Présenté lors du Computex 2018, le smartphone pour joueur d’Asus, le ROG Phone, a l’ambition de devenir l’appareil de référence dans le domaine du gaming sur mobile. Un segment de marché naissant, sur lequel les références commencent à se multiplier. Le premier du genre fut le Razer Phone (récemment passé en version 2 d’ailleurs) et maintenant les Honor Play, Xiaomi Black Shark (et le Helo) viennent s’ajouter à ce cercle assez fermé.
Un smartphone comme le ROG Phone apporte-t-il pour autant une expérience gaming vraiment supérieure à ce que peut offrir un smartphone haut de gamme équipé des meilleurs composants du marché ? Nous avons choisi de comparer ses performances en jeu au récent OnePlus 6T.
Nous avons donc soumis les deux appareils aux mêmes tests pour les départager, notre protocole pour smartphone classique évidemment, auquel nous avons ajouté quelques jeux vidéo, à savoir Fortnite, PUBG, Asphalt 9, Shadowgun Legend et HearthStone. Que le duel commence !
Prise en main et mensurations
Première constatation, ces deux smartphones sont de beaux bébés. 6 pouces pour le ROG Phone et 6,41 pouces pour le OnePlus 6T. Deux boîtiers assez grands, donc, et des écrans bord à bord pour en mettre plein les yeux.
Mais cela n’a pas que des avantages. Lorsqu’on saisit le ROG Phone en mode paysage, on rencontre quelques soucis dans le feu de l’action. L’absence de rebord implique que la base des pouces peut entrer en contact accidentellement avec l’écran et provoquer un déplacement du personnage ou le lancement d’une action non souhaitée. Il faut donc bien fléchir les pouces. Tout le temps, ce qui n’est pas forcément agréable. Notons qu’il nous a semblé que le OnePlus 6T était moins enclin à nous poser ce problème.
Par ailleurs, le poids du ROG Phone nous a paru vraiment trop élevé. Passé sur la balance, le smartphone pèse 200 grammes. Le OnePlus 6T – 184 grammes – est plus agréable à utiliser quand il s’agit de se lancer dans une session de jeu de plusieurs dizaines de minutes.
En outre, comme souvent avec les smartphones de cette taille, empoigner le OnePlus 6T en mode paysage force à positionner la main droite devant les hauts parleurs : adieu qualité des bruitages et de la musique. Sans parler du fait que si on joue avec le câble USB Type-C branché, il faut se débrouiller pour l’éviter en changeant le positionnement de ses doigts
Un souci qu’Asus a eu la bonne idée d’évacuer ! Les enceintes du ROG Phone sont en façade et le smartphone dispose d’une seconde prise de chargement au milieu du flanc gauche. Le câble branché est donc disposé face au joueur lors d’une session de gaming et ne le gêne pas.
Asus ROG Phone – One Plus 6T : manche nulle
Ergonomie vidéoludique
En attendant de nous attarder sur les accessoires, vendus séparément et qui transforment le smartphone d’Asus en simili 3DS ou en ersatz de Switch, à l’usage, on constate qu’il est difficile d’y jouer plus de 40 minutes sans avoir mal aux mains. Surtout si on décide d’utiliser les AirTriggers, les commandes tactiles latérales, sorte de gâchettes de tranche, qui obligent, encore une fois, à faire un peu de gymnastique avec les doigts.
Pour activer les Triggers une fois qu’un jeu est lancé, il faut passer par le Game Genie (Génie du jeu, en français), matérialisé par l’icône en forme de manette qui se trouve dans le menu de raccourci Android au côté du bouton Home et Retour.
A l’écran, les Triggers se matérialisent par de petites puces de couleur qu’on glisse sur des commandes ou des actions du jeu afin de les associer manuellement.
Dès que l’on presse une des gâchettes tactiles, la petite puce apparaît à l’écran pour sanctionner l’action. Mais attention, on peut seulement associer des boutons virtuels, présents en temps normal à l’écran. Impossible de les lier – par exemple – à l’ouverture d’un menu si ce dernier n’est pas matérialisé par une icône de l’interface affichée en jeu.
Dans Fortnite ou PUBG, nous avons attribué l’AirTrigger de droite à l’icône de saut et celui de gauche, à celle de tir. Ainsi, notre pouce droit pouvait se focaliser sur les autres actions, nos index gauches et droits étant à la manœuvre sur le bord supérieur du téléphone.
Côté réactivité, les Triggers sont à la hauteur lors d’une pression franche voire prolongée, il ne faut toutefois pas espérer appuyer dessus rapidement pour tirer au coup par coup, par exemple. Elles ont en effet parfois du mal à répercuter les actions répétées rapidement à leur surface. Dans un jeu de combat, mieux vaut ne pas les associer à des coups de pieds ou de poings car au mieux, trois actions sur cinq seront ainsi bien interprétées.
Sur le OnePlus 6T, pas de Triggers. Il faut donc jouer comme on le ferait sur n’importe quel autre smartphone et… ce n’est pas plus handicapant que cela. Nous avons cependant eu – et par deux fois – le réflexe involontaire de fléchir les index, oubliant que nous n’étions plus sur le ROG Phone. Mais de là à affirmer que les touches tactiles nous ont manqué, non. OnePlus 6T ou ROG Phone, comme d’habitude, nous avons fini en bas du tableau des scores de PUBG !
Bilan, le concept assez inédit des Triggers est séduisant mais demande à être encore amélioré.
Si on retrouve certaines sensations analogues à celles ressenties avec une manette de jeu dotée de gâchettes, on en est encore loin en matière de réactivité et de confort.
Asus ROG Phone – One Plus 6T : 1 – 0
Plate-forme technique de pointe et « Mode jeu »
Pour faire tourner tous les jeux vidéo mobile à disposition, Asus fait appel à un Snapdragon 845, dont les cœurs principaux ont été surcadencés à 2,96 GHz, et à 8 Go de mémoire vive. Ce surcroît de puissance n’est pas à l’œuvre tout le temps, il s’active via le « Mode X », à enclencher dans l’application Game Center ROG.
C’est aussi dans cet espace que vous pourrez définir le taux de rafraîchissement de l’écran suivant les jeux que vous lancez (60 ou 90 Hz), soit en leur créant un profil, soit en le faisant varier manuellement, à chaque fois.
Bien entendu, il faut que les titres soient optimisés en amont pour tirer parti d’une telle vitesse et ainsi caler le nombre d’images par seconde généré par le processeur graphique.
Le OnePlus 6T opte pour le même processeur et une quantité de mémoire identique. Pas d’overclocking annoncé ici mais un Mode Jeu est de la partie. Il s’enclenche automatiquement dès qu’un titre est lancé et optimise les performances de la plate-forme.
Toutefois, comme il y a peu de détails (et de menus étoffés) à son propos, difficile de savoir quelle est la nature exacte des optimisations effectuées. Précisons enfin que le taux de rafraîchissement de l’écran du OnePlus 6T est fixe : 60 Hz.
Asus ROG Phone – One Plus 6T : 2 – 1
Qualité d’affichage XXL
Là où les deux smartphones nous ont toutefois épatés, c’est en matière de qualité et de surface d’affichage. Les dalles AMOLED du ROG Phone (6 pouces) comme du OnePlus 6T (6,41 pouces) mettent bien en valeur les graphismes des jeux. Dire le contraire serait compliqué.
Nos mesures techniques indiquent que la dalle de l’Asus est bien plus lumineuse (664 cd/m2) que celle du OnePlus 6T (452 cd/m2) mais toutes deux ont su nous convenir en cadre vidéoludique, en intérieur. A l’extérieur, le ROG Phone prend la main, intensité accrue oblige mais le 6T n’est pas en reste, pas d’inquiétude.
Précisons qu’il est possible d’activer le mode HDR sur le ROG Phone, et d’affiner les paramètres de colorimétrie via Splendid, une appli préinstallée.
Et ce n’est pas un mal puisque la fidélité des couleurs n’est pas le point fort du ROG Phone.
Sur le 6T, déjà plus fidèle, il est aussi possible de changer le mode par défaut. Celui baptisé sRGB offre des couleurs extrêmement justes, les modes DCI-P3 et Automatique sont eux moins probants.
Asus ROG Phone – One Plus 6T : 3 – 2
Température et dissipation
Après avoir passé pas mal de temps à jouer sur le ROG Phone, impossible de ne pas le clamer haut et fort : il chauffe, le bougre. Mode X (dédié au jeu) ou pas, le dos de l’appareil monte rapidement en température dès qu’on joue plus de 25 minutes à Asphalt 9 par exemple. Même HearthStone déclenche des vagues de chaleur sur le dos du ROG Phone, alors que ce n’est pas franchement le jeu le plus riche en effets 3D et textures complexes.
Pour conserver un oeil sur la température interne de l’appareil et avoir des informations utiles sur l’occupation du CPU, du GPU, etc. il est possible d’afficher un petit widget à l’écran, que l’on positionne ensuite où l’on veut (voir capture ci-dessous).
Sans surprise, là où la température est la plus élevée, c’est au niveau du lecteur d’empreinte et des ouvertures. Les bords arrondis du boîtier en aluminium véhiculent très bien la chaleur. Tout comme l’écran. L’utilisation du petit ventilateur externe prendrait donc tout son sens dès que l’on joue pendant une période prolongée. Mais, force est de constater qu’il est surtout là pour diffuser de l’air frais sur vos doigts et non pour dissiper efficacement la chaleur ressentie.
Précisons aussi que le ventilateur est alimenté par la batterie du ROG Phone (4000 mAh). Via le menu ROG, on peut personnaliser la vitesse de rotation ou laisser le smartphone la gérer.
Sachez toutefois que si vous prenez la main et que vous poussez le curseur à son maximum, le ventilateur devient sacrément audible.
Dans le feu de l’action, sur le dos du 6T, les degrés montent aussi rapidement. Principalement tout autour des capteurs photos. La chaleur se propage ensuite sur toute la partie haute de l’écran. Et si vous changez les réglages des graphismes qu’offrent certains jeux (augmentation des images par seconde, niveau de détails, etc.), attendez-vous à voir le mercure grimper un peu plus encore.
Ici, le ROG Phone s’en tire un peu mieux que le One Plus 6T, grâce à l’épaisseur de son boîtier et son dos en verre Gorilla Glass. Cela ne lui permet toutefois pas de prendre véritablement la main sur la rencontre.
Asus ROG Phone – One Plus 6T : 4 – 2
Endurance classique et vidéoludique
Une chose est certaine, malgré sa batterie solide le ROG Phone ne tiendra pas plus de quelques heures en jeu intensif. Il suffit d’activer le Mode X, de régler l’écran en 90 Hz et à 200 cd/m2, puis de lancer Shadowgun : Legend en 4G pour s’en rendre compte (IPS limités à 60). La batterie fond comme neige au soleil, perdant 20 à 22% de sa capacité par tranche de 30 minutes.
Il faut donc se résoudre, pour les longues sessions, à jouer avec l’appareil connecté au secteur. Certains porte-parole d’Asus le reconnaissaient d’ailleurs du bout des lèvres à Taipei, lors de la présentation de l’appareil.
Pourtant, les différentes endurances du ROG Phone mesurées avec nos protocoles de tests traditionnels étaient plutôt correctes même si on était en droit d’attendre un peu plus d’une batterie de 4000 mAh. Il tient ainsi 11 heures en lecture vidéo continue, 14 heures en autonomie polyvalente (mêlant divers usages) et plus d’une journée en communication.
De son côté, le OnePlus 6T se pose en champion de l’autonomie dans nos protocoles de tests classiques avec 15 h en autonomie polyvalente et même plus de 19 h en lecture vidéo !
Mais, en Mode Jeu, avec les mêmes réglages que ceux que nous avons appliqué au ROG Phone (fréquence d’écran mise à part) et à Shadowgun, le 6T offre les mêmes prestations que le smartphone d’Asus. La jauge se vide à la même vitesse, entre 20 et 22% de moins après 30 bonnes minutes de jeu.
Parce qu’un smartphone aussi gamer soit-il ne sert pas qu’à jouer (surtout lorsqu’il est vendu 900 euros), le ROG Phone se fait ici rattraper par le One Plus 6T dont l’endurance est la meilleure du marché à l’heure actuelle, tout smartphone haut de gamme confondu.
Asus ROG Phone – One Plus 6T : 4 – 3
On ne cassera pas le cochon pour le ROG Phone
En attendant de tester le smartphone d’Asus avec les accessoires développés pour lui, nous réservons notre jugement final concernant le ROG Phone à plus tard. En tout cas, une chose est sûre, pour le moment, nous ne dépenserions pas 900 euros dans cet appareil.
A l’heure du choix et en introduisant la (lourde) notion de prix dans la balance, les deux duellistes reviennent à égalité. Et comme il faut trancher, c’est le OnePlus 6T que nous glisserions dans notre poche, sans hésiter.
Trop lourd dans le cadre d’un usage quotidien et même pour jouer en situation de mobilité voire à la maison, sur le canapé, le ROG Phone ne nous a pas séduit. La prise en main n’est pas confortable et la chaleur ressentie sur l’arrière entache clairement l’expérience vidéoludique. Pour un smartphone gaming, c’est ennuyeux.
Mais tout n’est pas à jeter ! La qualité d’affichage de l’écran est plus que satisfaisante et la puissance, au rendez-vous. Elle est en tout cas largement suffisante pour faire tourner les jeux mobiles les plus en vogue du moment… tout comme sur le OnePlus 6T malheureusement, un terminal qui coûte bien moins cher.
Les AirTriggers tout comme le bon écosystème logiciel et applicatif dédié au gaming (diffusion sur YouTube, Twitch, profils, etc.) développé par Asus incarnent les vrais points forts de l’appareil. Espérons que nous aurons de bonnes surprises lorsque nous testerons le ROG Phone avec ses accessoires.
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