Connu pour ses PC et accessoires pour joueurs, Razer sort son premier smartphone. Fidèle à la philosophie de la marque, le Razer Phone est tourné vers le jeu avec un processeur Snapdragon 835 (8 Go de mémoire vive, 64 Go de stockage extensible) et un écran 120 Hz. Une fiche technique inédite en France, complétée par une dalle de 5,7 pouces. Le smartphone est alimenté par une batterie de 4000 mAh et profite d’un double module photo (12 et 13 Mpix). Il est lancé à 749 euros.
Razer ne fait pas dans la dentelle
L’histoire du Razer Phone a commencé début 2017 avec le rachat de Nextbit, fabricant du Robin. Quelques mois ne semblent pas avoir suffi pour repenser le design du produit. Le Razer Phone reprend les mêmes lignes que le Nextbit Robin… et surtout les mêmes angles. Bien loin des formes délicates d’un LG V30, des courbures d’un OnePlus 5T ou du verre de l’iPhone X, Razer a taillé son appareil à la hache.
L’immense pavé n’est pas franchement confortable à prendre en main et pèse près de 200 grammes. A l’arrière, on retrouve le logo de Razer ainsi que le double module photo dans le coin supérieur gauche. Comme sur les smartphones signés Sony, le bouton d’alimentation situé sur la tranche abrite également le capteur d’empreintes digitales. La reconnaissance fonctionne bien, mais s’adresse surtout aux droitiers, qui déverrouilleront facilement leur appareil avec le pouce. Les gauchers devront se contorsionner le poignet pour se servir de leur index.
Pour se consoler, ils pourront s’amuser avec les boutons de réglage du volume, placés au milieu de la tranche gauche. La façade est totalement dépourvue de bouton physique. L’écran est encadré par de très larges haut-parleurs qui rappellent ce que proposait HTC il y a encore quelques années. La tranche inférieure accueille le port USB Type-C. Malgré des dimensions et une ergonomie clivantes, les finitions du produit sont excellentes. En revanche, il faut faire sans prise jack.
L’écran pour se distinguer
En présentant son produit comme un smartphone dédié aux joueurs, Razer a dû se différencier autrement que par la puissance. Son processeur Snapdragon 835 est en effet loin d’être une exclusivité. Le processeur a déjà été aperçu sur des appareils comme le OnePlus 5T, le Nokia 8, le LG V30 ou encore HTC U11. C’est donc l’écran du mobile qui est mis en avant, avec un taux de rafraîchissement de 120 Hz. La performance est inédite en France. Notons que par défaut, la dalle est paramétrée en 90 Hz.
Avant de juger l’impact de cette caractéristique, nous avons évalué des paramètres plus classiques comme le taux de contraste et le niveau de luminosité. Dans le premier domaine, le Razer Phone s’illustre par un excellent taux de 1516:1, malgré l’intégration d’une dalle IPS plutôt que d’une dalle Amoled. Il déçoit dans le second domaine, avec une luminosité de seulement 326 cd/m². Un chiffre très inférieur à ce que propose un Samsung Galaxy S8, avec un écran Amoled délivrant près de 550 cd/m². En extérieur, ce manque de luminosité est pénalisant dès lors que le ciel est dégagé. Avec une définition Quad HD, la résolution s’élève à 515 ppp.
120 Hz : idéal pour le quotidien…
Avec 120 images par seconde, le smartphone est censé proposer une fluidité inégalée pour naviguer entre les applications. Non seulement la promesse est tenue, mais Razer fait à nos yeux office de précurseur dans le domaine. Passer à 120 Hz permet de mieux tirer profit de la puissance de frappe du Snapdragon 835 et d’aller plus loin que la concurrence.
Entre un paramétrage à 60 Hz et une expérience en 120 Hz, la différence est flagrante, par exemple en passant d’une fenêtre à l’autre ou en faisant défiler un fil d’actualité. Le Razer Phone profite d’un confort de navigation qui frôle la perfection. La stratégie du fabricant mériterait d’être suivie par la concurrence en 2018.
… moins impressionnant pour le jeu
Faisant écho à son expertise dans le domaine, Razer évoque également une meilleure prestation en jeu vidéo. Nous avons joué à plusieurs titres, dont Riptide GP, figurant dans la liste des jeux censés tirer parti des 120 Hz. Mais l’intérêt d’une telle dalle est alors moins palpable.
En montant à 120 images par seconde, le Snapdragon 835 se montre moins véloce face aux titres les plus gourmands. A l’arrivée, l’expérience de jeu ne profite donc pas réellement de cette plus grande vitesse de rafraîchissement. Le passage à 90 Hz nous a permis d’obtenir le meilleur niveau de fluidité. L’ensemble des benchmarks placent logiquement le Razer Phone parmi les smartphones les plus puissants.
Le smartphone dispose de deux larges haut-parleurs encadrant l’écran. L’emplacement permet de ne pas boucher le son avec son index lorsqu’on tient le mobile à l’horizontale. La qualité sonore est bonne et la puissance est impressionnante pour un produit de cette taille. Idéal pour se faire maudire par toute une rame de métro !
OS : personnalisation infinie
Tout jeune acteur sur le marché des smartphones, Razer n’a pas développé sa propre surcouche logicielle. C’est le lanceur Nova Launcher Prime (5,25 euros sur le Google Play Store) qui a été retenu. Malheureusement, le smartphone n’est pas livré sous Android Oreo : il faut se limiter à Android Nougat.
Sans proposer de raccourcis très originaux, le lanceur s’illustre par un niveau de personnalisation presque infini. L’utilisateur peut choisir la forme et la couleur d’absolument tout ce qui passe à l’écran. Sur l’écran d’accueil, il est par exemple possible de pousser le nombre d’applications affichées jusqu’à l’absurde.
Autonomie décevante
Grâce à sa batterie de 4000 mAh, le Razer Phone paraissait bien outillé pour bénéficier d’une excellente endurance. Les résultats sont décevants, avec une autonomie polyvalente de 9h37, bien éloignée des 14h22 du Huawei Mate 10 Pro, des 13h29 du LG V30 et des 12h16 du Samsung Galaxy S8. Lors du test, le smartphone ne s’est pas éteint avant la fin de la journée, mais il n’a pas non plus permis d’aller plus loin.
Nous avons mesuré l’autonomie en jeu du Razer Phone, qui a tenu près de quatre heures. Il figure dans le milieu de tableau, à un niveau proche de la majorité des appareils haut de gamme. Seuls les derniers iPhone et le Sony Xperia XZ1 se démarquent.
Une offre photo indigne d’un haut de gamme
Malgré son double module photo, le Razer Phone ne propose pas de mode portrait. Le fabricant évoque un zoom optique, mais aucun bouton spécifique n’est présent dans l’applications photo. La présence d’une focale plus resserrée aurait pu permettre à Razer de proposer un mode portrait, mais il n’en est rien. On se demande donc quel est l’intérêt de cette configuration dans la mesure où la qualité du zoom n’est pas supérieure à ce que peut proposer un zoom numérique.
En utilisant le capteur principal, le résultat est acceptable, mais n’est pas digne d’un smartphone haut de gamme. Le niveau de piqué est faible, tout comme le niveau de détails. La prise de vue n’est d’ailleurs pas une partie de plaisir. La mise au point est très capricieuse. Résultat, une photo sur trois est totalement inexploitable. La vitesse de prise de vue est également très en deçà de ce que proposent tous les concurrents à ce niveau de prix. En basses lumières, la qualité est bien trop dégradée malgré une bonne exposition.
Pour son premier smartphone, le fabricant n’a pas jugé bon d’apporter un grand soin à la photo. La meilleure preuve reste l’application photo, qui ne propose absolument aucune fonction spécifique. En vidéo – avec une qualité tout aussi moyenne, n’espérez pas choisir entre un enregistrement à 30 ou 60 images par seconde. L’expérience photo du Razer Phone se rapproche de celle d’un smartphone à 300 euros.
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