IPad, Nook, Kindle, Cybook, espace Labo BNF à la bibliothèque François-Mitterrand… Depuis cet automne, on n’a jamais autant entendu parler du livre électronique. Des supports matériels en tout cas. Mais que peut-on concrètement bouquiner sur une liseuse aujourd’hui ? Le Motif, un organisme associé à la région Ile-de-France consacré au livre et à l’écrit, publie ce mois-ci une étude sur l’offre de téléchargement légal en France.
Cette initiative fait suite à un état des lieux du piratage sur Internet, publié par le Motif au mois d’octobre 2009. Les deux travaux vont évidemment de paire, avec cette question sous-jacente : l’offre légale peut-elle rivaliser avec celle de contenus piratés ? La réponse est claire. Non ! Même si le « piratage n’a pas encore véritablement décollé dans le domaine du livre », indique l’étude, disponible en téléchargement sur le site du Motif (en PDF).
L’offre numérique légale représenterait « à peine 10 % de l’ensemble des titres disponibles à la vente papier ». De plus, télécharger un livre numérique, sur Fnac.com par exemple, est assez fastidieux, cela nécessite une dizaine d’étapes. Les choses se passent un peu plus simplement sur les plates-formes mobiles. Et sur les sites pirates.
60 000 ventes sur Fnac.com
Le Motif a étudié un panel de titres sortis en 2009 et 2010 et figurant dans les classements de meilleures ventes. Résultat ? « Les meilleures ventes ne sont pas encore disponibles […], seuls 17,3 % des titres du panel sont disponibles en offre légale », lit-on dans l’étude. L’écart entre l’offre légale et l’offre illégale est même parfois cruel pour certaines catégories de livres : 86,6 % des bandes dessinées figurant dans le panel du Motif sont accessibles en fichiers piratés, contre 13,2 % en téléchargement légal.
Cela ne veut pas dire non plus que les réseaux illégaux proposent quantité de références. BD mises à part, le Motif constate que 19,1 % des titres du panel sont disponibles légalement, contre 21,6 % illégalement. La différence n’est donc pas si énorme. En pratique, le marché est en train de se construire et tous les éditeurs ne sont pas au même degré d’avancement sur la numérisation de leurs catalogues.
« Les éditeurs sont de plus en plus volontaristes, y compris sur les titres récents dont la grande majorité n’est pas disponible, explique Mathias Daval, coauteur de l’étude. Globalement, c’est lent et coûteux de numériser les catalogues. Mais les éditions techniques, universitaires et scolaires ont complètement basculé vers le numérique depuis des années. »
Quant aux plates-formes de distribution, cela va de Fnac.com au petit éditeur qui trouve plus facile de proposer directement ses livres en téléchargement sur son site, en passant par des agrégateurs comme ePagine. Mais difficile de savoir ce qui se vend en numérique et où. « Personne ne sait quels sont les volumes réels, reconnaît Mathias Daval. Fnac.com annonce 60 00 téléchargements en 2009, mais ce sont eux qui le disent. Le groupe Editis ne donne même pas d’information sur son catalogue ! ».
A priori, les choses sont amenées à s’éclaircir dans les temps qui viennent. Et le Motif a prévu de nouvelles études à la rentrée, notamment sur la demande de livres numérisés de la part du public.
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