Apple a profité de l’annonce prochaine de son futur iPhone 12 pour lancer la nouvelle mouture de son système d’exploitation mobile, iOS 14. En bas de la liste des terminaux compatibles on y découvre un « dinosaure » des smartphones : l’iPhone 6S Plus. Avec son bouton Touch ID et sa prise jack, celui qui fut un fleuron en son temps paraît bien loin des iPhone « modernes ». Et un peu largué technologiquement : un unique module caméra, pas de FaceID, une batterie qui est loin d’être aussi épaisse que celles des terminaux mobiles actuels, un processeur A9 gravé entre 16 nm et 14 nm (la génération qui arrive sera gravée en 5 nm !), pas d’écran OLED, etc.
Alors, notre iPhone 6S Plus est-il vraiment largué ? Et bien en dépit de certaines limites, pas du tout. Mieux : pour peu que la batterie soit neuve, le terminal offre toujours une excellente expérience utilisateur. Et se pose en champion de la durée de vie.
Prérequis : partir d’une batterie neuve
Avant de nous lancer dans l’évaluation d’iOS 14 sur notre vieil iPhone 6S Plus 128 Go – la Rolls d’Apple à l’époque – nous avons fait changer la batterie. Cinq ans après, celle d’origine avait forcément un peu vieilli. Et les histoires de « throttling », c’est à dire la baisse des performances de l’appareil visant à préserver l’endurance générale était resté dans notre tête.
Afin de repartir « propres » nous sommes allés incognito faire changer la batterie dans un Apple Store. Direction le marché St Germain à Paris, l’un des plus proches de la rédaction. Le choix de passer par une boutique Apple officielle n’est ni celui du portefeuille, ni celui de la qualité, mais uniquement une contrainte éditoriale : impossible de laisser planer le doute quant à la qualité/provenance des pièces pour cet article. L’iPhone 6S Plus « édition 2020 » se devait d’être le plus proche possible de l’original.
L’expérience Apple Store
Le rendez-vous est pris un vendredi pour le lundi d’après à 10h40 du matin. Un délai court et un horaire des plus précis. Et pour cause : qu’on achète ou qu’on vienne faire réparer, il faut désormais prendre rendez-vous pour se rendre chez « Tim Cook ».
Accueil et hygiène impeccables, personnel souriant et avenant, l’école américaine a du bon. Entrés à 10h40 et pris en charge moins de 5 minutes après, nous sommes dehors à 10h54 avec rendez-vous donné à 11h35 pour récupérer l’animal.
Retour à l’heure prévue, le terminal n’est pas prêt et il faut patienter dehors « une dizaine de minutes, désolé de l’attente », s’excuse-t-on chez Apple. Petit cafouillage sans importance – je suis allé acheter des chaussettes si ça vous intéresse.
A 11h50, l’appareil est prêt. Trois minutes d’attente face à une table (où, Ô surprise, un Mac et un iPad sont en libre-service) et un employé rapporte le terminal rafraîchi. La restitution de l’appareil est, là encore, impeccable, le précieux protégé dans une petite housse de papier protecteur. Nous sommes dehors à 11h59.
Le prix de l’intervention ? 55 euros. Une somme pour certains, une paille par rapport à l’achat d’un nouveau terminal. Lequel affiche désormais une santé de batterie de 100%. Paré pour être à nouveau évalué, cinq ans après sa sortie, sans aucun doute quant à la qualité de ses composants.
iOS 14 ne bride pas les performances (loin de là)
Par le passé, Apple a été suspecté de faire en sorte que les vieux terminaux « rament » sous les nouvelles versions d’iOS. Qu’il s’agisse de réels problèmes d’optimisation, de générations de processeurs effectivement largués ou d’une volonté avérée de faire acheter le nouveau modèle, les secrets industriels qui entourent le code d’iOS rendent impossible d’affirmer quoi que ce soit. Le seul fait qui soit certain est qu’Apple a reconnu réduire les performances de certains terminaux pour préserver la batterie – avant de rétropédaler.
Mais en 2020, l’autre chose qui est sûre c’est qu’Apple a incroyablement bien bossé et qu’iOS 14 passe crème sur un terminal de 5 ans d’âge. De l’allumage – 30 secondes montre en main, saisie du code d’accès compris – à la navigation dans l’interface, le terminal est réactif. Et prend désormais en charge, iOS 14 oblige, widgets et autres « Bibliothèque d’apps ». Le smartphone n’est pas aussi véloce que les terminaux plus modernes, mais « Plans » est suffisamment fluide, en mode 2D comme avec les modèles 3D des bâtiments. Quant au lancement de l’App Store, il est quasi immédiat et la navigation dans les menus systèmes, impeccable.
Ne faisant montre d’aucune lenteur de navigation dans l’interface, l’iPhone 6S est donc pleinement opérationnel avec le nouveau système d’exploitation mobile d’Apple. Mais la grosse (bonne) surprise provient des jeux. Ainsi, le jeu de courses de voitures « Asphalt 9: Legends », un titre 3D plutôt joli et nerveux sorti en 2018 fonctionne parfaitement. Idem pour « Legend of Grimrock » et « Knights of the Old Republic », deux jeux de rôle 3D eux aussi en 3D (le premier du type dungeon crawler, le second plus axé dialogues). Oui, en 2020, vous pouvez jouer à des jeux 3D, même récents, avec votre « vieil » iPhone 6S.
L’endurance de la batterie reste son point faible
Même avec une batterie neuve, notre iPhone 6S Plus 128 Go avec son OS moderne ne tient pas la journée d’utilisation intensive. Outre le fait que les mille et une améliorations de l’OS (comme les widgets, la mise à jour des apps en tâche de fond, etc.) consomme beaucoup d’énergie, cette génération d’iPhone n’a jamais été très endurante du fait la faible capacité de la batterie. Ce n’est pas pour rien qu’Apple a fait grossir ses iPhone 11 Pro !
Mais pour peu que vous transportiez chargeur ou batterie externe (comme par le passé), votre expérience sera rigoureusement identique à celle de 2015. Et vous ressentirez toujours la même jalousie face à la charge rapide des terminaux Android.
Le module caméra a vieilli, mais il fait le job
Dans le monde des smartphones, les progrès photographiques de ces cinq dernières années furent légion et majeurs : capteurs plus grands, plus sensibles et plus définis, système d’autofocus plus rapides, plusieurs modules caméra intégrés, etc. Avec son unique module caméra, l’iPhone 6S Plus est un peu un dinosaure, même si Google nous a prouvé qu’on pouvait faire de grandes choses avec un seul capteur – voir notre test photo du Pixel 4a.
Mais en 2015, l’iPhone 6S d’Apple avait de l’avance. Aussi, si l’AF n’est plus au sommet de l’art et que le module ultra grand-angle ou la possibilité de zoomer peuvent manquer, le terminal fait cependant toujours très bien son job. Les couleurs sont toujours chaudes et plaisantes, et tant qu’on reste en plein jour, les clichés sont beaux et exploitables. En basses lumières, en revanche, c’est une toute autre histoire !
La vidéo en revanche est bien datée : le recadrage est important, la stabilisation électronique très moyenne, le grain assez présent et la définition limitée à de la Full HD. Quel contraste avec les terminaux 8K de 2020 !
Les fondamentaux sont bien là
Outre les bonnes performances générales, la compatibilité avec les jeux ou la partie photo toujours acceptable, il faut aussi ajouter que les fonctions « modernes » sont pleinement remplies. Apple Pay est bien de la partie, de même que l’enregistrement vidéo de l’écran. Le module caméra est suffisamment bon pour faire office de lecteur de QRcode et les accessoires tels que les Airpods Pro et autres Powerbeats Pro sont nativement pris en charge par iOS 14.
Alors oui l’iPhone 6S (Plus ou pas) n’est pas aussi rapide que ses petits frères qui sont plus complets (caméras, FaceID), plus endurants, plus puissants et mieux équipés (dalles OLED plus lumineuses, vitres plus résistante, charge sans fil, etc.). Mais voir qu’un terminal de 2015 vaut toujours le coup en 2020 et profitera encore de mises à jours de sécurité pendant toute la durée de vie d’iOS 14 nous oblige à tirer notre chapeau à Apple. Oui, on espère qu’il bénéficiera aussi d’iOS 15. Non, on n’y croit pas trop. Mais une chose est sûre : ce suivi logiciel fait figure de référence dans l’industrie du smartphone. Pourvu que la tendance s’affirme encore plus.
Et longue vie à l’iPhone 6S !
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