« Soyez sympas avec les nerds. Il y a des chances que vous finissiez par travailler pour l’un d’eux. » Pas sûr que Bill Gates ait eu cette phrase en tête – qu’on lui attribue d’ailleurs, à tort -, quand en 1975, il a fondé Microsoft avec son ami d’enfance Paul Allen.
Comme Apple, qui naîtra un an plus tard, Microsoft est le fruit de fous d’informatique qui veulent aboutir à ce qu’un jour, il y ait un ordinateur sur chaque bureau et dans chaque maison. Une vision un peu dingue autant qu’un projet colossal à une époque où les ordinateurs personnels devaient être montés par l’utilisateur composant par composant et ne faisaient pas grand chose de plus que clignoter et exécuter quelques commandes.
Quarante plus tard, la mission semble plutôt réussie. Forrester Research estime à 2 milliards le nombre de PC dans le monde en 2015. Sachant qu’il a fallu attendre 1998 pour atteindre le premier milliard… Et c’est sans compter leurs descendants, les smartphones qui n’auraient pu voir le jour sans ces grosses boîtes grises qui ont peu à peu bouleversé nos vies.
L’ère de MS-DOS et des premiers PC
Quarante ans, c’est l’occasion rêvée de revenir sur l’histoire du géant des logiciels. Bill Gates, issu d’un milieu assez favorisé, décide en 1973 d’abandonner ses études à Harvard pour se lancer dans une aventure qui ne s’appelait pas encore Microsoft. En janvier 1975, après avoir lu un article dans un magazine d’informatique, Paul Allen et Bill Gates propose à un fabricant de machines de créer une version de BASIC adaptée. Huit semaines plus tard, le produit est terminé et présenté. Cette première commerciale incite les deux jeunes gens à fonder une société. Ce sera le 4 avril 1975. Bill Gates est désigné PDG de cette petite entreprise. La société ne s’appellera toutefois officiellement Microsoft qu’en fin d’année 1976.
En juin 1980, le duo embauche un dénommé Steve Ballmer, camarade de promotion de Bill Gates à Harvard. Contacté par IBM, la jeune société se lance dans le développement de MS-DOS (pour Microsoft Disk Operating System) qui sortira sur les premiers PC IBM en 1981, initiant une guerre au long cours avec Apple…
Si le DOS est une révolution, il n’est pas forcément adapté au grand public. En 1983, Microsoft annonce le développement de Windows 1.0 qui ne sera lancé qu’en novembre 1985. Les fenêtres font leur apparition, la souris permet de pointer les icônes à l’écran, les choses s’améliorent.
Il faudra attendre décembre 1987 pour voir arriver Windows 2.0, qui introduit le fameux Panneau de configuration… La version 3.0 sort en mai 1990, mais c’est surtout la version 3.1, en 1992, qui va marquer les esprits et commencer à établir un style d’interface qu’on retrouve encore de nos jours – améliorées évidemment. Ce sont 10 millions de copies de Windows 3.0 et 3.1 qui trouvent preneurs, signe que le monde PC est en marche !
En juillet 1993, Microsoft sort Windows NT. C’est non seulement l’aboutissement d’un projet commencé à la fin des années 80, mais c’est aussi un moyen d’installer Microsoft plus avant dans les entreprises.
L’arrivée d’Internet et le départ de Bill Gates
Deux ans plus tard, en août, Windows 95 est lancé à grands frais. Ce sont 7 millions d’exemplaires qui sont vendus en l’espace de cinq semaines, le premier million s’étant écoulé en quatre jours… Cette nouvelle version introduit les désormais célèbres bouton et menu Démarrer et ouvre l’OS à Internet avec Internet Explorer.
Vient ensuite le tour de Windows 98, dernière version du système d’exploitation de Microsoft basée sur MS-DOS. L’enjeu est au multimédia, au Net et aux jeux. Les PC commencent désormais à être partout, dans chaque maison et Microsoft s’adapte. On passera sous silence Windows Me, qui a été boudé – à juste titre, pourrait-on ajouter – par les utilisateurs et sur Windows 2000, très professionnel.
Alors que Bill Gates quitte ses fonctions de CEO en 2000 et laisse la place à Steve Ballmer, la prochaine déferlante qui se prépare tient en deux lettres : XP. Sorti le 25 octobre 2001, ce Windows va demeurer le plus populaire pendant très longtemps. Plutôt rapide et stable, malgré les attaques virales nombreuses, il étendra sa mainmise aussi bien chez les particuliers que dans les entreprises. Il est taillé pour une variété d’usages et une variété de supports – avec les limites de son interface. C’est d’ailleurs lui qu’on retrouvera sur les premiers Tablet PC en 2002.
En 2001, Microsoft se lance aussi dans une autre aventure, celle de la Xbox, sa première console de jeux de salon, qui aura fort à faire face à la PlayStation 2, de Sony. Une Xbox 360 sortira d’ailleurs en 2005 pour relancer la guerre contre le géant japonais.
Mais, pour revenir aux OS, ce qui fera le succès de XP sur le long terme, c’est Windows Vista… Son successeur, qui sort en 2006, vise à renforcer la sécurité et à enrichir les usages multimédias, mais il est lourd, instable et beaucoup d’utilisateurs rechignent à sauter le pas.
Un succès et des ratés
Heureusement survient ensuite Windows 7 en 2009, qui aura droit, pour rassurer les utilisateurs, à un programme de bêta test suivi par 8 millions de personnes. Bien optimisé, fluide, rapide, stable, il fait la joie des gamers, des professionnels et des utilisateurs lambda. Et garde d’ailleurs encore une très forte cote de popularité, pour des raisons similaires à celles de Windows XP : son successeur est un raté. Windows 8 (2012), puis Windows 8.1 (2013), qui tente de rattraper le coup, déroutent les utilisateurs en misant beaucoup trop sur le tactile. Windows 10, compromis entre Windows 7 et Windows 8, devrait sortir cet été.
Les ratés de Windows 8, la difficulté de Microsoft à s’imposer dans le monde mobile, malgré le rachat de Nokia, alors que les ventes de PC s’essoufflent et la stagnation relative de l’action Microsoft ont sans doute poussé Steve Ballmer à annoncer son départ du poste de PDG en août 2013. Il est remplacé par un homme du sérail, Satya Nadella, qui depuis a mis en place une stratégie de services, de mise en avant du mobile et de reconquêtes.
Car, si Windows reste intimement lié à l’image qu’on a de Microsoft et demeure aussi un axe stratégique et financier, la société de Redmond est depuis bien longtemps partie à l’assaut d’autres secteurs. Les suites bureautiques Office, évidemment, mais aussi le monde des serveurs, où Azure assure désormais un rôle prépondérant dans le cloud et les services en ligne, et même le jeu vidéo avec ses Xbox, dont la dernière-née est sortie en novembre 2013.
Tourner vers le futur
Après quarante ans, quel chemin suivre ? Celui d’IBM qui va fêter ses 104 ans ? Que prépare Microsoft ? Sous quelle direction et pour combien de temps ? Jim Collins, connu pour son best-seller de management, indique que pour qu’une entreprise soit réellement hors norme, il lui faut réunir trois atouts. Tout d’abord, il lui faut afficher des résultats financiers incroyables. Ensuite, il faut qu’elle produise un impact significatif au point que si elle disparaissait elle ne puisse être facilement remplacé. Enfin, il lui faut être capable de traverser le temps et les générations de technologies sous la houlette d’un seul homme… Microsoft obtient un score de deux sur trois, tout comme Apple, d’ailleurs. Pour autant, si Bill Gates n’est plus aux affaires, il demeure un personnage important et du passé de Microsoft et de son avenir.
Pour fêter les quarante ans de la société qu’il a fondée, Bill Gates a envoyé un mail à ses employés. Un mail tourné vers le futur.
Bill Gates mail to Microsoft employees on its 40th Anniversary #microsoft pic.twitter.com/Rwh95Mov64
— Amit Roy Choudhary (@roychoudhary) 3 Avril 2015
« Aujourd’hui, je pense bien plus au futur de Microsoft qu’à son passé. Je crois que l’informatique va évoluer plus vite dans les dix ans à venir qu’il ne l’a jamais fait. », prévoit-il avant de constater que « nous approchons du moment où les ordinateurs et les robots seront capables de voir, de bouger et d’interagir naturellement » ce qui ouvrira de nouvelles portes et donnera encore plus de possibilités aux utilisateurs.
Le premier CEO de Microsoft s’enthousiasme aussi de ce qu’est devenu sa société sous la direction de Satya Nadella et remarque que la vision et le talent de cet homme et de la société se retrouvent dans des projets tels que Cortana, Skype Translator ou encore HoloLens.
Avant d’encourager les salariés de Microsoft à faire leur le credo originel de leur société : apporter la technologie au plus grand nombre, faciliter la vie des gens. « Alors j’espère que vous penserez à ce que vous pouvez faire pour que la puissance de la technologie soit accessible à tous, pour connecter les gens entre eux et rendre l’informatique personnelle universellement disponible alors que la notion même de ce que doit être un PC s’étend à tous les appareils », écrit-il, le regard tourné vers le futur, comme il y a quarante ans.
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