Elle était attendue, la voici : la montre connectée de Samsung, spécialisée outdoor, la bien nommée Galaxy Watch Ultra est arrivée en même temps que deux autres stars du constructeur coréen, ses smartphones pliants, le Z Flip 6 et le Z Fold 6. Censée proposer une expérience supérieure aux Galaxy Watch traditionnelles, elle se destine à un public plus exigeant, jusqu’ici tourné vers les accessoiristes sportifs tels que Garmin, Polar ou Suunto. Comme Apple depuis deux ans, avec sa propre Watch Ultra, Samsung veut séduire ce public exigeant près à dépenser entre 600 et 1 000 euros pour un accessoire ultra complet. Comment Samsung est-il parvenu à passer d’une montre connectée relativement basique, la Galaxy Watch 7 à un accessoire taillé pour les sports les plus exigeants, en montagne ou en plongée ? Cette Galaxy Watch Ultra est-elle une véritable montre de sport outdoor ou une montre connectée grimée en sportive ? Réponse dans notre test complet.
Design : les codes de l’ultra, à la mode Apple
Non, la Galaxy Watch Ultra n’est pas un copier/coller de l’Apple Watch Ultra. Que Samsung se soit (largement) inspiré de la marque à la pomme pour le nom, certaines fonctions et même quelques coloris de sa montre, c’est une évidence. À tel point que, sur les premières photos volées de la Galaxy Watch, on a pu croire à une mauvaise blague de la part du Coréen. Mais entre les différents leaks et celui de l’officialisation, il y a un fossé immense qui apparait une fois la montre en main… ou au poignet.
C’est un fait, Samsung s’est nettement inspiré d’Apple, mais il ne s’est pas contenté de plagier. Mises côte à côte, les deux montres s’avèrent très différentes pour peu qu’on ait pris le temps de remplacer le bracelet orange de l’une des deux. Pour autant, les choix de Samsung peuvent interroger. Le fabricant semble avoir hésité entre le format rond qu’il utilise habituellement et le carré qui rappelle l’Apple Watch. Il a pris les deux pour faire entrer un cadran rond dans un boîtier carré. Le résultat est étonnant et peut au choix séduire ou rebuter.
Que l’on aime ou pas, ce qui est certain, c’est qu’on ne peut dénier l’aspect massif de la montre. Très bien finie au demeurant et donnant l’impression d’un gadget solide (merci le titane), elle parait déborder du poignet avec ses 12,1 mm d’épaisseur. Cette impression est confirmée par le poids de la tocante, 60,5 g, hors bracelet, ce qui est élevé dans l’absolu, mais dans les standards des « grosses » montres outdoor. Pourtant, une fois la Galaxy Watch au poignet, celle-ci a bien du mal à se faire oublier. Même après une semaine, sa présence est perceptible, ce qui n’est pas le cas lorsqu’on court, par exemple. En revanche, garder la montre la nuit relève de l’exploit. En ce sens, la Watch Ultra est le meilleur argument commercial de Samsung pour vous faire acheter la Ring, sa bague connectée. Dommage pour la partie sommeil, soit-disant boostée par Galaxy AI. Pour le reste, on ne peut que souligner le travail réalisé par Samsung au niveau des finitions, mais aussi le fait que le constructeur ait choisi de décliner sa montre en deux coloris, noir ou blanc qui se révèlent très différents.
Ce design assez travaillé pour une montre de sport n’empêche pas la Galaxy Watch Ultra de cocher toutes les cases en matière de solidité et de résistance aux conditions extérieures. Ainsi, la montre est certifiée IP68, jusque là rien d’extraordinaire, mais elle dispose également d’une certification militaire MIL-STD 810H et est également compatible avec les activités de plongée (10 ATM). Sur ce point, Samsung se savait particulièrement attendu et a fait le nécessaire pour ne pas être pris en défaut. Sa Galaxy Watch Ultra est donc à la hauteur des spécialistes des sports outdoor.
Le bracelet de la discorde
Un point sur lequel il convient de s’arrêter quelques secondes : avec sa Galaxy Watch Ultra, Samsung a décidé de changer de système de bracelet pour passer à une formule propriétaire. Comme sur les précédentes Galaxy Watch 6, il suffit de presser le bouton sous le boitier et d’enclencher le bracelet pour que celui-ci se fixe. Un clic permet d’ailleurs de valider la procédure à l’oreille. Oui, mais la Watch Ultra dispose de ses propres bracelets et ceux des précédentes Galaxy Watch ne sont pas compatibles. Dommage pour ceux qui avaient investi dans des bracelets pour leur Watch et pour l’écologie en général.
Si l’on ajoute à cela que le bracelet orange est l’élément qui ressemble le plus à l’Apple Watch, et l’une des raisons pour lesquelles Samsung est accusé d’avoir copié son rival, le bilan côté bracelet est particulièrement sévère et confirme à quel point le Coréen s’est trompé.
Un écran brillant !
Diamètre de 1,5 pouce en 480 x 480, technologie Amoled et luminosité faramineuse à 3 000 cd/m2, les caractéristiques de l’écran de la Watch Ultra disent d’elles-mêmes pourquoi l’affichage est l’un des points forts de la montre. Et pour cause, même en plein soleil, là où nombre de ses concurrentes souffrent face aux reflets, la montre de sport de Samsung s’avère tout à fait lisible. Un excellent point.
D’ailleurs, cet écran dispose également d’un mode « Always on » (toujours allumé) qui permet, comme son nom l’indique, d’être actif en permanence. Attention toutefois. Dans cette configuration, l’autonomie est fortement réduite. En revanche, ce qui ne grève pas l’autonomie, mais qui reste très pratique, c’est l’affichage en mode nuit qui, comme sur l’Apple Watch Ultra, fait passer tous les éléments du cadran en rouge pour qu’ils soient mieux visibles dans l’obscurité.
Enfin, toujours côté écran, mais du point de vue de la personnalisation, il est possible de choisir son propre affichage, même s’il faut être sacrément motivé pour opter pour un autre écran que « l’analogique Ultra » qui va si bien à la montre et qui comporte un grand nombre de données. Bien entendu, vous n’avez pas d’obligation d’être de notre avis.
La Galaxy Watch Ultra à l’usage
Pour quiconque a déjà utilisé une Galaxy Watch récente, la navigation sur la version Ultra aura tout du déjà vu. En effet, basée sur le même OS, c’est-à-dire Wear OS 5.0 doublé de la surcouche de Samsung, One UI Watch, elle propose une interface relativement claire et une navigation accessible. Ainsi, en plus du traditionnel défilement des cadrans, on retrouve des gestes désormais bien intégrés des utilisateurs de montres connectées sous WearOS :
- Glissement vers le bas : accès aux paramètres
- Glissement vers le haut : accès aux applications
- Glissement vers la gauche : accès aux widgets
- Glissement vers la droite : affichage des notifications
Cette navigation tactile est doublée d’une navigation plus traditionnelle, avec des boutons qui font sens dans le cas d’une montre de sport. Vous n’êtes pas convaincus ? Essayez d’utiliser un écran tactile avec les doigts mouillés de sueur. Cette navigation physique gagne même un nouveau bouton.
Un nouveau bouton pas suffisamment exploité
Celui-ci, placé au centre de la tranche, côté droit, est l’un des éléments les plus visibles de la montre grâce à son liseré orange. Nommé bouton « Action » (comme chez Apple, faut-il le préciser), il est laissé à la discrétion de l’utilisateur qui peut le paramétrer. Plus précisément, dans les paramètres, il est possible de lui attribuer une tâche précise, ce qui en fait globalement un gros bouton de raccourci. C’est là sa première limite. En effet, il n’est possible d’attribuer qu’une seule et une seule tâche à ce bouton. Il vaut donc mieux être au fait de ses habitudes. Dans notre cas, puisque nous alternons régulièrement entre le vélo et la course à pied, le bouton d’action nous a permis de gagner une étape en lançant directement l’application « Exercices ». C’est toujours une seconde ou deux de gagnées, mais un bouton était-il nécessaire pour cela ?
En effet, notre principal grief ne concerne pas nécessairement l’ajout de cette touche, mais bien son usage limité. Impossible, par exemple, de lui attribuer plusieurs missions avec un double ou un triple appui, par exemple. Seul un appui long sur le bouton donne lieu à une autre action : un appel au secours. Samsung aurait pu sur ce point davantage s’inspirer de l’Apple Watch qui fait de son bouton d’action une couronne digitale facilitant ainsi la navigation. Raté. Tout comme le constructeur coréen a manqué l’occasion de se démarquer en intégrant à la Watch Ultra la lunette rotative qui fonctionne si bien sur ses Galaxy Watch « Classic ». En conséquence, ce bouton d’action si puissant sur le papier a un intérêt inversement proportionnel à sa taille. On se contentera dans la plupart des cas à utiliser les deux touches traditionnelles au-dessus et en dessous du bouton d’action, pour le retour, on le renvoie à l’écran d’accueil.
Cette ergonomie légèrement défaillante se retrouve également dans certains choix de navigation, plus adaptés aux montres connectées qu’aux montres de sport.
Deux applications pour un fonctionnement complexe
Pourquoi faire simple lorsqu’on peut faire compliqué ? Ce n’est pas une première sur les montres connectées de Samsung, mais une erreur qui se répète à chaque génération. Les Galaxy Watch n’ont pas besoin d’une application pour fonctionner, mais de deux. La première, Galaxy Wearable, permet de personnaliser la montre, ses cadrans et quelques fonctionnalités (notifications et gestes, par exemple) de la tocante. La seconde, Samsung Health est le compagnon indispensable pour le suivi des statistiques physiques et sportives et pour l’analyse de ses exercices.
Ce recours à deux outils plutôt qu’un seul pose plusieurs problèmes. Le premier, c’est celui de la cohérence. Il est tout simplement pénible de passer d’une application à l’autre en fonction de ce que l’on souhaite faire sur sa montre. Ce d’autant plus que l’interface étant assez limitée (nous y reviendrons), le recours à Samsung Health est indispensable.
Autre souci, celui de la compatibilité. Galaxy Wearable n’est disponible que sur Android, ce qui prive donc les utilisateurs d’iPhone de la possibilité de profiter de la Galaxy Watch. Pire, certaines fonctionnalités, comme le paiement sans contact, qui pourraient être étendues à l’ensemble des terminaux Android sont limitées aux smartphones Samsung.
Voilà une des différences fondamentales entre la Galaxy Watch Ultra, montre connectée pensée pour faire du sport, et les montres purement sportives dotées d’une partie connectée. Ces dernières, même si elles bénéficient d’applications parfois défaillantes (coucou Garmin !) Font preuve de davantage de cohérence et concentrent l’essentiel des options soit directement sur la montre, soit sur une unique application.
Davantage connectée que sportive
Ce que traduit ce procédé de la part de Samsung, c’est malheureusement une méconnaissance des besoins des sportifs en matière de montre. Il ne suffit pas d’empiler les applications et d’assurer sur la qualité des mesures pour faire d’une tocante une spécialiste des sports en extérieur. Sur ce point, Samsung rencontre en réalité les mêmes difficultés qu’Apple, mais dans des proportions plus importantes. Certains choix interrogent, comme celui de multiplier les étapes avant de pouvoir démarrer un exercice ou encore de devoir passer par deux boutons différents pour démarrer ou stopper une activité. Le fait de devoir aller dans les sous-menus d’une activité pour pouvoir y mettre fin définitivement et l’enregistrer n’est pas non plus quelque chose d’intuitif, notamment lorsqu’on utilise régulièrement une montre de sport où tout est fait pour aller à l’essentiel. Les mêmes limites peuvent être constatées sur le score d’énergie ou l’absence de prise en compte de certaines fonctions devenues indispensables sur les montres de référence. Concernant le score d’énergie, on regrettera qu’il ne s’agisse que d’une valeur distribuée au petit matin sur la base d’une note de sommeil et de la charge d’activité des derniers jours. Nous sommes encore très loin d’une fonction du type « body battery » chez Garmin qui fait évoluer ce score au fur et à mesure de la journée. Inutile également de chercher un indicateur du type « stamina » qui évalue votre énergie restante en cours d’effort. Sur ce point, Samsung fait encore figure de débutant.
Attention, Samsung n’est pas pris à défaut sur tous les points. Le fabricant coréen a fait des efforts louables pour coller à certains usages spécifiques. Il en va ainsi de la fonction « Multisport » par exemple, qui permet d’enchainer plusieurs sports à la suite et qui conviendra tout à fait aux triathlètes. Idem pour la planification d’itinéraires et la possibilité d’importer des traces au format GPX. Sur ce point, Samsung fait le job et plutôt bien.
C’est finalement sur les petits détails et sur les (nombreux) cas d’usage concrets que la Galaxy Watch ne se montre pas à la hauteur de ce que font les meilleurs modèles de Garmin Suunto ou Coros. Ceux-là ont pour l’avantage de l’expérience et d’une culture sportive qui leur permet de proposer des fonctionnalités qui, même lorsqu’elles sont gadget, finissent par correspondre à certains usages. À l’inverse, la Galaxy Watch fait ce qu’elle peut pour donner le change en matière de sport, ce qu’elle réussit sur les usages les plus courants, mais elle trouve ses limites lorsqu’il s’agit de pousser un peu le curseur. C’est d’autant plus dommage que, sur la pure mesure de données, elle s’avère très précise.
Performances : précise et efficace
Pour prendre la mesure de la qualité du suivi GPS de la Galaxy Watch Ultra, nous nous arrêterons sur deux exemples dans la douzaine d’activités réalisées avec la montre au poignet. Elles illustrent parfaitement l’intérêt d’un GPS double bande. Notre premier exemple concerne un semi-marathon sur lequel la tocante de Samsung affiche exactement le même kilométrage (21,13 km) que notre montre de référence, la Garmin Forerunner 965. Sur un parcours urbain assez dégagé, elle colle donc à ce que peut fournir une montre dédiée au sport. Précisons d’ailleurs que nous avons constaté la même pertinence sur du trail en forêt dans des zones nettement moins bien couvertes. Notre second exemple reprend notre trajet test en vélo. Sur ce trajet d’un peu moins de 20 km, 18,32 km très précisément, la Galaxy Watch Ultra a relevé un parcours de 18,38 km. Cet écart de 60 m sur un total de 20 km est parfaitement anodin et confirme que la montre de Samsung est un modèle de précision GPS.
Le bilan est également positif pour ce qui est de la mesure de la fréquence cardiaque en cours d’activité. Mis à part quelques écarts sur des exercices de fractionné, la Galaxy Watch indiquait la même fréquence cardiaque moyenne que notre montre de référence.
En revanche, nous avons constaté davantage de divergences entre les deux montres lorsqu’il est agi de mesurer le sommeil. Des différences pouvant aller jusqu’à 20 mn sur un total d’environ 7 heures de sommeil qu’il est difficile de saisir.
La Galaxy Watch Ultra s’avère donc très précise et digne d’une spécialiste pour ce qui est de la précision des données relevées. C’est un plus indéniable. Nous aurions aimé qu’il se concrétise dans une analyse de ces données du même niveau, mais nous avons touché là à une des limites de la tocante. Un exemple : la mesure de la VO2 Max. Celle-ci n’est pas visible directement sur la montre (encore un petit détail qui prouve qu’il y a du chemin à parcourir pour être une sportive accomplie), il faut aller la chercher dans le détail d’une activité sur Samsung Health. Au cours d’une dizaine de jours plutôt active, la montre de Samsung nous a crédité d’un score très généreux sur la VO2 Max, un très joli 55,3. La réalité, malheureusement pour nous, se situe nettement plus bas, entre 48 et 49. Cette mesure est donc quelque peu fantaisiste.
Autonomie : assez pour une montre connectée, moins pour une sportive
Pas de prétentions sportives sérieuses sans une autonomie conséquente. Samsung le sait bien, tout comme il est conscient de la principale limite de sa toquante : un WearOS réputé gourmand. Après une dizaine de jours de test, nous pouvons décemment affirmer que la Watch Ultra s’en sort convenablement en matière d’autonomie et peut atteindre les deux jours sans avoir besoin de repasser par la case recharge.
Ainsi, notre journée de test d’autonomie s’est passée de la manière suivante. La montre a été rechargée à 100 % à 8 h. Huit heures plus tard, avec une utilisation basique en montre connectée, sa batterie assurait encore 71 % d’autonomie. Jusque là, notre journée pouvait être qualifiée d’assez active avec 13 000 pas au compteur, mais pas d’activité physique spécifique. C’est le moment que nous avons choisi pour aller courir. Une session de running assez longue de 2 h plus tard, notre Watch Ultra indiquait un alléchant 49 %. L’analyse de la nuit n’a demandé que 11 % d’autonomie à la montre. Autrement dit, notre seconde journée a démarré avec un total de 38 %. Cette charge nous a permis d’atteindre la fin de journée avec une batterie restante de 7 % à 18 h. Nous avons alors entamé une petite course de 10 km d’environ 50 mn qui s’est chargée de vider le reste de batterie restante.
Malgré une utilisation assez intensive, notre Watch Ultra nous a donc permis de tenir presque deux jours pleins. C’est mieux qu’une bonne partie des montres connectées, c’est au niveau de ce que propose son concurrent direct, l’Apple Watch Ultra, mais est-ce suffisant pour une montre outdoor ? La réponse à cette question dépendra probablement du profil de chaque sportif, mais selon nous, cette performance est trop juste pour que Samsung puisse prétendre à un véritable statut de montre d’ultra. En effet, alors que l’Ultra s’arrête au bout de deux jours, un spécialiste tel que l’Epix Gen 2 atteint la semaine. Il ne s’agit pas que d’une question de confort. Pour certaines épreuves longues, comme certains ultra trails, l’autonomie de la Watch Ultra sera trop courte. Certes, ce type d’activité n’est pas à la portée de tous, mais après tout, c’est ce public que vise Samsung avec sa nouvelle montre.
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