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VirginMega et FnacMusic partent en guerre contre la musique verrouillée

Les deux plates-formes proposent des titres sans DRM. Elles les jugent inutiles dans la lutte contre le piratage et pénalisantes pour le téléchargement légal.

Aujourd’hui, le téléchargement légal et payant de musique sur les principaux sites français ne se fait pas sans DRM (Digital Rights Management). Ces
dispositifs numériques de protection ne permettent pas à l’acheteur de manier librement le fichier musical obtenu : il n’est pas lisible sur tout baladeur ou avec tout logiciel
d’écoute sur PC. Un titre acheté sur iTunes ne peut-être lu que sur un iPod, par exemple.Ce type de verrouillage est aujourd’hui montré du doigt par deux plates-formes françaises, VirginMega et FnacMusic. Elles commencent à proposer des titres sans DRM (1). Leur but : ouvrir le débat avec les
majors sur ces systèmes considérés comme un obstacle pour la distribution légale. Et en conflit avec l’interopérabilité inscrite dans la
récente loi sur les droits d’auteur (DADVSI).Depuis le 19 octobre, la Fnac propose donc en téléchargement payant (0,99 euro) deux chansons du jeune artiste Aaron non cadenassées. VirginMega propose à son tour depuis ce jour, 20 octobre, une chanson sans DRM,
Welcome home d’Henry Padovani (au même prix). Ces trois titres peuvent être lus sur tous les baladeurs, y compris ceux d’Apple, et avec tous les lecteurs pour PC.VirginMega et FnacMusic ?” respectivement deuxième (avec 29 % de part de marché) et troisième (19 %) en France, selon GfK, derrière iTunes (39 %) ?” n’envisagent pas d’en rester là. Les deux sites
entendent disposer d’une offre sans DRM plus large très rapidement. ‘ Nos deux titres sont une première étape, car nous allons proposer d’autres chansons dans les prochaines semaines afin de compléter ce catalogue de
MP3 sans DRM, encodés à 256 kbit/s contre 192 kbit/s pour les autres titres sur Fnacmusic. Nous avons des contacts sérieux avec les labels indépendants ‘,
indique Frank Leprou, directeur général de Fnac.com.

Le modèle eMusic

Pour VirginMega, les DRM sont un frein énorme au développement du marché de la musique en ligne et ne permettent pas d’endiguer le piratage. Le secteur connaît d’ailleurs les premiers signes d’essoufflement. Selon
la Fédération internationale de l’industrie phonographique (Ifpi), les ventes mondiales ont baissé de 4 % sur un an entre le premier semestre 2005 et 2006. Et les projets de sites de téléchargement légal gratuit (chez Universal, selon le
Financial Times) ne risque pas d’améliorer, à terme, la situation des plates-formes payantes.Le site de Virgin veut ‘ ouvrir un débat, selon Laurent Fiscal, directeur marketing produits de Virgin Megastore. Au moment où l’on voit des industriels de l’informatique aller
de plus en plus vers des systèmes fermés et incompatibles, ainsi que des éditeurs et des ayants droit réfléchir à des modèles gratuits, nous pensons qu’il est temps de discuter du téléchargement légal et des DRM. Il faut réfléchir à
d’autres modèles alternatifs. Des tabous commencent à tomber puisque Universal a un projet de clé USB avec des chansons sans DRM. ‘
Pour l’instant, les majors ne se prononcent pas sur ces deux initiatives. Officiellement, elles restent très attachées aux DRM et aux modèles payants. De son côté, la Sacem, société de gestion des droits
d’auteur, défend ‘ la nécessité de l’interopérabilité tout en rappelant qu’afin d’assurer la juste rémunération des auteurs, elle a prévu dans ses contrats que les plates-formes devaient prendre des mesures techniques
reconnues comme fiables par l’industrie pour empêcher le piratage ‘,
indique une porte-parole. Pragmatique, la Sacem n’exclut pas ‘ que sa position puisse changer en fonction des évolutions
techniques ‘.
La distribution de musique sans protection est la marque de fabrique d’eMusic, créé en 1998. Son catalogue (environ 1,7 million de titres) est alimenté par 950 labels indépendants. Ce site est devenu la deuxième plate-forme
américaine derrière iTunes avec 11 % de part de marché, selon le cabinet américain NPD Group. Le site revendique aussi le deuxième rang en Europe, après seulement
deux mois de présence sur le Vieux Continent. Il est, depuis cet été, accessible aux internautes français. ‘ eMusic est l’une de nos inspirations. Nous
prônons le même modèle qu’eux ‘,
reconnaît Julien Ulrich, directeur de VirginMega.fr.(1) VirginMega et FnacMusic utilisent le système DRM de Microsoft. Un acheteur qui se procure auprès de ces plates-formes un titre avec DRM doit donc s’assurer que son baladeur sera capable de lire un format protégé de la
sorte.

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Philippe Richard