Les développeurs de Beeper Mini avaient cru trouver la martingale pour que les messages envoyés dans l’app Messages de l’iPhone par des smartphones Android s’affichent dans des bulles bleues. Elles sont normalement de couleur verte (synonyme de simple SMS), ce qui est un stigmate pour beaucoup d’utilisateurs ; Beeper Mini transformait en fait les messages Android en iMessage, le système de communication propriétaire d’Apple.
Des munitions pour le DoJ et la FTC
Bien sûr, Apple n’allait pas passer l’affront sans réagir. Très rapidement, la firme à la pomme a bouché les trous qui permettaient à l’application de faire son œuvre. Un jeu du chat et de la souris qui s’est terminé par l’abandon de Beeper Mini : la messagerie espère simplement que sa dernière rustine — qui nécessite un iPhone jailbreaké — ne soit pas patchée par Apple.
Au-delà de l’enrichissement autorisé par les iMessages (photos et vidéos en haute qualité, statut de lecture, conversation de groupe…), le système imaginé par Apple est aussi sécurisé avec un chiffrement de bout en bout qui interdit à quiconque d’espionner ou de siphonner des conversations. Eric Migicovsky, le CEO de Beeper, savait probablement qu’Apple n’allait pas fermer les yeux sur sa messagerie pirate. Mais il a très intelligemment déplacé le débat sur le terrain de la sécurité des échanges.
« Si Apple se soucie vraiment de la confidentialité et de la sécurité des utilisateurs d’iPhone, pourquoi essaieraient-ils de tuer un service qui permet aux iPhone d’envoyer des messages chiffrés aux utilisateurs d’Android ? », se demandait-il au début de cette aventure. Un argument qui n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd, et même de deux sourds : le ministère américain de la Justice (DoJ) ainsi que la Federal Trade Commission (FTC, le régulateur de la concurrence) s’intéressent au dossier Beeper.
Des avocats antitrust du DoJ, qui enquête depuis quatre ans sur les pratiques d’Apple, ont rencontré Eric Migicovsky le 12 décembre pour évoquer le sujet. Un témoignage qui pourrait bien renforcer le dossier d’accusation contre le constructeur informatique. De son côté, le FTC a annoncé une « évaluation » des justifications d’Apple, qui oppose la « confidentialité et la sécurité » pour refuser l’interopérabilité de son système de messagerie avec d’autres plateformes. Une excuse bien pratique, trop peut-être…
Apple a néanmoins une carte dans sa manche : la prise en charge du format RCS dans le courant de l’année prochaine. Une annonce surprise (Apple s’opposait vertement au RCS depuis des années) qui va faciliter les communications entre Android et iPhone, même si les messages venant d’Android seront toujours dans des bulles vertes !
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Source : New York Times