Mises en évidence par l’avènement des applications web, les limites de l’architecture client-serveur se font chaque jour un peu plus sentir au sein des systèmes d’information : rigidité de l’infrastructure, montée en charge des applications sur les postes clients, gestion de parc coûteuse… L’ajout d’un niveau intermédiaire entre la partie stockage de données et la couche utilisateurs bouleverse la donne en assurant une meilleure répartition de la charge du système informatique. En attendant l’explosion pressentie du multiniveau (ou n-tiers), l’architecture trois-tiers se propage timidement dans les PME. “Ses avantages sont pourtant évidents lorsque le système d’information est gourmand en ressources “, déclare Hubert Fournier, responsable des marchés chez Keymage. Basé à Paris et à Menlo (Silicon Valley), cet éditeur franco-américain de plates-formes de gestion collaborative (35 personnes) a opté, dès sa création en 1998, pour cette architecture alors émergente. “Le but était de pouvoir assumer notre évolution sans remettre tout le système en question, reprend Hubert Fournier. Toutes nos données sont stockées sur une base SQL Server 7, reliée à un serveur d’applications WebLogic de BEA Systems ; quant aux postes clients, ce sont des PC classiques. De fait, on obtient une meilleure répartition des charges. Chaque groupe de travail de l’entreprise accède à ses applications sans saturation.”Le trois- tiers fait partie intégrante de la stratégie de Keymage : son logiciel, du même nom, a lui aussi été développé sur ce modèle.
Choisir l’infrastructure en fonction de l’existant
“L’architecture à trois niveaux était pour nous la seule alternative à des développements Java, beaucoup trop lourds à gérer”, résume Philippe Chareyre, responsable informatique de K par K, une filiale du groupe Lapeyre, qui fabrique et pose à domicile des fenêtres sur mesure (800 personnes). Il y a deux ans, l’entreprise décide d’informatiser ses 110 points de vente et de mettre en place un intranet pour assurer des échanges d’informations efficaces avec son siège d’Aubervilliers (Seine Saint-Denis) et ses agences régionales. “Mais nous avions des contraintes : nous voulions conserver nos bases de données Progress sur serveur Unix et installer des clients légers. Sur les conseils de la SSII Full Resource Associates, nous avons choisi une plate-forme Microsoft trois tiers”, explique Philippe Chareyre. La reprise des données existantes motive, la plupart du temps, le choix des éléments de la nouvelle infrastructure. Ainsi, l’architecture de K par K repose sur un serveur web IIS (Internet Information Server) et le moteur transactionnel Microsoft Transaction Server. Lorsqu’un utilisateur souhaite consulter les bases de données Progress, il lance une requête sur le serveur IIS pour obtenir des pages ASP (Active Server Pages). Celles-ci génèrent des objets ActiveX – développés en Delphi – qui assurent le lien avec les bases, à travers une couche Open Data Base Connectivity (ODBC).
Chargée du suivi des expéditions par transport aérien et maritime du groupe Geodis, Geodis Overseas a mis en place en 1998 un service de traçabilité à l’échelle mondiale, accessible par intranet et extranet. “La phase d’étude de l’architecture applicative est primordiale, affirme Bertrand Eteneau, directeur des systèmes d’information de Geodis Overseas, qui emploie 800 personnes en France. Nous avons consacré à cette étape entre trois et quatre mois, en y associant les futurs exploitants du système. Dans le cadre d’une architecture distribuée, il ne faut pas séparer la partie développement de la mise en production.”Avec l’aide des sociétés Or@tech (ex-Progifinance) et Soleri, Geodis Overseas a développé son application de traçabilité en Java sur Oracle Application Server. Celle-ci est alimentée par une base de données Oracle et relayée par un serveur HTTP. Le tout est accessible par navigateur, sur un millier de postes utilisateurs répartis à travers le monde. ” Les applications sont centralisées en région parisienne. Le bénéfice est double : le déploiement à l’international a été effectué beaucoup plus rapidement et l’administration du système est facilitée puisqu’elle est ciblée “, précise Bertrand Eteneau. Geodis Overseas s’est trouvé confrontée à l’incompatibilité de certains navigateurs, compte tenu de l’étendue de son parc. Le problème a cependant été rapidement résolu, en procédant à quelques modifications en Java- Script sur les applications. “L’administration a beau être centralisée, la maintenance est relativement complexe”, tempère Hubert Fournier, de Keymage. La disponibilité des données étant vitale à l’activité de développement et de production de Keymage, cette société a décidé de passer à une architecture n-tiers. Un serveur web Apache constituera bientôt un niveau supplémentaire du système.
Un haut niveau d’expertise est requis
La mise en place d’une architecture trois-tiers nécessite de solides compétences techniques. Elle implique non seulement une maîtrise du développement objet, mais aussi des talents d’architecte. Contrairement à Keymage – essentiellement composée d’ingénieurs techniques – rares sont les entreprises à disposer de ces ressources en interne. “Un transfert de compétences est indispensable pour prendre la relève de la SSII”, estime Bertrand Eteneau, de Geodis Overseas. Le service informatique de K par K s’est, quant à lui, totalement appuyé sur Full Resource Associates. Une expertise qui se monnaie cher : K par K a consacré près de 200 000 F (30 488 ?) à ses prestations de développement.
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