De passage en France à l’occasion de la conférence SIdO2017 à Lyon, Bibop Gresta, cofondateur de la société Hyperloop Transportation Technologies, nous a expliqué les tenants et les aboutissants de leur technologie.
01net.com : L’idée d’Hyperloop est séduisante, mais répond-elle à un besoin réel ?
Bibop Gresta : En réalité, les systèmes de transport terrestre actuels ne fonctionnent pas bien, et cela pour deux raisons. D’une part, ils ne sont pas rentables. Que ce soit le rail ou les autoroutes, ils ont besoin d’être subventionnés pour survivre économiquement. D’autre part, ils sont difficilement évolutifs. Au moment où un tronçon d’autoroute est terminé, il est déjà obsolète car engorgé. On ne peut pas résoudre les problèmes de transport dans le monde avec le train et la voiture. Ça ne marche pas.
Notre technologie Hyperloop, par contre, est beaucoup plus efficace. Elle n’est pas seulement beaucoup plus rapide, elle est également beaucoup plus sûre. Les passagers sont envoyés de manière automatisée à travers un tube métallique, ce qui permet non seulement de les protéger des conditions météorologiques extérieures, mais aussi d’éliminer le principal facteur de risque dans les accidents : l’humain. Sur le plan énergétique, notre technologie Hyperloop est également beaucoup plus intéressante. Elle s’appuie sur un mix d’énergies renouvelable, cinétique, thermique et électrique. C’est tellement efficace qu’elle génère 30% plus d’électricité qu’elle n’en consomme.
Créer tout un nouveau réseau de transport, cela coûte extrêmement cher ! Ce n’est pas de la folie ?
Il ne faut pas se poser la question du coût, mais celle de la rentabilité. Pour opérer un réseau de chemin de fer, il faut électrifier tous les parcours et dépenser une fortune en maintenance. Pour les trains à sustentation magnétique, il faut rajouter l’énergie nécessaire à générer la supraconductivité, et elle est considérable. Et puis, lorsqu’on dépasse les 500 km/h en vitesse, l’air se comporte comme un liquide au niveau des forces de frottement. Avec la technologie Hyperloop, c’est tout à fait différent. On envoie une capsule dans un tube vidé d’air. Il n’y a donc plus de frottements. Quant à la sustentation, elle est passive et créée par des aimants fixés à la capsule. Il faut juste amorcer le mouvement pour créer l’effet de lévitation. Ensuite la capsule peut flotter pendant des kilomètres. C’est à la fois simple et génial !
Mais il faut quand-même évacuer l’air présent dans les tubes…
C’est vrai, mais ce n’est ni compliqué à faire, ni très énergivore. C’est quelque chose qui se fait depuis les années 70, et notamment dans les installations nucléaires ou dans l’accélérateur des particules du CERN. Le principal effort est l’évacuation initiale de l’air. Pour cela, il suffit de positionner une pompe tous les 10 kilomètres et l’extraction peut se faire en 36 heures. Ensuite, il faut simplement maintenir le vide, ce qui ne nécessite plus que 10% de l’énergie initiale.
Quelles capacités de transport peut-on espérer avec Hyperloop Transport Technologies ?
Nous allons proposer des capsules de 28, 38 ou 50 personnes. Ce qui nous permettra d’atteindre une capacité moyenne de 3 400 personnes par heure et de 64 000 personnes par jour. Dans des scénarios à forte densité, comme dans les villes asiatiques, on pourra atteindre les 136 000 personnes par jour, et cela à très haute vitesse. A titre d’exemple, la distance Paris-Marseille pourrait se faire en moins de 40 minutes.
Où en êtes-vous, très concrètement ?
Nous avons d’ores et déjà plusieurs projets en cours, notamment en Indonésie, en République Tchèque, en Slovaquie, aux Emirats arabes unis et en Californie. Il y a quelques semaines, nous avons démarré la construction de la première capsule. La fabrication se fait en Espagne. L’assemblage et les tests seront faits à Toulouse, dès que notre nouveau centre R&D sera opérationnel.
Pourquoi avoir choisi Toulouse ?
C’est l’épicentre d’un incroyable écosystème qui met ensemble des entreprises, des universités et des acteurs publics qui soutiennent l’innovation. De manière plus générale, l’Europe est en train de devenir leader dans le domaine des transports innovants, et notamment grâce à l’aide des acteurs publics.
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