La semaine dernière, Apple annonçait discrètement l’arrivée d’un nouvel iPad Pro et d’une troisième génération de MacBook Air Retina, attendue avec cependant un peu de crainte.
A son origine, le MacBook Air a incarné ce que devait être un ultraportable. Puis, il a été après des années de triomphe laissé en jachère. Son écran le rendait alors difficile à recommander à l’heure du Retina et des dalles Full HD.
En revenant à la vie en octobre 2018, il avait déçu. Son manque de souffle le rendait difficile à recommander autrement que pour un usage très basique. Ce qui ne collait pas à son prix premium, pour dire les choses gentiment. La deuxième génération, sortie l’année dernière, manquait d’ambition, avec un stockage trop petit en entrée de gamme et une configuration trop faible… Jamais deux sans trois ?
Une configuration renouvelée et à jour
Pour cette édition 2020 du MacBook Air, Apple semble avoir pris conscience des limites de sa machine. Ainsi, pour la première fois, deux processeurs quad core sont disponibles pour l’ultraportable. Le premier est intégré par défaut dans le modèle vendu à partir de 1499 euros. Il s’agit d’un Core i5 à 1,1 GHz, de dixième génération. Le second est vendu en option pour les deux modèles, il s’agit d’un Core i7 à 1,2 GHz. Seul le modèle d’entrée de gamme est donc équipé d’un processeur à deux cœurs pour quatre threads. C’est cette machine, vendue à partir de 1199 euros, que nous testons ici. Un bon moyen de définir le plus bas niveau de performances de cette génération.
Avant d’aller plus loin, précisons que tous les MacBook Air embarquent toujours (et seulement) 8 Go de RAM. Il s’agit toutefois de LPDDR4X à 3722 MHz et non de LPDDR3 à 2133 MHz. Ce type de mémoire vive consomme moins et se montre plus performant, notamment grâce à l’utilisation de deux canaux mémoire de 16 bit au lieu d’un seul de 32.
Quoi qu’il en soit, les gains de performances annoncés sont suffisamment importants pour qu’on les répète une fois encore. Apple indique un doublement des performances du processeur et une hausse de 80% de celles liées à la partie graphique. Ces gains ont toutefois été obtenus grâce au MacBook Air 2020 haut de gamme, équipé du processeur quad cœur. Voyons donc comment s’en sort notre MacBook Air d’entrée de gamme.
La promesse tenue des performances en hausse
Une fois n’est pas coutume, commençons par ce que donne la configuration du MacBook Air. C’était en effet le principal point bloquant de la génération précédente, à nos yeux.
Nous l’avons comparé à deux machines de deux gammes différentes d’Apple. La première est le MacBook Air qu’il remplace en entrée de gamme et qui était sorti l’année dernière. La seconde n’est autre que le MacBook Pro 13 pouces, lancé au même moment et que nous qualifions au moment de notre test de seule vraie machine d’entrée de gamme valable.
Ainsi, notre MacBook Air 2020, avec son Core i3-1000NG4 bi-cœur (pour quatre threads) de 10e génération à 1,1 GHz (et son Turbo Boost à 3,2 GHz) fait face aux Core i5-8210Y (bi-cœur, pour quatre threads, également) à 1,6 GHz (Turbo Boost à 3,6 GHz) du MacBook Air 2019 et au Core i5-8257U (quad-core, pour huit threads) à 1,4 GHz (Turbo Boost à 3,9 GHz) du MacBook Pro 13 pouces 2019. Les deux dernières puces étaient de huitième génération.
Ces détails assommants sur le nombre de cœurs, le Turbo Boost et les générations permettent d’avoir une idée des progrès réalisés par Intel. Des progrès qu’on peut d’ailleurs clairement observer en comparant les performances de ces trois machines grâce à un outil de mesures automatisé comme Geekbench 4.
On y voit une légère supériorité du MacBook Air 2020 sur son aîné direct quand un seul cœur est sollicité. Une courte tête d’avance à mettre en perspective. Aussi bien en fréquence nominale qu’en Turbo Boost, le Core i3 fonctionne à une vitesse inférieure. Pourtant ses performances sont meilleures.
Elles le sont encore plus quand on se tourne vers le score multicoeur. Le processeur du nouveau MacBook Air est quasiment 20% plus performant. C’est un gain plus qu’appréciable, même si on reste effectivement loin des 80% de performances que promet le processeur haut de gamme disponible en option pour cette machine.
Quand on compare leurs performances avec le test Metal de Geekbench, qui permet en l’occurrence de jauger les performances graphiques de la machine, on relève un progrès encore plus grand puisque ce sont quasiment 28% de performances en plus que promet la nouvelle puce, et donc le nouveau MacBook Air.
Le nouvel ultraportable d’Apple est donc indéniablement plus performant que son aîné. D’ailleurs, les tests avec des applications du quotidien confirment cette tendance.
Ainsi, avec Handbrake, le transcodage d’une même vidéo est plus de 12% plus rapide sur le nouveau MacBook Air. Quand on s’essaie à monter des vidéos dans iMovie, on observe également un avantage pour la mouture 2020. Il est de l’ordre de 10% quand on joue avec des plans en Full HD et de 47% quand on se lance à l’assaut d’un petit montage en 4K. Une fois encore, sur ce point, le MacBook Air n’est pas la machine que l’on vous recommande si vous montez régulièrement des vidéos, surtout à titre professionnel. Néanmoins, de temps à autres, comme hobby, le modèle 2020 sera capable de le gérer avec un peu de patience de votre part.
Même chose avec After Effects, d’Adobe, application pro s’il en est. Le rendu d’un même projet est presque 25% plus rapide sur le nouveau MacBook Air. Mais toujours deux fois plus lent que sur le MacBook Pro 13 pouces d’entrée de gamme de 2019. Il est important de garder ce différentiel en tête.
En revanche, pour certaines applications, le nouveau MacBook Air ne fait pas mieux. C’est le cas, avec Office ou même avec Photoshop d’Adobe, où l’application de nos filtres et effets scriptés prend sensiblement le même temps. Il est vrai que Photoshop est une application dont les performances sont essentiellement influencées par la quantité de mémoire allouée.
Des graphismes en progression, mais toujours pas pour le jeu
Si le MacBook Air a plus de puissance et arrivera bien moins vite dans ses derniers retranchements, il ne faudra pas lui en demander trop en lançant des applications pro ou même des jeux gourmands.
Avec l’outil de bench graphique, Unigine Valley, on note une progression considérable entre les deux générations de MacBook Air. Le modèle le plus récent est 72% plus performant que le précédent en 1440×900 pixels (définition par défaut), en réglant la qualité en Ultra et l’anti-aliasing en x8. Néanmoins, il n’affiche que… 8,6 images par seconde.
Si vous pensez que la faute revient aux réglages trop exigeants, avec le même outil de bench, en choisissant l’option Basic, la moins gourmande, on n’atteint que 21,4 images par seconde. Toujours pas de quoi jouer, d’autant que le MacBook Air ventile alors énormément.
Tournons-nous maintenant vers un vrai jeu, Rise of the Tomb Raider. En poussant un peu les réglages, en 1440×900 pixels, le MacBook Air arrive à tirer un peu plus de 10 images par seconde de sa partie graphique. Pas de quoi jouer, ou alors en faisant de gros sacrifices sur la définition et la qualité des textures, de l’anti-aliasing, etc.
Le MacBook permettra évidemment de s’amuser avec des titres casual ou aux graphismes moins réalistes, mais il n’est toujours pas taillé pour les derniers AAA, même en bridant leurs exigences. Mais est-ce une surprise ?
Limite et autonomie
Avant d’aller plus loin, parlons de deux points importants. Le premier, le throttling. Avec une fréquence de base à 1,1 GHz, il est évident qu’on compte beaucoup sur le Turbo Boost pour gagner un peu de puissance.
En l’occurrence, sur les efforts longs, il faudra apprendre à être patient et à faire sans ce surcroît de performances. Dès que la machine ventile un peu longtemps, malgré son enveloppe thermique miniature de 9 W, on sait que le processeur est vraiment à la peine et qu’il faudra être patient pour venir à bout de la tâche en cours. Heureusement, cela n’arrive pas si souvent que ça avec des usages classiques de bureautique et productivité basique.
Le second point tient à l’autonomie. Comme vous le savez sans doute, confinement oblige, nous ne pouvons pas réaliser tous les tests que nous appliquons habituellement. Nous n’avons donc pas pu mener à bien de tests d’autonomie en bonne et due forme. Cependant, à l’usage, en travaillant normalement (beaucoup d’onglets ouverts dans plusieurs navigateurs, un traitement de texte ouvert, plusieurs feuilles Excel en tâche de fond, une instance de Pixelmator ouverte, etc. nous avons constaté que le MacBook Air a besoin de retourner à une prise électrique au bout de 7h30 à 8h30 d’activité sans interruption. On aurait pu espérer davantage, même si ce résultat reste honorable. Cependant, nous ne nous prononcerons définitivement qu’une fois nos tests réalisés.
Un stockage performant mais d’entrée de gamme… pour Apple
Passons donc brièvement au SSD embarqué. L’année dernière, les performances du SSD du MacBook Air avaient fait parler d’elles, car elles étaient en net repli par rapport à la génération précédente ou même par rapport aux MacBook.
Cette année, l’effet de surprise est passé, et on retrouve sensiblement les mêmes performances que l’année dernière. Parfois même un peu moins bonnes. Mais rien de totalement probant.
Le SSD du MacBook Air vous assurera de la fluidité au quotidien pour lancer des applications rapidement, pour copier des fichiers assez vite, tant qu’ils ne sont pas trop volumineux. Vous serez à l’aise avec des vidéos HD et moins avec des fichiers 4K ou 5K, si vous envisagez de les éditer. Mais une fois encore le MacBook Air n’est pas destiné à travailler longuement avec ce type de documents.
Si les performances ne sont pas excellentes, elles sont loin d’être mauvaises et à aucun moment lors de notre utilisation quotidienne nous n’avons été ralenti par le SSD.
Gardons en tête également qu’Apple nous a donné de mauvaises habitudes sur ce point, en intégrant dans ses MacBook Pro notamment, des modules de stockage extrêmement performants et rapides.
Convenons également que sur ce genre d’appareil, s’il faut sacrifier quelque chose, on préfère perdre quelques centaines de Mo/s et gagner en espace de stockage. Or, justement, c’est ce qui s’est passé avec ce nouveau MacBook Air. Apple a enfin pris en compte les usages du quotidien et offre désormais 256 Go de stockage par défaut sur le modèle d’entrée de gamme. Voilà qui devrait vous permettre d’être à l’aise tant que vous ne faites pas de folie.
Le Magic Keyboard, un lourd héritage
Passons maintenant à l’autre grosse nouveauté. Le Magic Keyboard n’est pas une mince affaire pour Apple ou pour les utilisateurs. Pour le géant américain, il marque la fin d’une tentative technologique prometteuse, des claviers à la course plus ferme et rapide grâce à des suspensions en forme d’ailes de papillon. Prometteuse mais ratée, hélas, malgré plusieurs évolutions au fil des générations de machines.
Pour les utilisateurs, c’est le retour de la sérénité (jusqu’à preuve du contraire en tout cas) et la certitude de ne pas avoir un clavier qui commence à souffrir de dysfonctionnements. De fait, ce Magic Keyboard est très agréable à utiliser, confortable lors des longues séances d’écriture (cet article est écrit sur le MacBook Air) et la frappe est également moins bruyante. Pour tout dire, c’est un des claviers de PC portables les plus plaisants qu’il nous ait été donné d’essayer récemment.
Néanmoins, pour ceux qui ont connu le plaisir des claviers papillons, sans le déplaisir de leurs pannes, l’impression de perte de confort est là. La course est plus longue, plus molle, moins rythmée. Il va falloir en faire son deuil. La sérénité d’utilisation et la pérennité d’un produit a un prix. On le connaît désormais.
L’écran Retina, toujours aussi… Retina
Le MacBook Air a attendu son écran Retina longtemps, très longtemps. Depuis trois itérations maintenant, on peut bénéficier de ce très bel écran, encore amélioré l’année dernière.
Epidémie du coronavirus oblige, nous n’avons pas accès à notre labo pour réaliser des mesures de luminosité et de colorimétrie, néanmoins, à l’œil, la dalle est plaisante et s’avère assez lumineuse, même pour travailler au soleil.
La définition native de 2560×1600 pixels permet comme avec les autres MacBook de jouer un peu sur la taille de l’affichage, par défaut présenté en 1440×990 pixels. Il est possible, soit de gagner en surface de travail (1680×1050 pixels), soit de gagner en confort visuel (1280×800 ou 1024×640, si vous aimez les grosses icônes).
Dans tous les cas, et c’est une première, vous pourrez connecter un écran externe 6K (6016×3384 pixels) à votre MacBook Air – le Pro XDR Display, d’Apple, si vous êtes en fonds. Même chose avec un écran 5K (5120×2880) externe. Et si vous préférez travailler avec deux écrans supplémentaires, vous pourrez choisir deux dalles 4K (4096×2304) et le MacBook Air ne devrait pas broncher…
Bien entendu, cette connexion passera par un des deux seuls ports Thunderbolt 3 présents sur le côté gauche de la machine. Apple n’a pas enrichi le volume de son offre de ce côté, il vous faudra très certainement acheter des adaptateurs pour pouvoir sortir un signal vidéo en HDMI, connecter une clé USB-A ou même avoir assez de connectique. Certes, le Bluetooth, AirDrop et le cloud aident beaucoup à se passer des clés pour les transferts de fichiers, mais un adaptateur est toujours le meilleur compagnon des utilisateurs de MacBook, Air ou Pro.
Et puisqu’on parle connectivité et connexion, terminons par un manque qu’on ne s’explique pas. Le MacBook Air, tout comme le MacBook Pro 16 pouces lancé en fin d’année dernière, n’est pas compatible avec le Wi-Fi 6 (802.11ax). Certes, le standard n’est pas totalement arrêté mais aucune évolution à venir n’imposera de changement des puces actuelles, selon la plupart des fabricants. Il est donc tout à fait possible de l’intégrer dans des produits commerciaux. Apple le sait bien d’ailleurs, puisque le Wi-Fi 6 est présents dans ses derniers iPhone et iPad Pro…
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