Malgré des consommations en baisse, un réseau de recharge plus dense et des batteries toujours plus grosses, l’autonomie reste un frein majeur pour l’achat d’une voiture électrique. Pour passer un cap dans le domaine, un changement majeur semble nécessaire. Sauf coup de théâtre, celui-ci ne peut provenir que d’une modification dans la chimie des batteries. Or ce changement pourrait avoir lieu plus vite que prévu et deux constructeurs ont déjà pris les devants dans ce virage qui pourrait être décisif pour l’avenir de la voiture électrique. Porsche et Mercedes se sont alliés à deux start-up qui travaillent actuellement sur une nouvelle génération de batterie. Il ne s’agit pas d’une technologie futuriste ou hypothétique, mais bien d’un procédé testé qui arrivera sur le marché dans deux ans.
À l’heure actuelle, les batteries au lithium fonctionnent dans leur très grande majorité grâce à des anodes en graphite. Un matériau rare, cher et qui présente une faible densité énergétique. Faute de mieux, c’est pourtant l’élément qui a été retenu par la plupart des fabricants de batteries. Mais depuis plusieurs années, des entreprises travaillent sur l’intégration d’un autre type d’anode en silicium. Celui-ci a bien des avantages, à commencer par le fait qu’il suffit de se pencher pour en trouver. On exagère à peine puisqu’il s’agit de l’un des éléments les plus présents dans l’écorce terrestre. Surtout, il a deux autres particularités essentielles en termes d’autonomie. Grâce à sa meilleure densité énergétique, il offre une capacité de stockage neuf fois supérieure au graphite. Enfin, doté d’une résistance interne moindre, il est aussi capable d’être chargé plus rapidement.
Des batteries neuf fois plus efficaces ?
Vouloir utiliser du silicium dans une anode n’a rien de nouveau, d’ailleurs Tesla lors de son Battery Day en 2020 avait déjà indiqué se tourner vers cet élément pour ses prochains accumulateurs. Entre temps, deux entreprises semblent avoir pris une avance considérable dans l’utilisation du silicium, deux start-ups, Group14 Technologies et Sila Nanotechnologies, qui auraient déjà mis au point des batteries fonctionnelles. De quoi attirer la convoitise de tous les constructeurs auto de la planète… mais seuls deux d’entre eux ont touché le gros lot. Porsche et Mercedes sont parvenus à signer des partenariats stratégiques avec les deux entités, prenant de court la concurrence et une avance sur la technologie tant prisée.
Plus concrètement, Porsche a investi 100 millions de dollars dans Group14 Technologies, lors d’une levée de fonds qui a réuni 650 millions de dollars. Mais parmi les TDK, BASF et autres Amperex qui ont participé au tour de table, la maison mère du Taycan s’est assurée d’être la seule issue de l’industrie automobile. En conséquence, Porsche deviendra le premier client de Group14. D’ailleurs, le spécialiste de la batterie au silicium a déjà débuté la construction de son usine aux Etats-Unis (près de Seattle) et devrait fournir de quoi équiper 200 000 voitures électriques dès 2024 à son client allemand.
En avance pour 10 ans ?
Pour Mercedes, l’histoire est quasi-similaire. La marque de Stuttgart sera le premier client de Sila Nano qui a levé plus de 900 millions de dollars. Le concurrent de Group14 aura également son usine à Moses Lake dans l’état de Washington, mais la construction de celle-ci ne débutera que l’an prochain. Aucun souci pour la marque à l’étoile qui sait qu’elle est en avance sur ce coup et qui s’est même permis d’annoncer quel modèle aurait la primauté de cette technologie. En effet, Mercedes va réserver sa batterie au silicium à son EQG, la version 100 % électrique de l’iconique Classe G.
À ce jour, le silicium apparait comme la solution miracle pour améliorer les performances des batteries. C’est sans doute l’élément clé qui pourrait permettre de changer la façon dont les constructeurs abordent la question de l’autonomie. Aujourd’hui ce problème ne trouve qu’une solution : proposer des batteries toujours plus grosses et plus lourdes. Qu’importe le coût écologique et l’efficience et tant pis si ces batteries ne tiennent que dans des véhicules plus grands et plus lourds. Nul doute que Group14 et Sila ne seront pas seuls à transformer l’essai sur le silicium, d’ailleurs Gene Berdichevsky, le PDG du second, prévoit que ce composant aura complètement remplacé le graphite dans 10 ans. Mais en attendant que d’autres entrent dans la danse, Porsche et Mercedes se sont offert le luxe d’un avantage industriel.
🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.
Source : Reuters
Milieu du 2e paragraphe :
« des entreprises travaillent sur l’intégration d’un autre type d’anode en silicone. »
En effet, si on ne lit pas la suite de l’article, ça paraît révolutionnaire 😅
silicium pas silicone 🙂
Les anodes en silicium présentent plusieurs avantages par rapport aux anodes en graphite dans les batteries au lithium, notamment :
Capacité de stockage de lithium plus élevée : le silicium peut stocker jusqu’à 10 fois plus de lithium que le graphite, ce qui permet de stocker plus d’énergie dans une batterie de même taille.
Énergie spécifique plus élevée : l’utilisation de l’anode en silicium peut permettre d’augmenter l’énergie spécifique (c’est-à-dire l’énergie stockée par unité de poids) de la batterie.
Faible coût : le silicium est abondant et peu coûteux, ce qui peut réduire les coûts de fabrication des batteries. Le graphite aussi est peu couteux et ce sont les performances de capacités qui poussent à tester ces nouvelles anodes.
Cependant, les anodes en silicium présentent également des inconvénients, notamment une forte dilatation thermique pendant le cycle de charge et de décharge, qui peut provoquer des fissures et endommager la structure de la batterie. De plus, la formation de produits d’oxydation à la surface de l’anode en silicium réduit l’efficacité de la batterie dans le temps. Ces défis doivent être surmontés pour que les anodes en silicium puissent être largement utilisées dans les batteries au lithium.
ça fait une dizaine d’années que cette technologie est connue, c’est toujours pour “bientôt”…