Nous aurions aimé tester le Mate 30 Pro dans d’autres conditions. Annoncé en septembre, le nouveau smartphone de Huawei embarque des composants susceptibles de faire rêver tout fan de nouvelles technologies. Écran ultra-incurvé, quadruple module caméra avec deux capteurs géants, recharge ultra-rapide, reconnaissance faciale 3D, nouveau processeur Kirin 990… Le Huawei Mate 30 Pro a, sur le papier, tout pour plaire.
Malheureusement pour la marque chinoise, tout ne s’est pas passé comme prévu. Victime des tensions politico-économiques entre les États-Unis et la Chine, le Huawei Mate 30 Pro part fortement handicapé d’un point de vue logiciel. C’est AOSP, la version open-source d’Android que l’on retrouve sur cet appareil… sans services Google. Adieu Play Store, adieu YouTube et adieu toutes les applications qui utilisent des API Google. L’excellence matérielle de Huawei suffit-elle à compenser ces déficiences logicielles ? 01net.com a testé le Huawei Mate 30 Pro, commercialisé au tarif fort de 1099 euros.
Un écran incurvé proche de l’œuvre d’art
Il faudrait être aveugle pour ne pas admettre la beauté du Mate 30 Pro. Au fur et à mesure des années, Huawei est passé de suiveur à modèle. Son nouveau smartphone se paye même le luxe d’introduire un nouveau type d’écran, l’ultra-incurvé. Ce dernier semble plonger telle une cascade à gauche et à droite de l’appareil et offre une immersion sans équivalent. En main, c’est la première fois que l’on a véritablement l’impression de ne tenir qu’un écran. Les bordures ont bel et bien disparu.
Là où les mauvaises langues imaginent qu’un tel design ne peut apporter que des contraintes à l’utilisation, Huawei réussit à nous prouver le contraire. À notre grande surprise, le smartphone ne se laisse pas piéger au niveau des interactions avec la paume de la main. Nous n’avons expérimenté que très peu d’appuis ayant lancé accidentellement des applis ou ouvert des menus, lors de notre test du Mate 30 Pro, preuve que l’entreprise chinoise a particulièrement soigné ce point. Nous avions gardé un moins bon souvenir du P30 Pro… pourtant moins incurvé.
Pour arriver à un tel niveau de courbure, Huawei a néanmoins dû faire quelques concessions. Le Mate 30 Pro ne dispose pas de boutons physiques pour le contrôle du volume. ils sont remplacé par un contrôle tactile. Il faut tapoter deux fois sur un bord de l’appareil pour faire apparaître un curseur correspondant au volume. Sommes-nous convaincus ? Oui et non. Si ce contrôle tactile marche très bien la plupart du temps, il est quasiment inutilisable en extérieur quand il fait trop froid ou que vous portez des gants. La possibilité de pouvoir baisser le son depuis la poche fait cruellement défaut, surtout à l’heure des écouteurs sans-fil.
Autre sacrifice lié à l’écran ultra incurvé, le bouton de déverrouillage se trouve pratiquement au dos du smartphone. Il est quasiment impossible de placer le Mate 30 Pro sur un support pour vélo sans l’éteindre par erreur… C’est très agaçant. D’ailleurs, pour prendre une capture d’écran, adieu la combinaison de touches, il faut désormais faire confiance à l’écran tactile. Il suffit de toquer sur ce dernier comme s’il s’agissait d’une porte pour faire une capture. Ça marche… mais pas à tous les coups.
De l’OLED dans la lignée du P30 Pro
Par son caractère incurvé, l’écran du Mate 30 Pro nous a donc conquis. Est-il aussi impressionnant techniquement qu’il l’est esthétiquement ? La réponse est oui. Selon les mesures de notre laboratoire, l’écran OLED de 6,53 pouces du Huawei Mate 30 Pro fait bel et bien partie des plus performants du marché. Sa luminosité maximale de 688 cd/m2 (on peut pousser jusqu’à 753 cd/m2 grâce à un mode boost qui s’active automatiquement en plein soleil) le place au même niveau que le P30 Pro sorti en avril, un smartphone qui nous avait déjà impressionné. Huawei reste néanmoins derrière l’iPhone 11 Pro (813 cd/m2) et le Galaxy S10+ (733 cd/m2).
Les couleurs affichées par ce smartphone sont également très justes, y compris sur les zones incurvées. Les mesures effectuées par notre laboratoire dévoilent un Delta E par défaut de 3,71 et en basculant l’affichage sur le mode « normal » de 2,14. Rappelons que plus cette valeur approche zéro, plus les couleurs affichées sont fidèles. Là-encore, Huawei reste derrière Apple et Samsung, les deux références du marché.
Dernière précision, le Mate 30 Pro ne dispose pas d’un écran de définition Quad HD+. C’est une des rares régressions de ce modèle par rapport à son prédécesseur, Huawei retourne au Full HD+ (2400×1176). Tant mieux pour la batterie, tant pis pour les clients les plus exigeants.
Quelques regrets tout de même
Vous l’aurez certainement compris, le design du Huawei Mate 30 Pro constitue, selon nous, l’une de ses plus grandes forces. Seul son quadruple module caméra circulaire (sur lequel nous reviendrons plus tard) divise au sein de la rédaction de 01net.com. Nous ne sommes pas tous non plus adeptes de sa large encoche qui, certes, embarque un système de reconnaissance faciale 3D très rapide mais occupe surtout beaucoup d’espace. Huawei a d’ailleurs fait le choix de ne pas inclure de grille du haut-parleur pour les appels et d’utiliser une technologie de transmission du son par l’écran. Celle-ci est aussi impressionnante que contraignante. Lorsque vous regardez des films ou écoutez de la musique, l’effet stéréo est grotesque et le son semble extrêmement étouffé. Ce n’est pas digne d’un smartphone à plus de 1000 euros. À noter que le P30 Pro utilise déjà un tel système mais revêt une encoche bien plus petite. Nous l’excusons donc plus facilement.
Kirin 990 : plus puissant que le Snapdragon 855
Ce nouveau Huawei Mate 30 Pro est aussi le premier à introduire un nouveau processeur, le Kirin 990 gravé en 7 nm. Si ce dernier est censé rivaliser avec le Snapdragon 865 de Qualcomm (qui débarquera en 2020), nos tests remarquent surtout que cette nouvelle puce ne dépasse que de très peu le Snapdragon 855 de 2019. Nous avons donc affaire à une puce haut de gamme extrêmement performante… qui sera vite surpassée. Cela sera-t-il gênant pour les utilisateurs ? Certainement pas. Le Huawei Mate 30 Pro est une bête de course et devrait pouvoir faire tourner tout type de logiciel sans problème (à condition qu’ils n’utilisent pas d’APIs Google bien sûr…)
À lire aussi : Nos tests de performance complets du Huawei Mate 30 Pro
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Sous EMUI 10, le Huawei Mate 30 Pro bénéficie d’une interface logicielle aussi épurée qu’efficace. Encore une fois, il ne lui manque que Google.
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Une des meilleures autonomies du marché
Ces derniers mois, l’autonomie des smartphones haut de gamme a connu une forte progression. Les constructeurs semblent avoir trouvé un moyen d’optimiser au maximum leurs appareils et n’ont plus peur d’intégrer des batteries très hautes capacités quitte à sacrifier la légèreté.
Avec sa batterie de 4500 mAh, le Huawei Mate 30 Pro ne déroge pas à cette règle et obtient de très bonnes notes aux tests d’autonomie de 01net.com. Son autonomie polyvalente est de 15h33, son autonomie en streaming vidéo de 12h25 tandis que son autonomie en communication est de 18h40. Notons que ces résultats lui aurait permis d’être le smartphone le plus endurant il y a encore un an. Mais aujourd’hui, il n’intègre même pas notre top 10. C’est bien la preuve que le marché a évolué.
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En termes de recharge, Huawei fait très fort avec son Mate 30 Pro. Le chargeur de 40W fournie par la marque lui permet de passer de 0 à 100% d’autonomie en 1h17, ce qui a de quoi impressionner au vu de la capacité monstre de sa batterie. En 27 minutes, on récupère 50% d’autonomie. Le smartphone est aussi compatible avec la recharge sans-fil rapide (27 W) et la recharge sans-fil inversée pour, par exemple, recharger sa montre connectée ou ses écouteurs.
Un époustouflant quadruple module caméra
Avec son P30 Pro, Huawei a certainement signé le meilleur smartphone-photo de 2019. La logique aurait voulu que le Mate 30 Pro se contente de récupérer les mêmes capteurs mais la marque chinoise en a décidé autrement. En effet, son nouveau smartphone n’a qu’un seul objectif en commun avec le smartphone sorti en avril.
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Au dos du Mate 30 Pro, on retrouve donc le capteur géant de 1/1,7 pouce du P30 Pro (40 Mpix). Ce module équivalent 27mm dispose de la technologie RJJB de la marque chinoise, une évolution de la matrice de bayer conçue pour améliorer la qualité des photos en basses lumières. Et à l’instar du Huawei P30 Pro, le Mate 30 Pro s’avère incroyable sur la photo de nuit. Il est capable de voir dans le noir total, ce qu’aucun autre smartphone ne sait faire (les modes nuit de Google et Apple s’en approchent mais restent derrière). Notons tout de même que, de nuit, les couleurs sont moins fidèles à la réalité (c’est souvent dû à des erreurs dans la balance des blancs). Cela ne gênera pas l’utilisateur lambda mais nous devons reconnaître que Google et Apple ont, sur ce point, de meilleurs algorithmes.
De jour aussi, le Huawei Mate 30 Pro est très bon. Il rivalise aisément avec les meilleurs comme le Pixel 4, l’iPhone 11 Pro ou le Galaxy S10.
Le second module du Mate 30 Pro est pour le coup original, il s’agit d’un capteur géant de 1/1,54 pouce dédié à… la vidéo. Il sert aussi à prendre des photos ultra grand-angle (40 Mpix) puisqu’il s’agit d’un équivalent 18 millimètres.
Si Huawei présente cet objectif comme celui dédié à la vidéo (on peut en réalité aussi utiliser le module principal), c’est parce qu’il permet à son smartphone de se doter de capacités inédites. On peut filmer en 4K à 60 images par seconde jusqu’à 52.000 ISO et faire des ralentis à 7680 images par seconde (contre 960 sur un smartphone comme le Galaxy S10). Si tout cela a de quoi impressionner, la réalité est un peu plus décevante. Il faut vraiment être dans des conditions optimales pour ralentir l’image autant. Il faut en effet beaucoup beaucoup de lumière et déclencher l’enregistrement au bon moment, à une seconde près) et la vidéo de nuit n’est pas aussi exceptionnelle que nous l’aurions espéré. De plus, nous avons rencontré des problèmes de mise au point lors de certains enregistrements vidéo. Le smartphone confond souvent l’arrière-plan et le sujet. Bref, il y a des choses à améliorer. Saluons tout de même l’incroyable stabilisation optique.
Cliquez ici pour regarder une vidéo prise avec le Mate 30 Pro.
Le troisième module du Mate 30 Pro est pour le coup une déception (il faut bien laisser au P30 Pro un avantage), il s’agit d’un capteur de 8 Mpix avec un objectif équivalent 80 mm (pour un zoom optique x3). Sa qualité est bonne mais nous aurions espéré retrouver le zoom x5 de l’excellent P30 Pro.
Enfin, le dernier appareil photo du Mate 30 Pro n’en est pas un. Il s’agit d’un capteur ToF (Time of Flight) destiné à la mesure de la profondeur.
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• Cliquez ici pour accéder à quelques clichés équivalents pris à l’iPhone 11 Pro
Dans les prochains jours, nous vous proposerons un test photo détaillé du Huawei Mate 30 Pro. Si nos premiers tests saluent sa polyvalence, nous pensons que le P30 Pro est une meilleure affaire aujourd’hui. Son zoom x5 le rend plus complet.
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