La commision des affaires économiques a reçu ce mardi 28 février 2012 le directeur général de Bouygues Telecom puis le président de l’Arcep. Les questions des députés ont porté, pour la plupart, sur l’arrivée de Free Mobile et sa couverture réseau. Comme ses prédécesseurs, Olivier Roussat a d’emblée tiré à boulets rouges sur le quatrième entrant. Il a d’abord critiqué le fait que Free n’ait pas profité des 6 000 « points hauts » qu’avait mis à disposition en location TDF, SFR et Bouygues, ne déployant que 978 antennes environ (chiffre arrêté au 13 février). Estimant ainsi que Free avait délibérément choisi de ne pas déployer d’antennes et de faire de l’itinérance avec Orange, non pas par soucis techniques, mais dans le but principal de « ne pas mobiliser de cash ».
A titre de comparaison, il a avancé le chiffre de 2 600 antennes 3G déployées par Bouygues Telecom en 2011. Free aurait donc préféré, selon lui, payer au fur et à mesure Orange pour le trafic acheminé plutôt que de réaliser d’emblée de lourds investissements dans son réseau. La raison en serait simple : les prix des abonnements ne le permettrait pas.
Par ailleurs, Olivier Roussat a émis des doutes quant au bon paramétrage du réseau Free Mobile. De ce fait, pour éviter des coupures d’appel lorsqu’un abonné passait du réseau Free au réseau Orange, l’opérateur aurait tout bonnement éteint certaines antennes (ou diminué leur portée) pour que les clients Free restent en itinérance et bénéficient ainsi d’une qualité de service irréprochable. Et de conclure que l’Arcep allait être finalement amenée, en rendant les conclusions de son enquête, à décider si elle acceptait ou pas « les vrais faux réseaux ».
Olivier Roussat, directeur général de Bouygues Telecom, mardi 28 février, lors de son audition à l’Assemblée nationale.
L’Arcep tient des propos plus mesurés
Dans la foulée, la commission de l’Assemblée nationale accueillait le président de l’Arcep. Le moins que l’on puisse dire est que son discours n’avait pas la même tonalité que celui de son prédécesseur. Après être revenu en détails sur les conditions de mesure de couverture telles qu’elles ont été définies par l’Autorité (et qui, par exemple, ne tiennent pas compte de la couverture à l’intérieur des bâtiments), Jean-Ludovic Silicani a tout simplement déclaré que Free Mobile remplissait ses engagements vis-à-vis de l’Arcep en couvrant la population à plus de 27 % avec 753 antennes actives sur les 950 – environ – déclarées opérationnelles et contrôlées comme telles.
Concernant les critiques émises par les autres opérateurs au sujet de zones géographiques spécifiques, le régulateur a concédé que, dans une zone couverte par Free, « les appels étaient également acheminés sur le réseau d’Orange, mais dans une proportion moindre que celles dénoncées par les autres opérateurs ». Le nouvel entrant étant libre, à partir du moment où il couvrait 27 %, d’éteindre certaines antennes et d’en allumer d’autres.
Jean-Ludovic Silicani n’a pas manqué de rappeler que, dix ans plus tôt, le même type de vérification avait été fait pour France Télécom et SFR et, dans le délai qui leur était imparti, les deux opérateurs n’avaient construit aucune antenne. L’Autorité de régulation des télécoms, à l’époque, avait alors fait preuve d’une certaine souplesse en rallongeant le délai. Le président de l’Arcep a, de manière générale, déploré « le climat de rumeur » qui régnait sur le Net et dans la presse depuis ces deux derniers mois, estimant que « si quiconque avait quelque chose à contester, il n’avait qu’à le faire clairement en saisissant le régulateur ».
Jean-Ludovic Silicani, président de l’Arcep, auditionné par les députés de la commision des affaires économiques.
Par ailleurs, ce sont des remarques de bon sens qui ont été émises. Orange possédant près de trente millions d’abonnés, comment Free Mobile – avec ses 1,5 à 2 millions d’abonnés dont 85 % environ utilisent les tuyaux de l’opérateur historique – pourrait bouleverser les infrastructures d’Orange ? Si le contrat de droit privé entre Free Mobile et Orange n’avait pas été respecté, un juge aurait été saisi… Or, il n’en est rien à l’heure actuelle.
Autre évidence que nous n’avions pas manqué de signaler dans un précédent article, il revient plus cher à Free de faire de l’itinérance que de développer son propre réseau. Et enfin, si Free avait la capacité d’investir 400 millions dans la 4G (requête qui lui a été refusée), il dispose bien de ce cash pour déployer ses propres antennes.
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