Binance, la plus importante plateforme d’échange de cryptomonnaies au monde, vient d’annoncer la création d’un « Web3 Wallet ». C’est une grande première pour le leader de l’industrie. L’annonce a été réalisée dans le cadre de la Binance Blockchain Week 2023, qui se tient du 8 au 9 novembre à Istanbul (Turquie).
Here’s @_RichardTeng announcing the #Binance Web3 Wallet for the first time, live today at #BinanceBlockchainWeek!
Set yours up 👉 https://t.co/gYsMIGkSE4 pic.twitter.com/VXFQjQO5xx
— Binance (@binance) November 8, 2023
Le portefeuille sera mis à la disposition de tous les utilisateurs de l’exchange par le biais de l’application mobile Binance. Il ne faudra donc pas installer d’application supplémentaire sur votre smartphone pour stocker des fonds en dehors de la plateforme centralisée.
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Un wallet dont Binance ne détient pas les clés
Compatible avec un total de 30 réseaux blockchain, le wallet est pensé comme une passerelle sécurisée entre la plateforme centralisée Binance et l’écosystème de la finance décentralisée (DeFi).
« Les portefeuilles Web3 représentent plus que le simple stockage d’actifs numériques ; ils font partie intégrante du cadre Web3, donnant aux individus la capacité de se financer eux-mêmes », fait valoir Changpeng « CZ » Zhao, PDG de Binance, lors de la conférence.
Il s’agit d’un wallet autohébergé (self-custody). En clair, Binance ne détiendra pas les clés privées qui permettent d’accéder au contenu du portefeuille. La détention des clés incombe uniquement au propriétaire des actifs. Ce n’est pas la même chose si vous stockez des avoirs directement sur la plateforme. Dans ce cas-là, Binance agit comme une banque et est responsable de la gestion de vos cryptomonnaies. L’entité peut accéder à vos fonds et les bloquer, en cas de suspicion de fraude par exemple.
« Les fonds du portefeuille sont exclusivement détenus et gérés par l’utilisateur. Vous contrôlez totalement vos actifs », souligne Binance sur son site web.
De facto, Binance ne peut pas être tenu pour responsable en cas de vol ou d’oubli. Comme l’explique un porte-parole à CoinTelegraph, « si un utilisateur oublie son mot de passe de récupération ET perd son appareil/supprime l’application Binance, il ne pourra pas accéder à son portefeuille Web3 et Binance ne pourra pas le restaurer pour lui ».
Pour sécuriser les fonds, Binance exploite une technologie intitulée la « multi-party computation » (MPC). Elle consiste à fragmenter les clés privées pour améliorer la sécurité des cryptomonnaies. Un pirate devrait donc accéder à plusieurs systèmes au lieu d’un seul pour voler vos fonds. Le MPC offre de ce fait une couche de sécurité supplémentaire aux investisseurs. En l’occurrence, Binance a scindé les clés privées en trois fragments.
« Le fait que les parts de clés soient réparties sur trois emplacements différents atténue le risque que les clés soient compromises et réduit la vulnérabilité du système », explique Binance.
Binance annonce par ailleurs l’intégration de plusieurs mécanismes de sécurité, qui devraient éviter l’envoi de cryptos par erreur par exemple :
« Recevez des alertes si un token ou une blockchain comporte des risques de sécurité, notamment une protection contre les adresses erronées ou la détection de contrats malveillants ».
La solution développée par Binance s’impose comme une alternative à des portefeuilles populaires, comme Metamask ou Trust Wallet. Pour mettre au point le portefeuille, le géant s’est d’ailleurs appuyé sur la technologie Wallet as a Service (WaaS) de Trust Wallet. Elle permet de développer rapidement des services Web3, comme un portefeuille décentralisé, sans devoir tout concevoir de A à Z.
Notez que Binance est loin d’être la première plateforme centralisée à lancer un portefeuille autohébergé. Des concurrents, comme Coinbase ou Crypto.com, se sont déjà engouffrés sur ce marché par le passé.
Binance réagit au cauchemar de l’année dernière
Avec cette annonce de taille, Binance cherche vraisemblablement à rassurer les détenteurs de cryptomonnaies, échaudés par l’effondrement brutal de plusieurs géants de l’industrie. L’an dernier, des mastodontes comme FTX ou Celsius ont en effet mordu la poussière, engloutissant tout l’argent de leurs utilisateurs. Par exemple, FTX, l’ancien numéro deux de l’écosystème crypto, a déclaré faillite en novembre. Une enquête a révélé que Sam Bankman-Fried, PDG du groupe, et ses équipes piochaient allègrement dans l’argent des utilisateurs pour financer leurs investissements ou leurs projets personnels.
En marge de la chute de FTX, de nombreux investisseurs se sont mis à retirer leurs fonds des plateformes d’échange par précaution. Binance n’a pas échappé à cette vague de méfiance. Peu après la faillite de l’empire FTX, Binance a enregistré une vague de retraits atteignant plus d’un milliard de dollars en cryptoactifs en l’espace de quelques heures. En une semaine, les investisseurs ont retiré 3,6 milliards de dollars.
Traumatisés par la trahison de FTX, de nombreux détenteurs redoutent que le géant Binance ne finisse également par flancher. Une montagne de rumeurs et de mauvaises nouvelles, comme la croisade de la SEC (Securities and Exchange Commission), contre Binance et d’autres acteurs du milieu, n’a fait qu’accentuer la méfiance des usagers. Dans ce contexte, Binance a enregistré une baisse des transactions au cours de l’année écoulée. D’après la société d’analyse blockchain 0xScope, les parts de marché de Binance ont fortement baissé pour se stabiliser autour de 40 %, contre 62 % un an plus tôt.
En stockant leurs avoirs numériques sur un portefeuille autohébergé, les investisseurs peuvent dormir sur leurs deux oreilles. Les fonds sont à l’abri d’une hypothétique faillite ou d’éventuelles pratiques frauduleuses étant donné que personne, hormis le propriétaire, n’a accès au contenu du wallet. Évidemment, les cryptomonnaies stockées peuvent toujours perdre de la valeur au fur et à mesure que le marché fluctue. En cas de krach, vos cryptodevises seront malgré tout dévalorisées.
Avec son wallet, Binance parviendra-t-il à convaincre ses usagers de rester au sein de son écosystème plutôt que de s’envoler sur des plateformes décentralisées ou d’autres portefeuilles Web3 ? On attend votre avis dans les commentaires ci-dessous.
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Source : Binance
À noter que Binance à racheté Trust Wallet il y a quelques années. Ce wallet était open source jusqu’au rachat par Binance, il n’est malheureusement plus open source.