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L’adversaire de Trump à la primaire républicaine utilise l’IA pour simuler la voix de l’ex-président

Dans une publicité politique diffusée aux États-Unis par un rival de Donald Trump, l’intelligence artificielle a été utilisée pour générer la voix de l’ancien président. On peut voir l’homme politique prononcer des mots extraits d’une déclaration réelle mais écrite, diffusée quelques jours plus tôt sur son réseau social Truth Social.

Nouvel épisode d’utilisation de l’intelligence artificielle dans une publicité politique aux États-Unis. Dans une vidéo diffusée par une association pro Ron DeSantis, candidat à la primaire républicaine et grand rival de Donald Trump, on peut voir l’ancien président prononcer ces mots : « J’ai ouvert le poste de gouverneur à Kim Reynolds, et lorsqu’elle a été distancée, je l’ai soutenue (…). Maintenant, elle veut rester neutre. Je ne l’invite pas à des événements ! ». Problème : cette déclaration (sonore) n’a jamais eu lieu. La voix de celui qui a été à la tête du pays de 2017 à 2021 a été clonée par l’intelligence artificielle (IA).

L’affaire, révélée par Politico lundi 17 juillet, montre à quel point l’IA risque d’être au cœur de la prochaine élection présidentielle aux États-Unis. Avec cette technologie, il est désormais facile – et peu coûteux – de générer de fausses images ou de fausses déclarations – rendant la frontière entre les vrais et faux discours plus que floue. Selon nos confrères, les concepteurs — l’association Never Back Down, à l’origine de ce spot politique pro Ron DeSantis – se seraient inspirés d’un véritable message de Donald Trump diffusé sur son réseau social Truth Social quelques jours plus tôt – un message néanmoins écrit.

Aucune mention de l’utilisation de l’IA dans le spot publicitaire

Le discours généré par l’IA serait une exacte réplique sonore de cette déclaration. Mais il pourrait être le point de départ de l’utilisation de cette technologie pour générer n’importe quel message. Que vise cette fausse déclaration ? L’objectif est d’insinuer que l’ancien président a peu de considération pour la gouverneure de l’Iowa, Kim Reynolds — contrairement à Ron DeSantis. Dans le clip, la fausse voix de Donald Trump était précédée de cette question : pourquoi s’en prend-il à elle (comprenez : une gouverneure républicaine, plutôt qu’aux démocrates) ? La publicité, qui aurait coûté un million de dollars, est diffusée actuellement dans cet État clef dans la course à l’investiture républicaine.

Durant les 30 secondes de ce spot publicitaire, l’utilisation de l’IA n’est pas mentionnée – du moins sur la version diffusée sur YouTube. La réaction du camp de l’ancien président ne s’est pas fait attendre. « L’utilisation flagrante de l’IA pour fabriquer la voix du président Trump est une tentative désespérée (…) de tromper le public américain, car (…) la campagne de (DeSantis) est sous respirateur artificiel », a taclé le conseiller principal de la campagne Trump, Chris LaCivita, auprès de nos confrères de Politico. Il ajoute : « Après avoir perdu de gros donateurs et réduit leur personnel, ils ont maintenant externalisé leur travail à l’IA, tout comme ils aimeraient externaliser les emplois américains en Chine ».

Pas d’interdiction d’utiliser l’IA pendant les campagnes électorales, pour l’instant

Selon NBC News, la campagne de Ron DeSantis s’est essoufflée ces dernières semaines : son camp se serait séparé de nombreux collaborateurs et chercherait à se réorganiser. Un sondage d’Echelon Insights montre que l’ancien président serait soutenu par 49 % des républicains contre 16 % pour son rival Ron DeSantis : de quoi expliquer la raison de ce clip qui attaque frontalement l’ancien président des États-Unis.

D’autant que le camp de l’actuel gouverneur de Floride n’en est pas à son premier coup d’essai, déjà à l’origine d’un autre clip publicitaire créé grâce à l’IA et diffusé il y a plusieurs semaines. La vidéo visait aussi à discréditer Donald Trump : on pouvait y voir l’ancien président étreignant Anthony Fauci, le Monsieur Covid américain – une scène qui n’a jamais eu lieu.

Cet épisode s’ajoute à une autre vidéo, diffusée cette fois par le Comité national républicain, qui montrait un futur dystopique si Joe Biden était réélu. Comme 01net vous l’expliquait il y a un mois, on pouvait voir des images générées par l’IA d’une invasion de Taïwan par la Chine, de l’effondrement des marchés financiers, ou du crime qui explose à Los Angeles, avec parfois une minuscule mention indiquant que le spot publicitaire était « généré par l’intelligence artificielle (IA) » (« Built entirely with AI imagery »).

À lire aussi : Quand l’IA permet de multiplier les deepfakes politiques

Aux États-Unis, la loi n’interdit pas l’utilisation de l’IA pour des publicités politiques pendant les campagnes électorales. De nombreuses personnalités demandent pourtant que cette pratique soit interdite, notamment en raison du risque évident de manipulation des opinions et de désinformation. Fin juin, la Commission électorale fédérale américaine avait expliqué à nos confrères d’Axios qu’elle réfléchissait à mettre en place une réglementation sur les deepfakes politiques. Pour l’instant, cette réflexion n’a débouché sur aucune mesure concrète.

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Source : Politico


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