De passage à Paris, Krystian Kolondra, vice-président de l’ingénierie d’Opera, nous explique la stratégie de cet éditeur norvégien qui se trouve pris en étau entre un Chrome surpuissant et une ribambelle de nouveaux acteurs tels que Brave et Vivaldi.
Vous venez de présenter une fonction qui augmente l’autonomie des batteries. Auparavant, vous avez présenté un VPN gratuit et un bloqueur de pubs. Quelle est la logique derrière toutes ces annonces ?
Krystian Kolondra: La plupart des navigateurs d’aujourd’hui ont été créés pour un usage desktop, alors que les utilisateurs sont de plus en plus mobiles. Les PC portables sont les seuls PC dont les ventes ne baissent pas. Mais les navigateurs ne sont pas vraiment préparés à ce changement qui amène tout un tas de problèmes comme le design de l’interface utilisateurs, la sécurité et la performance. Chez Opera, nous voulons nous concentrer sur ces aspects-là.
Un bloqueur de pub permet de considérablement réduire les temps de chargement. Et le fait de l’intégrer directement dans le navigateur permet d’être plus performant de 40 % par rapport à une extension. Quant au VPN, il permet de surfer sur Internet en toute sécurité, surtout si l’on est connecté à un hotspot Wi-Fi public.
Les fournisseurs de contenus ne sont pas forcément du même avis. Avec le blocage de pub intégré, vous heurtez les sites media. Quant à la fonction de VPN gratuit, elle risque d’être utilisée pour le téléchargement illégal…
K.K: Nous ne sommes pas contre les publicités, mais pour la performance. Bientôt, plus de la moitié des internautes vont avoir des bloqueurs de pub. Ce n’est pas nous qui avons créé cette tendance, mais les utilisateurs. C’est au marché de s’adapter. Quant au VPN, nous avons pu voir que dans 70 % des cas, son usage était lié à du surf Internet, preuve que c’est avant tout la sécurité qui intéresse les utilisateurs.
De manière général, la sécurité fait désormais partie de leurs trois principales exigences, aux côtés de la performance et de la facilité d’usage. C’est pourquoi nous allons lancer dès l’automne un nouveau navigateur pour le desktop, dont le but sera de proposer une expérience utilisateur nouvelle. Mais nous allons quand même garder le navigateur actuel, pour laisser le choix aux utilisateurs et ne pas heurter leurs habitudes.
En quoi ce nouveau navigateur sera-t-il différent du navigateur Opera actuel ?
K.K: Nous voulons proposer une interface utilisateur plus moderne, faite pour ceux qui ont l’habitude des écrans tactiles. Nous allons également intégrer des fonctions d’intelligence artificielle pour optimiser l’interface vis-à-vis des besoins de l’utilisateur. Le navigateur va détecter automatiquement les fonctions dont vous avez besoin et vous aider à les trouver. L’utilisateur n’aura pas à se frayer un chemin à travers de longues listes de paramétrage et gardera une interface simple et propre. Cette intelligence artificielle ne viendra pas du cloud mais fonctionnera en local.
De son côté, Vivaldi, navigateur lancé par des anciens d’Opera, mise sur la personnalisation maximale. Qu’en pensez-vous ?
K.K: Cela me rappelle le monde Linux, où vous pouvez tout personnaliser et compiler vous-même. Ce n’est pas notre philosophie. Nous voulons offrir à l’utilisateur tout ce dont il a besoin pour naviguer de manière efficace sur Internet sans qu’il perde du temps à configurer son logiciel.
Le groupe Opera est en passe d’être acquis par un consortium d’entreprises chinoises. Qu’est-ce que cela va changer pour les utilisateurs ?
K.K: En effet, les actionnaires ont récemment donné leur accord pour cette opération qui n’est pas d’ordre financière mais industrielle. Parmi les entreprises du consortium, il y a un éditeur de jeux [Kunlun, ndlr] et un spécialiste de la sécurité informatique [Qihoo 360, ndlr]. Cette acquisition devrait permettre d’accélérer le développement de nos produits.
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