Dans la galaxie des composants pour joueurs et des PC, la marque MSI a sa petite réputation. Sa gamme de PC portables de jeu, Stealth, suit une voie qui tend vers l’ultraportabilité, un courant en vogue, autant qu’une quête du Graal, depuis quelques années dans le monde du gaming.
Présentation : la promesse de la 12e génération et de la RTX 3060
En l’occurrence, le Stealth 15M (référence complète B12UE-002) raccroche les wagons avec les dernières livraisons de processeurs Intel, les fameux Alder Lake, dont l’architecture adopte une nouvelle approche.
En l’occurrence, le Core i7, de douzième génération, retenu embarque ainsi 14 cœurs, six haute performance, et huit basse consommation, qui peuvent unir leurs efforts, et ont pour ambition de ménager autant vos besoins de puissance que l’autonomie de votre appareil.
Pour l’épauler, MSI lui a accolé 16 Go de mémoire vive, et lui a attribué comme partenaire de jeu la GeForce RTX 3060, de Nvidia, avec 6 Go de mémoire vidéo, et capée à 75 W. On n’a donc ici les bases d’une configuration qui n’est pas la meilleure possible, mais qui a été pensée pour se glisser dans un châssis dont l’ambition est de tendre vers l’ultraportabilité.
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De fait, avec son poids de 1,84 kg environ, et ses dimensions assez compactes, pour un PC portable de 15,6 pouces, le MSI Stealth est loin d’être un tank transportable qui vous fera de devenir une star de l’épaulé jeté au moment de mettre votre sac sur votre dos. Epais d’environ 2,2 cm, il n’est pas le plus fin, mais se débrouille plutôt bien dans cet exercice.
Ergonomie : du bon, et du… vraiment ?
Esthétiquement, le Stealth n’est pas désagréable à regarder. Le châssis est classique, discret, sans fioritures inutiles, ni recherches particulières comme une charnière qui réhausserait l’arrière de l’appareil, comme on en voit chez Asus, ou un système de ventilation en alvéole. MSI fait dans la simplicité. On trouve la connectique sur les deux flancs, et principalement à droite – dommage, où on trouve le port HDMI, un port USB-A, et deux ports USB-C, dont celui qui gère la sortie DisplayPort.
Le côté gauche a droit au reste, la prise micro/casque mini-jack, le second port USB-A et aussi le port d’alimentation, qu’on trouve particulièrement mal placé. D’autant que l’alimentation coudée pivote parfois quand on soulève le portable pour le déplacer, et a alors tendance à se débrancher un peu, ce qui fait que la batterie n’est plus rechargée. C’est un détail, et il suffit pour s’en prémunir de faire un peu attention, mais on a tout de même envie de demander aux ingénieurs de MSI s’ils utilisent vraiment leur portable. Cependant, on avait déjà rencontré ce problème avec les Zephyrus, d’Asus. Clairement, ce n’était pas forcément la fonction à copier dans la gamme ROG.
Par ailleurs, on notera que les évents occupent une bonne part des côtés du Stealth. Néanmoins, nous n’avons pas été indisposé par le souffle d’air chaud, et pourtant, ce portable sait s’y prendre pour ventiler.
Intéressons-nous maintenant à la partie supérieure du portable gamer de MSI. Le clavier est plutôt agréable, les touches ont une course confortable, qui convient aussi bien à la saisie de texte qu’aux jeux. Elle est par ailleurs suffisamment discrète pour ne pas poser de problème si vous souhaitez jouer de nuit à côté de quelqu’un endormi qui n’est clairement pas passionné par votre quête d’une épée légendaire ou d’un frag de plus.
MSI n’a pas cherché à compresser un pavé numérique, on trouve donc l’ensemble habituel, avec des touches de fonctions et multimédias en haut, des touches pour gérer le volume sonore, notamment à droite, et le gros du clavier, voilà tout. Mais évidemment on a tout de même droit à un rétroéclairage un peu recherché, personnalisable via l’application MSI Center. D’ailleurs, c’est depuis ce programme que tout se contrôle : le son, vos préférences de réglages de la ventilation, de l’overclocking du processeur et de la carte graphique, etc.
En dessous du clavier, le pavé tactile ne sort pas du lot, ni positivement, ni négativement. Il est plutôt vaste et réactif, pas trop petit en tout cas pour une utilisation en mode portable dans un cadre bureautique, mais il faudrait être fou – ou avoir oublié sa souris, et on ne sait pas lequel vous souhaiter - pour s’en servir pour jouer.
Terminons rapidement cette partie par la Webcam. Espérons que votre carrière de gamer ne dépend pas de sa qualité. Avec sa définition HD (720p à 30 images par seconde), vous aurez de la chance si votre interlocuteur ne vous prend pas votre visage pour un avatar réussi de M. Patate. Surtout en basse lumière, où vous ressemblerez alors sans doute à M. Patate, mais version purée de pixels. Une fois encore, on ne jettera pas la pierre au fabricant pour ce point, même si, pour une machine à plus de 1 800 euros, on pourrait s’attendre à mieux.
Ecran : pas vraiment bon…
Les ordinateurs portables de jeu ont des fortunes et approches diverses quand il s’agit de leur écran. La course à des vitesses de rafraîchissement élevées nuit parfois à la luminosité de la dalle, la volonté de voir la définition grimper (un peu moins désormais) pose parfois des problèmes de performances, etc.
En l’espèce, notre MSI Stealth fait carton plein… dans le mauvais. Si son taux de rafraîchissement à 144 Hz est plutôt une bonne nouvelle, il ne peut pas excuser la luminosité mesurée bien trop faible. Avec 262 cd/m2, ce portable nous donne trop peu – sa dalle est 28% moins lumineuse que la moyenne de ses concurrents. Sans même parler d’aller fraguer à la terrasse d’un café en plein soleil, on est parfois frustré de ne pas pouvoir pousser davantage la luminosité. Le contraste, lui, s’en sort mieux et est à 1225:1, 2,6% meilleur que celui de la moyenne de la concurrence.
Si ce résultat pouvait laisser espérer un mieux pour la fidélité colorimétrique, faites une croix sur vos attentes, avec un Delta E 2000 de 4,97, on est loin de la perfection, et flirte plutôt avec la médiocrité. Outre que c’est 66,3% moins que la moyenne de ce qu’on a trouvé ces douze derniers mois, on constate que la couverture de l’espace RGB est catastrophique. Les couleurs sont « délavées », et peu flatteuses à l’œil.
En définitive, cette dalle Full HD de 15,6 pouces peine vraiment à s’imposer comme un objet de contemplation, et c’est bien dommage, parce que c’est tout de même ce que vous risquez le plus de regarder si vous achetez ce portable.
Performances : légèrement en retrait
Passons maintenant au plat de résistance à ce qui compte le plus… les performances. Le Stealth 15M fait de belles promesses, avec un processeur Core de 12e génération, tout frais tout chaud, puisqu’il a été annoncé en février dernier. Le Core i7-1280p est le haut de gamme de la série P, pensé pour les portables ultra légers, avec une consommation de base de 28 W, et un maximum théorique à 64 W. Il s’accompagne d’une RTX 3060 (portable) qu’on sait très capable, même si elle a des limites plus évidentes que ses grandes sœurs 3070 et 3080.
Avant de se frotter les mains avec un sourire de chat face à une souris, passons par quelques rappels.
En effet, il ne faut pas oublier que, depuis les Core Tiger Lake de onzième génération, Intel prône la consommation adaptable. Autrement dit, pour une même référence de processeur, deux machines pourront offrir des performances différentes selon les choix de TDP qui auront été réalisés par le fabricant du PC. Ainsi, le i7-12700H, davantage tourné vers les performances et présent dans le x14, d’Alienware, pourra pousser plus avant sa consommation de 45 à 115 W, en théorie, pour un même nombre de cœurs sur le papier, et une fréquence maximale légèrement moindre.
Pourquoi aborder ce rappel ? Tout simplement pour expliquer, selon nous, en grande partie que le processeur de notre Stealth 15M offre des résultats inférieurs à ceux obtenus par le x14 ou le Zephyrus G14 avec l’outil de test synthétique PCMark 10.
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La configuration de MSI est clairement en retrait, et la question du facteur de forme, de l’épaisseur du boîtier notamment, n’explique pas tout, le x14, d’Alienware étant bien plus fin, et particulièrement impressionnant dans le domaine.
Pour son Stealth 15M, MSI a fait le choix de limiter l’approvisionnement en puissance électrique de sa machine, ce qui limite forcément ses performances, mais pourrait avoir un impact bénéfique sur l’autonomie. Nous en parlerons plus loin.
Comme on le voit dans l’infographie ci-dessous, le 15M sait consommer moins que ses concurrents.
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Néanmoins, d’après nos mesures, il est tout de même plus chaud que la moyenne de ses concurrents. Les températures mesurées par notre laboratoire le donnent pour produire des températures 13% plus élevées, avec une mesure maximale à 57,6°C sous le boîtier. Un conseil, évitez de le poser sur vos cuisses…
Quand on se tourne vers des jeux actuels pour voir ce que donne la configuration, on constate que le Stealth 15M a du répondant. Toutefois, là où ses concurrents embarquant une configuration équivalente tiennent la plupart du temps le cap des 40 images par seconde a minima, lui va marquer le pas. Ainsi, dans Cyberpunk, avec le ray-tracing activé, ce qui est une des promesses de la RTX 3060, et en fixant les réglages sur Ultra, avec des textures en qualité élevée, on passe à peine le cap des 35 images par seconde. Ce n’est pas totalement fluide, vous vous en doutez. C’est parfois même un peu gênant quand les ennemis se multiplient à l’écran. Il va donc falloir faire attention et ajuster ses ambitions en fonction des titres.
Pour des jeux un peu moins exigeants comme Red Dead Redemption 2, ou Horizon Zero Dawn, le plancher des 60 images/seconde et plus est largement franchi.
Par ailleurs, précisons que, comme la plupart des machines de gaming, le MSI Stealth 15M promet de doper les performances de votre PC en activant un mode Performance, qui surcadence la configuration, et pousse les ventilateurs à leur maximum.
Nos mesures montrent une grande disparité dans les gains obtenus. Pour certains titres, comme Red Dead Redemption 2, il s’agira de grapiller une ou deux images en plus par seconde, alors que dans Cyberpunk, le gain est énorme, parfois presque du simple au double. Ainsi, on passe 34 i/s en RT Ultra, à 63 i/s…
Un gain surprenant, au point d’ailleurs que nous avons recommencé nos séries de tests plusieurs fois pour retomber toujours sur des résultats quasi identiques.
On peut donc dire que le sacrifice de votre confort auditif peut avoir un intérêt. D’ailleurs sur ce point, on vous recommandera en définitive de vous fier aux algorithmes de MSI et d’opter pour le mode SmartAuto AI, qui ajustera puissance et ventilateur au mieux, sans que vous ayez besoin d’intervenir.
Le Stealth 15M est donc un peu moins bon que ses concurrents récents. Et on peut dire que sa configuration pouvait laisser espérer mieux. Mais au global, si on compare ses résultats à la moyenne de ceux des PC gaming testés ces douze derniers mois, il affiche des performances légèrement supérieures d’un point de vue du processeur (+ 4,8%), même chose pour ce qui est du processeur graphique. 3DMark Fire Strike Extreme lui accorde un score supérieur de 8,4% à la moyenne des portables.
Stockage : bon, mais pas excellent
Avant de passer à l’autonomie, on s’attardera rapidement sur un autre aspect important des PC de gaming, le stockage et ses performances. En l’espèce, MSI a la bonne idée de fournir 1 To de stockage, ce qui permet d’installer plusieurs gros jeux et une multitude de plus petits titres sans avoir à s’inquiéter de devoir jongler avec des installations/désinstallations.
En revanche, le SSD (M.2) n’est pas des plus rapides. Ses débits en lecture et écriture ne sont pas mauvais, loin s’en faut, mais ils ne le classent pas parmi les plus rapides que nous ayons testés récemment.
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Une fois encore, pas de quoi avoir honte ou rougir devant la concurrence, mais, ce n’est pas le disque le plus rapide que vous pourrez avoir. L’Alienware x14, plus coûteux, ou l’Omen 17, de HP, qu’on trouve parfois au même prix maintenant, sont bien plus performants en la matière.
Autonomie : un rendez-vous manqué
On l’a dit, les processeurs Core de 12e génération ont pour ambition de consommer moins ou différemment, afin de permettre à des plates-formes portables d’être plus endurantes. C’est parfois une réussite, comme nous avons pu le voir avec l’Alienware x14 récemment.
Est-ce que MSI réussit lui aussi la transformation avec ce modèle ? Sa consommation relativement contenue le transforme-t-elle en monstre d’endurance ? La réponse est beaucoup moins enthousiasmante…
En autonomie polyvalente, qui simule des usages variés du quotidien (Surf, Web, bureautique, etc.), le Stealth rend les armes en… 3h44. Un résultat si décevant qu’on a de la peine à y croire. Cette autonomie indique surtout qu’il est 32,4% moins endurant que la moyenne des PC portables de jeu que nous avons testés ces douze derniers mois. Ca fait mal. En streaming vidéo, l’autonomie n’est pas beaucoup plus follichonne, puisque le MSI décide de prendre des vacances après seulement 4h12. Ce n’est pas bon, et 13,9% moins bien que la moyenne de la concurrence.
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Alors oui, un PC portable de jeu n’a pas la réputation d’être taillé pour durer longtemps. Oui, mais ça c’était avant. Comme l’a prouvé le x14, d’Alienware, il est possible d’être une machine ultraportable endurante et de faire tourner des jeux sans broncher. Il y a donc du travail à faire du côté de chez MSI sur ce point.
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