En regardant la conférence de présentation du Mate 40 Pro, difficile de ne pas ressentir une atmosphère particulière. En raison des nouvelles restrictions anti-Huawei promulguées par l’administration Trump, ce smartphone pourrait bien être le dernier développé par la marque à faire appel à des technologies américaines (même au travers d’entreprises tierces, comme MediaTek pour les processeurs). Pour terminer cette phase de son histoire en beauté, en espérant sans doute un changement de locataire à la Maison Blanche et un assouplissement des sanctions dans les prochains mois, Huawei a décidé de nous montrer ce dont il est capable. Le Mate 40 Pro impressionne par sa capacité à innover… tout en revenant sur les erreurs des années précédentes.
Gamme Mate 40 : deux retours en arrière bienvenus
En effet, à notre grande surprise, Huawei a décidé de revenir sur deux points qui avaient fait couler de l’encre en matière d’équipement sur ses précédents smartphones haut de gamme. Avec le Mate 30 Pro l’an passé, la marque avait notamment fait le choix de sacrifier les touches de volume au profit d’un contrôle tactile. Cela permettait à l’écran OLED du smartphone de battre des records d’incurvation… mais compliquait la prise en main. Les boutons de volume sont de retour cette année et, bonne nouvelle pour les fans du réglage tactile, on peut toujours ajuster le son en appuyant rapidement deux fois sur le bord de l’écran.
Autre retour en arrière que nous n’avions pas pu venir (mais qui nous réjouit), Huawei abandonne son prometteur mais décevant système de diffusion du son à travers l’écran. À cause de ce dernier, la qualité des haut-parleurs des Mate 30 et P40 était vraiment moyenne selon nous. De très classiques mais efficaces haut-parleurs stéréo font leur retour cette année. Le premier se situe au bas de l’appareil, le second est positionné juste au-dessus de l’écran. Le son est enfin à la hauteur de nos espérance et on peut téléphoner sans s’abîmer les oreilles.
Un écran toujours aussi impressionnant
En offrant une seconde chance aux boutons de volume, Huawei a logiquement dû réduire la courbure de l’écran de son Mate 40 Pro. On rassure néanmoins les amateurs de ce genre de design, le nouveau smartphone de la marque chinoise reste bien plus incurvé que la plupart de ses concurrents (il plonge même à 88 degrés selon Huawei). Certains détesteront, d’autres adoreront.
D’une diagonale de 6,76 pouces, l’écran OLED du Mate 40 Pro est un pur chef d’œuvre. Si son taux de rafraîchissement ne dépasse pas les 90 Hz, on ne peut qu’apprécier sa beauté une fois en main. Ses bordures sont quasiment invisibles. En revanche, et c’est peut-être une des premières conséquences du bannissement américain, la dalle choisie par le constructeur n’est pas aussi lumineuse que celles des générations passées. Notre laboratoire n’a pas réussi à dépasser les 562 cd/m2 avec le Mate 40 Pro alors que le Mate 30 Pro montait autrefois à 688 cd/m2. Face à des Galaxy haut de gamme à plus de 1000 cd/m2, cela fait forcément tâche. Notre test complet reviendra sur cet aspect plus longuement.
En revanche, côté fidélité des couleurs, les ingénieurs de Huawei se sont surpassés cette année. Notre laboratoire a mesuré un Delta E de 1,43 sans toucher aux réglages, ce qui place le Mate 40 Pro parmi les appareils avec un écran OLED qui restitue les couleurs, de la façon la plus fidèle qui soit, à la réalité.
Kirin 9000, le SoC ultime gravé en 5 nm ?
Niveau 5G, Huawei est sans conteste le meilleur. S’il nous est aujourd’hui impossible de tester ce réseau en France faute d’antennes compatibles, nous nous contenterons donc de relayer les promesses du constructeur. Selon lui, le nouveau modem 5G intégré à son SoC Kirin 9000 est deux fois plus rapide, tout en étant plus économe. Voilà un point que nous avons pu vérifier hors 5G. Les 16h33 qu’a résisté l’appareil à notre test d’autonomie polyvalente le placent en effet parmi les smartphones haut de gamme 5G les plus endurants du marché (batterie de 4400 mAh). Seuls quelques appareils comme le Google Pixel 4a 5G (19h02) et l’iPhone 12 Pro (17h46) font mieux.
Le nouveau Kirin 9000 est aussi plus puissant. Gravé en 5 nm (comme la puce A14 Bionic des iPhone), ce processeur est plus puissant que le Snapdragon 865 Plus selon nos premiers tests de benchmark. Nous reviendrons sur ses capacités, dans le cadre d’un usage avancé, dans notre test complet. Sachez cependant que cette puce se compose de quatre cœurs ARM Cortex-A55 et de quatre coeurs ARM Cortex-A77. Côté performances graphiques, c’est la puce Mali-G78 qui est à la manoeuvre au sein du Kirin 9000.
En Europe, le Huawei Mate 40 Pro est équipé de 8 Go de RAM et de 256 Go de stockage extensible par carte Nano Memory SD. Le smartphone est aussi compatible Wi-Fi 6.
Recharge ulra-rapide : Huawei concurrence Oppo
Voilà un point sur lequel Huawei se montrait encore assez timide jusqu’à maintenant, la recharge ultra-rapide. Avec son Mate 40 Pro, la marque chinoise passe à son tour au chargeur de 66W en filaire… une technologie qu’il ne maîtrise pas encore tout à fait selon notre laboratoire. En effet, la courbe de recharge du Mate 40 Pro n’est pas du tout stable. Le Mate 40 Pro récupère beaucoup d’énergie, fait une pause et reprend. La marque chinoise tente sans doute de préserver la durée de vie de sa batterie mais, en conséquence, a besoin de 44 minutes pour recharger intégralement son nouveau smartphone. On reste loin des 30 minutes d’Oppo. En 9 minutes, on atteint tout de même les 40%. C’est à partir de ce moment-là que la charge connaît quelques soubresauts.
En recharge sans-fil aussi, Huawei progresse aussi. L’appareil peut supporter une puissance de 50W et chargerait 85% plus rapidement que son prédécesseur, selon son fabricant.
Photo : design et polyvalence au rendez-vous
Au dos du Mate 40 Pro, on trouve le dispositif photo que Huawei qualifie de « Space Ring ». Ce nouveau design circulaire, qui nous rappelle les iPod à leur grande époque, permet de dissimuler avec beaucoup d’élégance les objectifs de l’appareil. Il abrite un triple module caméra (ça parait presque peu pour Huawei mais nous sommes heureux de le voir se contenter du nécessaire) avec un objectif ouvrant à f/1.9, associé à un capteur principal de 50 Mpix similaire à celui du P40 Pro (SuperSpectrum), un téléobjectif ouvrant à f/3.4 pour un zoom optique x5 lui aussi similaire à celui du P40 Pro (capteur de 12 Mpix) et un ultra grand-angle ouvrant à f/1.8. Dédié à la vidéo, ce dernier utilise un capteur de 20 Mpix, pour le coup inédit. Grâce à un nouveau système nommé « XD Fusion HDR », il propose selon Huawei le meilleur enregistrement HDR pour un smartphone. Enfin, un autofocus laser permet d’améliorer le tout.
À l’avant, le Mate 40 Pro dispose d’un double module caméra dans un poinçon avec, d’abord, un capteur 13 Mpix dédié aux selfies (en ultra grand-angle) et un capteur 3D pour la reconnaissance faciale et la détection de mouvements.
Nous vous proposerons une analyse plus poussée des capacités photo/vidéo du Huawei Mate 40 Pro dans les prochains jours.
Toujours le problème épineux du logiciel
Enfin, sans donner un avis sur la question (nous analyserons tout cela dans notre test complet), rappelons que le Mate 40 Pro est livré sous une version open source d’Android sans services Google. Huawei a beau bien avoir amélioré son écosystème depuis l’an passé (avec un nouvel AppGallery disponible dès aujourd’hui notamment), son smartphone ne peut malheureusement se destiner à tous les utilisateurs. Pour 1199 euros, seuls les geeks ou les fans de la marque cèderont aux sirènes du Mate 40 les yeux fermés.
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