Passer au contenu

Conflit avec Hachette : Amazon dévoile ses conditions

Dans une habile démonstration, la plate-forme explique pourquoi elle veut vendre les livres électroniques d’Hachette au prix de 9,99 dollars et reverser 35% du montant des recettes aux auteurs.

« Nous pensons qu’Hachette partage une trop petite part de son chiffre d’affaires avec les auteurs aujourd’hui, mais finalement ce n’est pas de notre ressort. » Le ton est donné dans un communiqué publié ce 29 juillet sur le site us du Kindle d’Amazon. Depuis plusieurs mois, Amazon sabote les ventes des titres de Hachette parce que l’éditeur refuse de baisser ses prix sur les livres électroniques. Porter aujourd’hui toute la responsabilité du conflit sur le Français est très habile.

Dans une démonstration implacable, le géant du e-commerce affirme que les prix des e-books sont beaucoup trop chers. Jusqu’à 19,99 dollars. Des montants totalement injustifiés car l’éditeur ne dépenserait rien en frais d’impression, de retour ou de rupture de stock. Amazon veut donc imposer que les livres électroniques soient vendus au tarif de 9,99 dollars. Un prix idéal, selon lui, permettant de vendre davantage d’exemplaires et d’atteindre un plus gros chiffre d’affaires. Les auteurs y auraient tout intérêt pour grimper plus rapidement dans la liste des best-sellers.

Baisser les prix des e-books serait aussi impératif pour continuer à les rendre compétitifs face à tous les autres médias : films, télévision, jeux vidéo, sites d’informations qui constituent une féroce concurrence pour la lecture.

Plus d’argent pour les auteurs

Un raisonnement de marchand de tapis donc. Amazon pointe avec justesse le prix disproportionné de beaucoup d’e-books. Son raisonnement fonctionne pour les blockbusters mais quid de la majorité des livres qui s’écoule à très peu d’exemplaires ? Et de ceux qui ne se vendent que sous format numérique ? Tout au plus Amazon indique consentir à ce que certains d’entre eux soient vendus un peu plus cher. Mais les détails de ce dernier point restent flous.

Et bien sûr, le site ne manque pas de rappeler la fameuse affaire d’entente illicite entre plusieurs gros éditeurs dont Hachette, qui s’étaient mis d’accord avec Apple sur le prix des livres électroniques.

Reste un argument qui fait mouche. Celui de la part trop faible reversée aux auteurs. En France, la plupart des écrivains ne touchent que 7 à 15% des recettes des livres électroniques et c’est encore pire pour les imprimés. De façon provocatrice, Amazon propose que les auteurs récoltent 35% du chiffre d’affaires et les éditeurs 35%, alors qu’Hachette en empoche actuellement 70%, et en reverse une infime partie aux auteurs. Quant à Amazon, il se gratifierait toujours au passage d’un confortable 30%. Mais c’est la part qui lui avait été imposée par Hachette en 2010 lorsque l’éditeur avait relevé ses tarifs, souligne perfidement le site.

Pas sûr cependant que ces clarifications suffiront à restaurer l’image d’Amazon, très écornée par les méthodes contestables employées pour faire plier Hachette. Un chantage récemment dénoncé par 900 auteurs dans une lettre de protestation.

 

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Amélie Charnay