Blogueurs, investisseurs, entrepreneurs du Net : tout ce que le Web 2.0 compte de forces vives, ou presque, a rendez-vous les 11 et 12 décembre prochains à Paris pour la troisième édition de la conférence LesBlogs,
rebaptisée ‘ Web 3 ‘.La manifestation affiche déjà complet,
en écho à la récente conférence ‘ Web 2.0 Summit ‘. Elle est organisée par Loïc Le Meur, directeur EMEA de la société d’édition de blogs SixApart,
qui revient pour 01net. sur cet événement et sur la situation de l’économie de l’Internet en Europe.01net. : D’où vient cette idée de conférence Web 3 ?
Loïc Le Meur : En fait, c’est la troisième édition de notre conférence annuelle LesBlogs, qui s’élargit aujourd’hui à l’ensemble de l’Internet. C’est un petit clin d’?”il aux Américains, qui planchent encore sur le
Web 2.0. Plus sérieusement, tout est parti d’une frustration personnelle. Car si l’on regarde l’économie de l’Internet en Europe, il n’y a que très peu d’acteurs de dimension mondiale. Quand un internaute pense ‘ moteur de
recherche ‘, il pense Google.
En matière de comparateurs de prix, nous avions Kelkoo, mais il a été racheté par Yahoo! Même exemple pour Skype, repris par eBay, ou bien encore pour Lastminute.com, qui est passé sous le contrôle de l’américain Sabre. En Europe, il n’y
pas véritablement d’écosystème comme aux Etats-Unis. C’est-à-dire de structures à même de rassembler les entrepreneurs, les investisseurs et les business angels pour développer et accompagner des projets.A quoi vont servir ces deux jours de conférence ?
L’idée, avec le Web 3, c’est de faire pendant 48 heures de Paris la capitale européenne de l’Internet, avec tout ce qui peut en découler. En matière d’investissement, je pense par exemple à quelqu’un comme Benjamin Bejbaum, le
créateur de Dailymotion, qui était présent à la première édition il y a deux ans et qui y a trouvé les relais nécessaires au développement de son projet. Cette année, nous aurons 1 000 participants en provenance de 36 pays avec un
public d’entrepreneurs du Web, d’investisseurs et/ou de blogueurs.Quels sont les moyens déployés ?
Nous avons un budget de 400 000 euros. La conférence est ‘ sold out ‘ [complète, NDLR]. Nous sommes obligés de refuser du monde. Et financièrement, nous serons à l’équilibre. Ce
n’est pas une conférence traditionnelle. C’est ce que les Américains appellent une ‘ unconference ‘, c’est-à-dire que nous n’avons envoyé aucune invitation.
Il n’y a pas de marketing, tout s’est fait par le bouche-à-oreille, et surtout grâce au buzz relayé par la blogosphère. Notre partenaire Orange mettra à disposition une connexion Internet de 50 Mbit/s pour que
tous les participants, qui sont de vrais fous de l’ordinateur portable, puissent envoyer en temps réel du texte, du son et de la vidéo dans le monde entier.Quelle est le programme de cette édition 2006 ?
Nous avons opté pour des sessions très courtes (30 minutes au maximum) pour aller à l’essentiel et éviter tous contenus institutionnels et sans intérêt. Le programme est à l’image des évolutions actuelles de l’Internet. Pour moi, le
Web 2.0, c’est la révolution des amateurs. On est tous à un clic les uns des autres. Le champ des possibles n’a jamais été aussi important.
Nous aurons donc des personnalités éminentes du monde de l’Internet, comme Niklas Zennström (Skype, Kazaa et bientôt The Venice Project) ; Reid Hoffman, de LinkedIn ; Dave Sifry, de Technorati ; Brent Hoberman, de
Lastminute.com ou encore Tariq Krim, de Netvibes. Mais on parlera aussi, souvent de manière assez provocatrice des communautés en ligne, de la globalisation, de la politique sur le Net, de l’avenir de la télévision et de la vidéo en ligne, des
mondes virtuels tels que Second Life ou de World of Warcraft…Croyez-vous à une seconde ‘ bulle ‘ de l’Internet ?
Oui et non. D’un côté, je pense que des opérations comme le rachat Web de Youtube par Google, pour spectaculaires qu’elles soient, ne sont pas des éléments moteurs d’une nouvelle bulle. Car Google commence déjà à engranger d’importants
contrats publicitaires à la suite de ce rachat. En revanche, il y a bien un risque de surchauffe, notamment aux Etats-Unis où, au lieu de penser ‘ création d’entreprises ‘, l’heure est aujourd’hui à la
consolidation. Une consolidation excessive qui peut s’avérer dangereuse.Y-a-t-il des différences marquantes de ce point de vue entre l’Europe et les Etats-Unis ?
On ne peut pas dire que les Américains (c’est-à-dire la Silicon Valley) s’intéressent énormément à l’Europe. Pour exemple, à l’occasion de la conférence Web 2.0, qui s’est tenue récemment à San Francisco à guichets fermés
(3 000 dollars le ticket d’entrée !), la session consacrée à l’Europe avec des gens comme Pierre Chappaz ou Brent Hoberman, n’a rassemblé qu’une trentaine de personnes. Cela permet de relativiser. En Europe, on en est encore à
chercher un écosystème. Après l’explosion de la bulle spéculative de 1999-2000, les business angels ont pris un peu de recul et la plupart des investisseurs français ne font que des investissements supérieurs à 5 millions
d’euros.
On peut se demander où sont aujourd’hui les Bernard Arnault, les François Pinault ou les Arnaud Lagardère, des hommes qui pourraient pourtant accompagner de vrais projets d’entrepreneurs. Et on en arrive à ce paradoxe : en Europe
avec un projet qui tient la route, il est souvent difficile, voire impossible, de réunir 100 000 euros pour lancer son développement, quant aux Etats-Unis on trouve encore des gens prêts à donner plusieurs millions de dollars sur la seule
base d’un fichier Powerpoint.
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