Fin octobre, le parquet classait sans suite une première plainte de la fille adoptive de Jacques Chirac après la publication d’un article diffamant sur Wikipédia. Aujourd’hui, Ahn Dào Traxel entend poursuivre son action en justice. La jeune femme a de nouveau déposé plainte contre X, cette fois avec constitution de partie civile. Cette procédure, qui succède au dépôt d’une plainte simple, peut être engagée si le procureur n’a pas donné suite à cette dernière.
Début octobre, déjà, alors que l’auteur de l’article diffamant s’était dénoncé et avait présenté ses excuses à Ahn Dào Traxel, celle-ci avait fait savoir qu’elle entendait s’attaquer à l’anonymat sur Internet.
Interrogée par l’AFP, la fille de l’ancien président de la République estime qu’il n’est « pas normal que n’importe qui puisse écrire n’importe quoi ». « Je ne demande pas de miracle », mais « qu’il y ait au moins un contrôle », a-t-elle déclaré. Ahn Dào Traxel considère que l’encyclopédie en ligne a une responsabilité dans cette affaire.
Internet, une zone de non-droit ?
Chez Wikimédia, en France, on s’interroge. « Nous n’avons reçu aucune plainte et n’avons jamais été contactés directement par les représentants de Mme Traxel. Seule Wikimedia Foundation, l’hébergeur de Wikipedia outre-Atlantique, pourrait être poursuivi. Mais, là-bas comme ici, les lois garantissent une responsabilité limitée aux hébergeurs. Ils ne peuvent agir sur un contenu litigieux que si on les en a préalablement avertis », explique Julien Fayolle, vice-président de Wikimédia France.
Maître Yassine Bouzrou, l’avocat de la plaignante, ne partage pas cet avis. « Nous ne voulons pas entrer dans le débat éditeur-hébergeur. Nous estimons que Wikipédia est une personne morale. Sa responsabilité est engagée à partir du moment où le système d’autocontrôle mis en place est défaillant. Dans ce cas précis, l’encyclopédie aurait dû vérifier l’information. »
Les publications et commentaires sur Wikipédia sont modérés à posteriori par la communauté. Afin de mieux éviter les dérapages, les conditions de publication ont été modifiées voici quelques années. Avant de poster un article, les contributeurs doivent s’être identifiés. Sans quoi ils sont désignés sur le site par leur adresse IP et non par un pseudonyme.
Cela n’a pas suffi dans le cas de Mme Traxel, comme l’illustre sa mésaventure. « Ma cliente ne souhaite pas de dommages et intérêts, mais que ces faits ne puissent plus se reproduire. Il serait très simple pour Wikipédia de mettre en place des technologies de filtrage ou d’apporter un soin particulier aux articles sensibles comme les biographies », commente Yassine Bouzrou.
Une tâche immense au vu du nombre d’articles et de modifications postés sur l’encyclopédie en ligne. C’est pour cette raison que Wikipédia a opté pour la modération à posteriori. Et Julien Fayolle de rappeler : « Si une requête judiciaire est adressée à la Wikimedia Foundation, celle-ci communique, comme la loi l’y oblige, l’adresse IP du contributeur, grâce à laquelle il pourra être identifié. » Nul n’est anonyme sur Internet.
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