Impossible en effet de changer le type de format vidéo – HD, Full HD ou 4K – dans l’application de prise de vue. Non, il faut aller dans le menu Réglages (l’icône en forme de roue dentée), puis faire défiler jusqu’au 6e groupe d’applications et choisir « Photos et appareil photo », faire défiler jusqu’à « Appareil photo » et choisir « Enregistrement vidéo ». On trouvera toujours un représentant d’Apple pour nous justifier la chose, nous on trouve que c’est idiot.
Pour se rattraper, le géant californien a tout de même soigné la partie technique puisque non seulement l’encodage est plutôt bon, mais surtout l’appareil chauffe peu – contrairement à certains compétiteurs. Dans cette définition le poids des vidéos est plus conséquent qu’en Full HD : 375 Mo/s pour de la 4K à 24 i/s contre 200 Mo en 1080p à 60i/s. Avec 5,6 Go pour un quart d’heure de tournage, il conviendra de penser à vider régulièrement son smartphone pour ne pas qu’il explose (c’est une image).
Notons que si la stabilisation optique a un effet assez marginal en photo chez l’iPhone – ce n’est pas le cas chez les vrais appareils photos, où elle est souvent indispensable –, elle est en revanche très efficace en mode vidéo. Si vous comptez filmer avec un iPhone et que vous ne recherchez pas à tout prix l’aspect « secoué » des images amateurs, alors la version 6S Plus est obligatoire. Les fichiers sont plus fluides, plus nets, génèrent moins d’effet de nausée dans le cas d’une séquence très remuante.
Plus que la somme des parties
L’iPhone 6S a de la chance : des millions de photographes ont l’habitude des terminaux à la pomme. Et comme le niveau de qualité suffisante a déjà été largement atteint, que nombreux de photographes talentueux sont habitués à l’engin (c’est le photographe qui fait la photo, pas l’appareil), il va sans dire que cette nouvelle génération de smartphone va être à l’origine de millions de très bonnes images. La qualité des couleurs et la vitesse de l’AF sont des éléments suffisants pour faire de cet iPhone un succès auprès des photographes. Et donc un succès tout court.
Ce succès, prévisible, ne doit pas occulter la réalité technique : Apple a perdu le leadership en photo et ses nouveaux terminaux sont inférieurs à plusieurs terminaux Android haut de gamme. Mais si la domination technique suffisait à gagner, on le saurait…
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