En moins de deux ans, Dacia a fait exploser le prix de sa Dacia. La moins chère des voitures électriques vendues en France est passée de 16 990 euros à son lancement à l’automne 2021 à 20 800 euros aujourd’hui pour la version la moins chère. Près de 4 000 euros de hausse en quelques mois, forcément, ça se voit.
Il n’y a pas que les consommateurs qui s’interrogent sur la légitimité de cette hausse tarifaire, l’affaire est devenue politique ce week-end, lorsque Fabien Roussel, le secrétaire national du PCF, invité de France 3 a décidé de s’en saisir. Le député n’y est pas allé par quatre chemins en accusant directement Renault d’une hausse malhonnête aux frais du contribuable : « Vous savez le scandale de Renault, de la Dacia Spring qui est faite en Chine, elle est vendue en France à près de 20 000 €. Depuis que le gouvernement a augmenté les primes pour acheter une voiture électrique, Renault a augmenté de 4 000 € le prix de la Dacia pour empocher l’argent, c’est toujours les Français qui paient dans cette histoire ! ».
Je veux dénoncer ici le scandale absolu de la Dacia Spring.
Premier scandale : Renault la fabrique en Chine !
Deuxième scandale : Renault a rehaussé son prix de 4000 euros dès que l'État a augmenté ses aides à l'achat de voiture électriques. pic.twitter.com/GwByUPJm4P
— Fabien Roussel (@Fabien_Roussel) February 19, 2023
Les accusations de Fabien Roussel sont-elles fondées ?
De quoi Dacia est-il vraiment accusé ? Le patron du parti communiste fustige d’une part la fabrication chinoise du véhicule. Effectivement, la marque low cost de Renault fait fabriquer son entrée de gamme électrique sur les mêmes lignes de production que son équivalent chinois, la Renault City-KZE, dans la ville de Shiyan… en Chine. Cette information n’est pas nouvelle, elle avait été dévoilée par le Losange lors de l’annonce de la Spring et rappelée à maintes reprises dans nos pages.
Qu’en est-il de la hausse de prix ? Celle-ci est effectivement réelle. Elle a débuté dès les premières semaines de commercialisation de la voiture et s’est poursuivie tout au long de sa (jeune) carrière sans qu’il y ait en contrepartie une quelconque hausse des prestations. À son lancement, la Dacia Spring coûtait exactement 16 990 euros dans sa version de base. Son tarif a ensuite augmenté à sept reprises :
- Octobre 2021 : un mois après sa commercialisation, la Spring passe à 17 090 euros
- Décembre 2021 : plus 300 euros pour arriver à 17 390 euros
- Mars 2022 : 300 euros supplémentaires et un nouveau tarif de 17 690 euros
- Avril 2022 : première flambée de 1000 euros justifiée par la guerre en Ukraine (18 690 euros)
- Mai 2022 : 600 euros de plus, le nouveau prix est de 19 290 eurosJuin 2022 : 510 euros qui s’ajoutent, on arrive à 19 800 euros
- Octobre 2022 : seconde flambée, la Spring passe la barre des 20 000 euros, 20 800 euros exactement
Sur ce point, difficile de donner tort au député, les faits sont criants de vérité, entre sa commercialisation et aujourd’hui la moins chère des voitures électriques a pris près de 4 000 euros, sans aucune contrepartie pour le client.
Dacia fait-il main basse sur le bonus ?
La troisième accusation de Fabien Roussel est en revanche erronée. Au lancement de la Spring, le bonus écologique était déjà en vigueur, il était alors de 6 000 euros. À cette époque pas si lointaine, la Spring n’était même pas assez chère pour pouvoir l’activer à taux plein (le bonus écologique est plafonné à 27 % du prix du véhicule). Comme nous l’indiquions dans notre test de la petite électrique de Dacia, le prix de vente était alors de 12 403 euros.
Si sur les premières augmentations, à coups de quelques centaines d’euros, l’argument du « détournement de bonus » pouvait s’entendre, il ne tient plus depuis plus d’un an. De plus, ce coup de pouce de l’État a même baissé à 5 000 euros pour la moitié des ménages. Dacia n’a donc pas d’intérêt réel à faire varier ses prix en fonction de l’aide gouvernementale. Dacia n’est d’ailleurs pas le seul constructeur à avoir revu ses tarifs à la hausse, c’est le cas pour la très grande majorité des acteurs de l’industrie automobile. Même un MG, pourtant très agressif sur les prix, a dû consentir à une hausse de son modèle d’entrée de gamme, la MG4.
Quant aux autres, que ce soit chez Audi, Peugeot ou sur les autres modèles de Renault, la hausse des prix est un fait avéré. Néanmoins, du fait de son prix très bas, les hausses chez Dacia peuvent paraitre plus importantes en proportion. En effet, ces 3 810 euros d’augmentation en 15 mois représentent tout de même une hausse de 23 % du prix initial. En conséquence, la question qui mériterait d’être posée, serait plutôt de savoir si à 20 800 euros, la Dacia Spring mérite toujours d’être considérée comme une voiture au bon rapport qualité/prix.
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Ce qui est marrant est que les constructeurs vendent moins de voitures mais aucun ne se plaint de perdre de l’argent ,de faire moins de profit.
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