Si nos tests photo de smartphones concernent majoritairement les fleurons, le Pixel 4a méritait qu’on s’attarde dessus. Car ce terminal brandit une arme de choix : il promet la qualité d’image « Google Pixel » pour un tarif modéré (349 euros). Face aux cinq modules caméra d’un terminal haut de gamme comme le Huawei P40 Pro Plus, le Pixel 4a fait montre d’une sobriété matérielle évidente avec son unique module grand-angle. Un équivalent 27 mm ouvrant à f/1.7, stabilisé optiquement et équipé d’un capteur classique de 12 Mpix au format 1/2.55 pouce.
Rien de nouveau, rien d’exceptionnel, mais un module rustique aux qualités photographiques éprouvées. La question n’était donc pas de comparer le Pixel 4a à des terminaux trois fois plus chers, mais de déterminer s’il était bien le « compact populaire » idéal.
Équipement minimaliste
Qu’il s’agisse de raisons de coûts, d’esthétisme ou de cohérence de gamme produit ou de tout autre chose, le bloc optique du Pixel 4a reprend le code visuel de ses grands frères. À savoir, pour son module photo, une protubérance qui prend la forme d’un carré de verre aux bords arrondis. Du point de vue opérationnel pur, il y a fort a à parier que c’était inutile – le millimètre d’épaisseur supplémentaire n’apporte rien pour un grand angle – mais au moins, on reconnaît la touche « Pixel ». De plus près, on décèle le bloc optique à proprement parler, ainsi qu’une LED servant au flash et à la torche. Un équipement digne d’un iPhone 6 ! Notre plus grand regret est évidemment l’absence d’ultra grand-angle, si pratique en intérieur ou pour les paysages.
Cette simplicité de l’équipement transparaît dans l’application « Appareil photo », plus inspirée de l’app d’Apple que de celle de Huawei ou Samsung. Le Pixel 4a est minimaliste et doit être considéré comme un appareil photo sans autre prétention que de produire rapidement de belles images – ce qui couvre tout de même les besoins de la majorité des utilisateurs.
Précision d’image : la force du visual computing
En matière de photo, le parti pris des équipes de Google est que les données sont le principal vecteur d’amélioration de la qualité d’image, devant la nature (et qualité) des optiques et capteurs. Si ce point de vue a ses limites – en matière de zoom numérique notamment – il a aussi ses forces.
Se fondant sur une partition matérielle banale – un unique module caméra, équipé d’un capteur 12 Mpix classique et d’une optique grand-angle standard – les ingénieurs logiciels de Google ont donc mis toute leur énergie et leur savoir-faire sur le traitement logiciel.
Et cela paye : dans nombre de situations, le piqué d’image est souvent excellent, largement au niveau des derniers iPhone 11 Pro. Dans la majorité des scènes, l’appareil interprète très bien les textures et s’avère parfaitement capable de recréer artificiellement un détachement des plans.
Tout cela se fait au prix d’un certain temps de traitement d’image : une fois un cliché pris, une petite icône s’affiche en bleu dans l’aperçu de la galerie de l’app photo pour signifier que les algorithmes « moulinent » l’image finale (6s en moyenne). Rien de gênant puisqu’on peut déjà pré-visualiser la photo et que l’appareil photo reste opérationnel pendant le traitement qui s’effectue en tâche de fond.
Les limites du traitement logiciel
En regardant les clichés à la loupe, on décèle vite des zones où le traitement d’image est trop fort : ici un HDR qui a généré du bruit numérique dans les ombres, là des plantes au rendu un peu trop mou par rapport à des parties métalliques qui « claquent ».
Ou encore une voiture dans un paysage nocturne qui, grossie à 100%, ressemble à un pâté de pixels. Même face à des sujets très peu mobiles comme les étoiles, les clichés analysés à plus de 100% sur un écran montrent des défauts de traitement.
Autre mise en défaut des algorithmes : la simulation d’arrière-plan flou. Et ce, notamment sur les sujets connus pour ne pas aider les photographes, à savoir les enfants et les animaux. Chats inclus, comme l’ont parfaitement démontré Les Nuls, « Les chats, c’est vraiment des branleurs » (en français dans le texte). Ainsi, notre amie Mirage, ici représentée, n’a laissé aucune chance aux algorithmes du Pixel 4a, les piégeant plusieurs fois.
De manière générale et hors effet bokeh, les « défauts » numériques ne s’observent qu’à 100% sur un écran 27 pouces en pinaillant. Dans le cadre d’une consultation « normale », c’est dire visionnage sur l’écran du smartphone, tirage d’un 10×15, voire fond d’écran, il est très difficile pour le commun des mortels de déceler quoi que ce soit.
Excellence des couleurs, lissage un peu fort en basses lumières
L’autre victoire découlant de la priorité absolue que Google donne au logiciel sur le matériel : la qualité des couleurs. Cela fait déjà trois générations de terminaux que les Pixel, aux côtés des iPhone, mènent la danse en matière de qualité de la gestion des couleurs.
Des lumières difficiles comme les frondaisons des arbres ne posent aucun problème au Pixel 4a, capable de rendre avec fidélité les couleurs naturelles – ni touche bleutée, ni réchauffement artificiel des teintes. Même en intérieur avec plusieurs températures de couleurs (incandescent + halogène par exemple), le Pixel 4a produit une balance des blancs du juste milieu. Sur nos différentes images de test, nous n’avons jamais pu prendre le moteur de rendu des couleurs en défaut, ce qui est excellent.
La montée en hautes sensibilités s’accompagne en revanche d’un lissage très fort qui élimine l’essentiel des détails. Si le but est évidemment de réduire le bruit numérique, l’opération se paye ici par une disparition de l’effet de profondeur et l’annihilation des textures et reliefs. Ici Google paye son unique et petit capteur.
Vidéo : la stabilisation efficace au prix d’un fort recadrage
Révolutionnaire à la sortie du premier Pixel, la stabilisation vidéo du Pixel 4a est toujours efficace et permet de filmer des séquences visionnables sans avoir recours à un système de stabilisation extérieur. Mais « vieux » algorithmes obliges – Google n’est clairement plus en pointe dans le domaine – le recadrage est toujours aussi violent. Comprendre qu’on perd beaucoup en couverture angulaire et que le grand angle initial équivalent à un 27 mm est alors plus proche du 45 mm.
Autofocus : l’ADN d’un iPhone 4S
Côté autofocus, le Pixel 4a fait penser à l’iPhone 4S, le premier smartphone à avoir pris le parti suivant « plutôt une image floue que pas d’image du tout ». Il faut dire qu’à l’époque (2011), les autofocus à détection de contraste des smartphones étaient tellement à la ramasse que de nombreux terminaux déclenchaient mille ans après la bataille, voire pas du tout.
Le revers de cette médaille est le comportement en basses lumières : qu’il soit prêt ou pas, qu’il ait fait le point ou pas, le logiciel « Appareil photo » du Pixel va déclencher. Un comportement qui encourage l’utilisateur à moins faire attention à la stabilité de son cadre – « si l’appareil déclenche, c’est qu’il est prêt ». Et le public le plus tremblotant (ou le moins patient) de subir des clichés flous dès que la lumière se fait la malle.
Heureusement, les utilisateurs malins comprendront vite que le comportement « optimiste » du Pixel 4a doit être compensé par une approche « traditionnaliste » : je vérifie bien que l’image à l’écran est nette, et ma main stabilisée depuis au moins une ou deux secondes avant de déclencher. Dans ses conditions, le Pixel 4a rate rarement sa cible.
BILAN
Avec le Pixel 4a, Google lance ce qui est sans doute le meilleur rapport qualité d’image-prix du monde des photophones, son module caméra étant grosso-modo similaire à celui de ses grands frères. L’atout indéniable est évidemment la qualité d’exposition et l’excellence des couleurs, qui font référence dans le milieu de la smartphotographie.
Mais la partition photo du Pixel 4a reste limitée : avec un seul module caméra, il n’offre pas la palette créative des terminaux haut de gamme (différentes focales, arrière-plans flous perfectionnés, etc.), ni les raffinements que procurent les grands capteurs (super définitions, performances en basses lumières). Le Google Pixel 4a doit être regardé comme le compact parfait pour la photo quotidienne. Et à 349 euros, c’est déjà une belle prouesse.
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