Lancé en 2012 avec iOS 6, Apple Maps a connu un début chaotique. Erreurs dans les routes, mauvais conseils de navigation, recherches erronées… Le service d’Apple, préinstallé sur des centaines de millions d’appareils, n’était pas à la hauteur et avait même conduit au départ de certains cadres de la marque comme Scott Forstall, pourtant un des favoris de Steve Jobs.
Depuis, Apple Maps s’est drastiquement amélioré. Cupertino enrichit régulièrement son service et fait attention aux retours des utilisateurs, et a réussi à éviter toute nouvelle polémique. Pourtant, l’entreprise ne compte pas se satisfaire de ce demi-succès. Dans un long entretien avec Matthew Panzarino de TechCrunch, Apple a annoncé repartir à zéro et fabriquer ses propres cartes, basées sur une toute nouvelle infrastructure.
Les vans d’Apple : mystère élucidé
Parmi les mystères qui entourent le fabricant de l’iPhone depuis 2015 : à quoi servent les mystérieux vans qui parcourent les routes du monde entier ? Un temps suspectés de servir au développement d’une Apple Car, ces vans avaient ensuite été taggés de la mention « Apple Maps », alimentant les théories sur le lancement d’un service concurrent à Google Street View. Le journaliste Mark Gurman, alors à 9to5mac, avait alors annoncé que l’entreprise voulait créer ses propres cartes d’ici 2018.
Trois ans plus tard, le scoop de 9to5mac est confirmé : Apple veut créer sa propre carte du monde. Grâce à des vans équipés d’un GPS, de 4 LIDAR, de 8 caméras haute-résolution et de capteurs de distance, le tout animé par un Mac Pro, Cupertino collecte un très grand nombre de données et modélise l’environnement en 3D. Toutes ces données sont ensuite transmises à des serveurs, chargés d’éliminer les visages et autres informations confidentielles. Grâce à cette technologie, Apple peut reconnaître la signalisation comme les passages piétons ou les panneaux, mais aussi les devantures de magasin, et les indiquer sur la carte qui va logiquement gagner en précision.
D’après TechCrunch, Apple a assez d’images pour lancer un concurrent de Google Street View, mais la marque ne communique rien sur le sujet pour l’instant. Même chose pour la réalité augmentée : s’il est facile d’imaginer des logos virtuels se superposer aux modélisations 3D réalisées par les vans, Apple n’a rien souhaité dire à TechCrunch sur le sujet.
iPhone : 1 milliard de contributeurs (anonymes)
De 2007 à 2012, tous les appareils iOS intégraient Google Maps par défaut. Au lancement de l’iPhone, Eric Schmidt, alors patron de Google, était même monté sur scène pour vanter le smartphone de Cupertino et le partenariat avec son entreprise. Ce n’est qu’en 2012 avec l’explosion d’Android qu’Apple s’est décidé à signer l’acte de divorce, en expulsant Google Maps et YouTube de son système d’exploitation.
Pour remplacer Google Maps, Apple a alors lancé sa propre application de plans, basée sur ceux d’OpenStreetMap et de son partenaire TomTom. S’en sont suivis tous les problèmes que l’on connaît: les données n’étaient pas bonnes et Apple n’a pas su répondre aux problèmes. La marque l’avoue elle-même à TechCrunch : il est impossible de modifier facilement une mauvaise route avec l’infrastructure actuelle. « Nous avons réalisé que, étant donné ce que nous voulions faire et où nous voulions aller, nous devions le faire nous-mêmes. » explique Eddy Cue, le vice-président dédié aux services d’Apple.
En plus du déploiement des vans, Apple a une autre ruse pour créer sa propre cartographie : l’iPhone. Le constat de la marque est simple : des centaines de millions d’utilisateurs se baladent avec un appareil équipé d’un GPS et d’Apple Maps dans leur poche en permanence. En analysant toutes ces données, les similitudes et les différentes entre les utilisateurs, Apple Maps va pouvoir deviner quand une route ferme où quand un passage piéton non indiqué dans l’app est présent. Grâce à toutes ces données, le plan va s’améliorer automatiquement, sans aucune action directe de l’utilisateur. La marque assure que ce tracking n’aura pas plus d’impact sur la batterie des iPhone que ce que font traditionnellement les services de localisation.
Dernier point évoqué par Apple : les données des utilisateurs seront intégralement anonymisées. L’entreprise ne fera pas d’entrave à sa politique de confidentialité pour son service, et ne compte pas fliquer ses utilisateurs. Les chemins empruntés seront transmis à Cupertino sous la forme fractions, et leur origine sera toujours détruite.
Disponible en bêta en Californie
Techniquement, rien n’empêchera le nouvel Apple Maps de fonctionner sur les anciennes versions d’iOS. Mais en attendant d’être prêt à lancer son service 100% maison, Apple va le tester avec les utilisateurs d’iOS 12 qui habitent à San Francisco ou dans la Bay Area (une troisième bêta sera disponible d’ici quelques heures). Au lancement d’iOS 12 cet automne, toute la Californie du nord devrait pouvoir profiter du nouvel Apple Maps. Les autres États américains suivront eux d’ici l’année prochaine.
En ce qui concerne l’Europe, Apple n’a rien dit à TechCrunch. Considéré le passage de vans Apple dans certaines villes françaises, comme Besançon ou Paris, il est fort probable que cet Apple Maps 2.0 soit aussi en préparation chez nous. Un sérieux concurrent à Google Maps arrive, il va juste falloir être patient.
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