En quelques années, Huawei a réussi à faire de son Matebook X Pro ce que Dell a fait avec son XPS 13 : un ultraportable emblématique. Respectant les codes de ses aïeuls, notamment l’écran tactile au ratio 3/2 et un châssis tout en courbe, le Matebook X Pro 2022 va plus loin en matière de puissance, avec un processeur Intel Core i7-1260p non bridé (lire plus loin) et continue de grapiller des grammes avec un petit 1,2 kg sur la balance. Subjectivement très joli avec sa couleur bleu sombre – traitée contre les traces de doigts ! – ce PC portable haut de gamme est cependant conservateur sur la mémoire : 1To de SSD et 16 Go.
Dans ce domaine, Huawei aurait pu être plus généreux, les 16 Go étant le maximum disponible sur la gamme depuis un moment déjà. Et avec l’explosion des application Web dans le navigateur, les Chrome et autres Firefox peuvent parfois se montrer un peu trop gourmands. A 2 000 euros la machine, nous espérons que la prochaine itération affichera 32 Go de série !
Le test d’une telle machine commence fort logiquement avec l’élément principal qui a fait son succès : l’écran
Un écran 3/2 qui convainc toujours autant
La gamme des Matebook X Pro arrive désormais à 14,2 pouces avec cette dernière itération, qui intègre une superbe dalle LTPS au format 3/2, un ratio qui offre un supplément de verticalité par rapport au 16/10e, lui-même déjà plus confortable que le très (trop !) étroit 16/9e que l’on retrouve encore trop souvent.
Cette dalle est toujours tactile et toujours « 3K », avec sa définition de 3120 x 2080 pixels. Sans être une dalle OLED, elle affiche cependant des spécifications haut de gamme avec un rafraîchissement allant jusqu’à 90 Hz (configuré en 60 Hz par défaut), 544 cd/m² mesurés (574 cd/m² en pic lumineux HDR) et un taux de contraste de 1511:1, selon le 01Lab. Annoncé avec un Delta E 2000 inférieur à 1, nous avons néanmoins mesuré 1,52. Ce qui n’est pas bien grave, puisque cela est excellent. L’appareil n’est dépassé que par les MacBook et les Gigabyte Aero, réputés pour leur calibration d’usine très pointilleuse.
Cette dalle est à elle seule un argument d’achat, tant le ratio est confortable pour travailler et la qualité d’image est belle. Mais Huawei a désormais de la concurrence en matière de surface utile dans les ultraportables, notamment avec l’arrivée en Europe des LG Gram 16 (LG Gram 16Z90P et LG Gram 16Z90Q). Des machines tout aussi légères mais dotées d’écran 16/10e 16 pouces certes moins haut (et non chatoyantes), mais avec plus de surface.
Un processeur enfin débridé…
Entre des puces en 14 nm+++ qui chauffaient trop (version 2020) et une puce en 10 nm bridée (2021), le Matebook X Pro a récemment eu des soucis de choix et de configuration de CPU. Côté Huawei, des sources internes nous ont plusieurs fois expliqué que l’entreprise n’a pas les coudées franches côté choix des processeurs – être un groupe chinois blacklisté par les Etats-Unis n’aide pas, c’est certain. Mais il faut aussi reconnaître que l’entreprise a eu du mal à gérer la grande consommation énergétique de ses beaux écrans 3/2 tactiles.
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Côté performances, cette édition 2022 est celle de la délivrance : alors que le Core i7 1165G7 de l’année dernière descendait très vite dans les 15 W (pour un TDP nominal de 28 W) du fait de la température trop élevée dans le châssis, cette édition 2022 intègre un Core i7-1260P qui chauffe moins que la génération précédente. Il peut être ainsi utilisé pleinement à 28 W. Les scores moyens de performances dans les benchmarks sont entre 10% et 15% en hausse par rapport à la précédente itération, voire 40% plus élevés en création (merci le GPU Xe).
Mieux encore : l’architecture Core de 12e génération et le supplément de E-Cores déploie encore plus de puissance dans les applications très multi-threadées (les performances quadruplent sous CineBench 2023 !). Ce qui donne un ultraportable plus puissant et donc bien plus réactif que la génération précédente. Sans ralentissements notables dans les tâches du quotidien.
… au prix de la batterie (mais elle se recharge vite)
Si les performances sont en hausse, cela se fait au détriment d’un élément : la durée de vie de la batterie. Le passage à une puce à qui Huawei laisse déployer plus de puissance faire perdre quasiment 1h45 d’endurance dans notre test d’autonomie dite « polyvalente ». 7h32 c’est honnête, mais c’est trop peu par rapport aux standards des ultraportables actuels. Vous pouvez escompter plus de 8h voire 9h dans des configurations de pur texte et navigation Web, quand le processeur n’est pas trop sollicité. Mais en usage un peu intense, le Matebook X Pro 2022 tient la grosse demi-journée, puis a besoin de jus.
Et si la baisse d’une génération à l’autre en lecture vidéo en streaming est plus modérée (5h53 contre 6h38 pour le Matebook X Pro 2021), la réalité est qu’être en dessous de 6h en lecture vidéo est vraiment peu pour certains utilisateurs. La faute est peut-être à aller chercher du côté des pilotes logiciels, ou de l’écran : bien que cette dalle très fluide soit compatible 90 Hz, tous nos tests ont été réalisés en 60 Hz. Huawei a donc du travail à faire dans l’optimisation énergétique de ses composants – ou dans le choix de la qualité et/ou densité des cellules de batteries.
La consolation en matière d’énergie est à aller chercher du côté de la recharge. Comme pour le Honor (comme par hasard !) MagicBook 14 que nous avons récemment testé, le temps de charge est record avec seulement 1h18 pour passer de 0 à 100%. Un maigre lot de consolation pour nous qui attendions au moins 8-9h d’autonomie dans tous les scénarios.
Excellent touchpad
Machine de guerre d’ingénierie, Huawei est aussi une quiche en marketing : la marque clone parfois « bêtement » des discours Apple-ien, plutôt que de s’appuyer sur ses forces. Et des forces, l’entreprise numéro 2 au monde en R&D (derrière Alphabet/Google) en a à revendre. Notamment son touchpad à bord perdu. Qui est 100% développé en interne, matériaux et surface inclus, alors que tout le monde ou presque achète les solutions de Synaptics et autres. Un touchpad à la fois large physiquement, mais aussi très réactif et agréable. Qui s’avère, même avec nos tests récents, l’un des meilleurs du monde PC.
Notre première expérience avec lui fut pourtant décevante. Au sortir de la boîte, la fonction « exposé » (qui affiche les miniatures de toutes les fenêtres en montant trois doigts), causait un ralentissement. La faute à des drivers graphiques certifiés trop vieux (mars 2022). En mettant à jour la machine avec les derniers drivers Xe – chose uniquement possible en forçant leur installation en supprimant au préalable la carte graphique de la liste des périphérique (!) ce ralentissement a disparu. Sans causer d’instabilité et en améliorant au passage nettement les performances graphiques.
Le clavier quant à lui reste un classique de Huawei, à la fois confortable et peu bruyant. La course des touches est agréable, ni trop longue, ni trop courte. L’infâme webcam des générations précédentes (lire – à nouveau – plus loin) a cédé sa place à un raccourci : l’appel de la fonction de dictée audio. Un outil qui pourra être fort utile aux scribes (qui semble être une excellente situation) et toutes les autres professions qui écrivent toutes la journée.
Performances graphiques décentes
Comme (presque) tous les PC portables équipés d’un GPU intégré, les performances de ce Matebook X Pro n’ont rien d’un PC gaming à GPU dédié même d’entrée de gamme, comme le Honor MagicBook 14 récemment testé. Il n’empêche que le GPU intégré (iGPU) d’Intel ne démérite pas et permet de jouer même à des jeux récents pour peu qu’on reste modeste sur les attentes.
CyberPunk 2077 fonctionne très bien en 1280 x 1024 et reste aux alentours de 20-30 i/s en niveau de détails bas. Pas de quoi se brancher sur une TV 4K en hurlant votre joie, mais de quoi se détendre avec une manette dans une chambre d’hôtel. Contrairement au LG Gram 16, dont le TDP est bridé, les performances sont constantes et bien à 100% des capacités de la puce. Notez qu’un raccourci clavier permet de profiter d’un supplément de performances : Fn + P. Ce mode n’est activable qu’en étant branché sur secteur. La puce Xe montre cependant aujourd’hui son âge, notamment face à l’excellence du Radeon 680M, l’iGPU d’AMD intégré au Ryzen 7 6800U que nous avons pu essayer dans le dernier Asus ZenBook S13 OLED.
La webcam enfin à sa (vraie) place
Enfin ! C’est ce que les connaisseurs des Matebook X Pro s’écrient immédiatement à la vue de cette webcam format mini (à peine 2 mm de diamètre) intégrée à la bordure supérieure de l’écran. Si nous aurions préféré une définition un peu supérieure au 720p intégré, on se réjouit néanmoins que Huawei ait abandonné son dispositif précédent. À savoir une webcam intégrée dans une des touches de fonction du haut du clavier, qui se déployait à l’envi, et nous rendait tous laids. Rappelons que si le cadrage en contre-plongée, comme chez Dell à l’époque, rendait les visages disgracieux, la technique de Huawei était bonne dans le contexte. Alors que le numérique (espionnage de masse, scandale PRISM, etc.) et la Chine ne sont pas en odeur de sainteté sous nos tropiques, avoir une caméra dont on était sûr qu’elle ne voyait rien quand elle n’était pas ouverte était une forme de garantie anti-espionnage.
Mais à la fin, les défauts esthétiques ont fini par avoir le dernier mot : personne n’aime être mal cadré et avoir l’air (encore plus) moche en visioconférence. La webcam est donc à sa place, en haut de l’écran. Et puisque Dell, Gigabyte et Huawei ont enfin arrêté d’intégrer des webcams dans les claviers, espérons ne plus jamais avoir à déplorer cette conception étrange…
Une connectivité limitée à l’USB-C
En tant qu’ultraportable, le Matebook X Pro 2022 se la joue léger et fin. Un peu trop fin à notre goût – et il s’agit ici bien de goût personnel. Car pour atteindre sa taille de guêpe, il ne s’équipe que d’un seul type de ports : de l’USB-C. Deux ports Thunderbolt 4 à gauche du clavier, deux répondant à la norme USB 3.2 sur la droite. Pour compenser cette limite, le Matebook X Pro est livré avec un pauvre adaptateur USB-C <> USB A.
Un peu plus d’épaisseur sur l’arrière aurait eu comme bénéfice de permettre d’intégrer un port HDMI pleine taille et un USB-A. Deux prises utiles en milieu professionnel, autant pour partager des clés USB que pour brancher l’appareil sur un projecteur ou une TV sans avoir à penser à un dongle ou un multi-adaptateur. Cela n’aurait pas nuit au design de l’appareil – les précédents modèles étaient déjà très jolis – mais en plus Huawei aurait alors eu un peu plus de place pour intégrer… une batterie un peu plus épaisse par exemple !
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