La guerre entre Amazon et Hachette autour des marges sur les livres électroniques n’en finit pas. Les auteurs sont de plus en plus nombreux à se mobiliser, Amazon appelle les lecteurs à faire pression sur l’éditeur qui, lui, se défend contre les accusations d’entente sur les prix du livre électronique lancées par le géant de l’e-commerce. Retour sur un week-end mouvementé.
Dimanche 10 août 2014, l’éditeur Hachette Book Group (HBG), piqué au vif, s’est défendu d’accusations d’entente sur les prix du livre électronique lancées la veille par Amazon et a tenu à démonter les uns après les autres les arguments du cybermarchand. « Hachette fixe les prix du livre électronique seul sans entente quelconque avec qui que ce soit », écrit dans une lettre envoyée à des lecteurs Michael Pietsch, le directeur général de HBG.
« Nous fixons nos prix bien en dessous des prix du livre classique, pour prendre en compte les économies faites sur l’impression et la livraison », ajoute M. Pietsch dans cette lettre dont l’AFP a obtenu copie. « Le conflit a commencé parce qu’Amazon veut se faire beaucoup de profits et une grosse part de marché au détriment des auteurs, des libraires et de nous-mêmes », dénonce M. Pietsch, assurant que Hachette est pour une industrie où le talent est « respecté » et un large choix est donné au grand public.
Pour faire pression sur l’éditeur, Amazon explique vouloir un prix unique à 9,99 dollars pour nombre de livres électroniques, contre de 12,99 à 19,99 dollars actuellement. « Plus de 80 % des livres électroniques que nous éditons sont vendus à 9,99 dollars voire en dessous, rétorque M. Pietsch. Mais nous savons par expérience qu’il n’y a pas de prix identique pour tous les livres électroniques et que tous ces ouvrages ne valent tous pas 9,99 dollars. » Il ajoute que le groupe investit beaucoup dans certains livres et auteurs sous forme d’avances pendant des années avant d’en retirer le moindre revenu.
Amazon veut rallier les lecteurs à sa cause
Cette prise de position répond à une lettre publiée la veille par Amazon révélant l’adresse électronique de Michael Pietsch et enjoignant les lecteurs à lui écrire pour faire pression dans le conflit commercial qui les oppose. « Nous n’abandonnerons pas le combat pour des prix de livres électroniques raisonnables, plaide le distributeur. Nous sommes convaincus que rendre les livres accessibles est bon pour la culture. Nous avons (donc) besoin de vous. S’il vous plaît écrivez à Hachette et mettez-nous en copie. »
Pour les lecteurs qui ne sauraient quoi mettre dans leur lettre, Amazon va jusqu’à suggérer quatre éléments clés à inclure à leur courrier : « Nous avons remarqué votre entente illégale. S’il vous plaît arrêtez de nous faire payer trop cher les livres électroniques » ; « Baisser le prix des livres électroniques aiderait le développement de la lecture » ; « Arrêtez d’utiliser les auteurs comme moyen de pression » et enfin « rappelez leur que les auteurs n’ont pas tous le même avis sur ce conflit. »
Les auteurs se sentent pris en otages
Les auteurs justement, ne veulent pas prendre parti dans ce conflit dont ils se sentent otages. Au début du mois de juillet dernier, Amazon avait tenté de les rallier à sa cause en leur demandant de faire pression sur l’éditeur. En réponse, une soixantaine d’entre eux avait publié une lettre ouverte demandant au distributeur en ligne de mettre fin à ce bras de fer. Elle rassemble désormais plus de 900 signatures d’auteurs américains et britanniques, dont celles de John Grisham ou Stephen King. Les auteurs assurent ne pas prendre parti dans le conflit mais se sentent pris en otage.
« Nous sommes fermement convaincus qu’aucun libraire ne devrait ni empêcher, ni gêner la vente de livres, ni même décourager les clients de commander ou de vouloir recevoir les livres qu’ils désirent, expliquent-ils dans cette missive qui a été publiée dans le New York Times. Amazon n’a pas le droit d’utiliser un groupe d’auteurs, extérieurs à ce conflit, pour mener des représailles ciblées. » Les auteurs achèvent leur lettre en suggérant aux lecteurs d’écrire au PDG d’Amazon, Jeff Bezos – et fournissent son adresse e-mail – pour lui faire part de leur avis sur cette affaire.
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