« HarmonyOS est complètement différent d’Android et d’iOS » affirmait Richard Yu, chef de la division grand public de Huawei lors de l’annonce de son système d’exploitation HarmonyOS en 2019. Mais c’est davantage un vœu pieux qu’une réalité en ce début d’année 2021 : après avoir réussi à tester la version 2.0, nos confrères d’Ars Technica ont démontré qu’HarmonyOS n’est pour l’heure qu’un simple fork d’Android 10… en plus lent.
Dans un très long papier détaillant aussi bien le fonctionnement de l’OS que la procédure de téléchargement (lire plus loin), Ars Technica démontre, captures d’écran et analyse logicielle à l’appui, que Harmony OS partage tout ou presque avec la précédente version du système d’exploitation de Google, Android 10 (nous en sommes à la version 11).
En dépit des rodomontades de Huawei, c’est parfaitement logique : il faudra du temps au géant chinois pour rattraper les 16 ans que Google a passé à peaufiner le système qu’il a racheté en 2005 ! Sans compter que Huawei lance des smartphones sous Android au moins depuis 2012 (nous n’avons pas trouvé de traces anglophones antérieures). Il est bien plus facile de se baser sur les briques open-source existantes d’Android que de repartir de zéro.
Une procédure digne d’un état policier
Comme le relate Ron Amadeo, le journaliste d’Ars Technica, alors que le SDK d’Android se télécharge en un clic et que celui d’iOS ne nécessite qu’un Mac, télécharger HarmonyOS ressemble à une procédure légale… très intrusive. Elle nécessite de fournir non seulement une copie de carte de crédit mais aussi une photocopie de votre passeport ! Heureusement, le « background check » qui prend tout de même deux jours est long, mais il n’est pas vraiment sérieux : notre confrère a fourni de faux documents et la procédure a été validée.
Notez qu’il est impossible de télécharger le SDK sans créer de compte, l’émulateur ayant besoin d’une authentification pour fonctionner. Complètement kafkaïen. Et de quoi décourager une grande partie des développeurs – par fainéantise, par crainte pour la vie privée ou les informations bancaires, par crainte de la Chine, etc.
Quant à la documentation, il semble que les ressources développeurs en anglais soient au mieux cryptiques, au pire incompréhensibles. Est-ce lié à des problèmes de traduction, à une volonté de brouiller les ressources anglophones ou à de l’incompétence ? Impossible de répondre à la question pour l’heure. Et si cela peut avoir de l’importance pour les entreprises européennes, cela est moins critique pour les entreprises américaines, interdites de publier leurs applications sur le store chinois à la suite d’un executive order de l’ancien président Donald Trump.
HarmonyOS sera-t-il un jour un système d’exploitation réellement à part, complètement différent et indépendant d’Android ? Peut-être : Huawei a des ressources énormes et son marché domestique de 1,4 milliard d’habitants permet à une entreprise chinoise de vivre en système clos. Mais pour l’heure, Huawei doit bien avouer que le futur immédiat de ses prochains terminaux s’appuie encore sur un système d’exploitation quasi similaire à l’original de Google. Les services de l’américain en moins.
Source : Ars technica
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