Dans un univers parallèle, Apple est propriétaire de Bing et c’est sur ce moteur de recherche que les utilisateurs d’iPhone tombent en premier quand ils ouvrent Safari — plus Google. C’est ce qui aurait pu se passer dans notre monde, si les négociations entamées il y a trois ans entre Microsoft et Apple avaient abouti à une acquisition !
Proposition indécente
À l’occasion du procès entre le ministère de la Justice US (DoJ) et Google, Bloomberg révèle que des dirigeants de Microsoft avaient rencontré Eddy Cue en 2020, le vice-président d’Apple en charge des services. C’est lui qui avait renégocié le contrat avec Google en 2016, permettant au moteur de recherche de continuer à figurer comme le choix par défaut dans Safari.
Au centre de ces conversations ? Une proposition, qu’Apple achète Bing, le moteur de recherche de Microsoft. Ça n’a rien donné et pour l’éditeur de Windows, il s’agissait visiblement de tâter le terrain. Du côté d’Apple, c’est surtout l’argent versé par Google pour garder sa place de choix au sein de Safari qui aurait poussé le constructeur à décliner la proposition.
En 2020, le chèque de Google s’échelonnait entre 4 et 7 milliards de dollars par an. Avec l’élargissement des gammes chez Apple et leur succès, et aussi parce les deux compères ont mis en place un système de partage des revenus générés avec le navigateur d’Apple, cette somme se monterait pour 2023 à 19 milliards (!). Une sacrée poule aux œufs d’or, on comprend dans ces conditions pourquoi Apple continue de faire confiance à Google.
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Pendant son témoignage au procès, Eddy Cue avait affirmé que Google était tout simplement le meilleur moteur de recherche et qu’Apple n’avait pas besoin de développer un concurrent (ça ne l’a pourtant pas gêné pour créer un rival de Google Maps). Le contrat a été renouvelé en 2021, un an après cette tentative de Microsoft.
Des milliards de dollars de pertes pour remplacer Google
Bing n’est pas complètement étranger aux plateformes Apple. On peut le choisir en tant que moteur de recherche par défaut au lieu de Google, tandis que Siri et Spotlight utilisent Bing pour certains résultats (la recherche d’images, par exemple). De 2013 à 2017, les résultats des recherches sur le web effectués par ces deux fonctions d’Apple provenaient d’ailleurs exclusivement de Bing. Mais Google est revenu dans la course après le contrat de 2016.
Le témoignage de Jon Tinter, vice-président de Microsoft en charge du développement de l’activité, a été éclairant sur la volonté très ferme de Microsoft de doubler Google. Bing a été lancé en 2009, sans jamais réussir à se hisser au niveau de son grand rival. Une idée a alors germé au QG de la firme de Redmond : payer Apple suffisamment cher pour faire de Bing le moteur de recherche par défaut de Safari.
Ces discussions entamées en 2016 ont impliqué le plus haut niveau des deux entreprises : Satya Nadella, le CEO de Microsoft, et Tim Cook, son homologue d’Apple. Et l’éditeur logiciel était prêt à mettre plusieurs milliards de dollars sur la table dans l’espoir d’augmenter la part de marché de Bing. Cet accord, s’il avait été mis en place, aurait représenté de lourdes pertes pour Microsoft — du moins au début.
En termes de surface publicitaire, Bing ne pèse qu’une toute petite fraction du poids lourd qu’est Google. Microsoft aurait donc dû offrir à Apple un pourcentage beaucoup plus grand des revenus générés par l’activité pub de son moteur de recherche. La même année, Eddy Cue négociait pour renouveler le partenariat qui lie Apple à Google (la première signature remonte à 2002, un an avant le lancement de Safari sur Mac) et malgré quelques frictions, les deux entreprises ont fini par se mettre d’accord, laissant Microsoft sur le bord de la route.
Ça n’a pas empêché Microsoft de retenter à nouveau sa chance en 2018, cette fois pour faire de Bing le moteur de recherche par défaut de Safari en dehors des États-Unis. Peine perdue !
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Source : Bloomberg