Le Web 2.0, ce ne sont pas seulement des outils amusants pour communiquer. C’est aussi beaucoup de monde qui parle. Et pas uniquement des geeks qui s’écharpent sur un forum à propos de Microsoft ou d’un pingouin (pardon, d’un manchot). Des experts et des professionnels s’expriment également. Attirer l’attention de ces intervenants peut devenir un enjeu économique pour certaines sociétés.
C’est pour cela que deux Français ont créé un outil en ligne pour mesurer la popularité d’internautes sur le Web communautaire. Installés à Boston, Pierre-Loic Assayag et David Chancogne ont présenté jeudi 24 septembre leur logiciel, Traackr, au salon Demo de San Diego.
Il s’agit en fait d’un algorithme de leur cru qui scrute les blogs, mais aussi Facebook, YouTube, Twitter, LinkedIn, Flickr, MySpace, FriendFeed… Bref, tous ces sites où il est possible de s’exprimer, de poster du contenu, de recevoir des réponses, de générer des commentaires.
La première étape consiste à définir sa recherche. L’utilisateur rentre des mots-clefs et indique les sites que Traackr va ausculter. Le logiciel récupère ensuite du contenu correspondant à ces mots-clefs et fait un premier tri d’auteurs. Puis il analyse si ces auteurs parlent régulièrement du sujet correspondant aux mots-clefs.
Troisième étape : Traackr cherche si les personnes de cette première liste ont des comptes sur des sites sociaux. Mais cette information ne sera récupérée que si les personnes ont décidé de la rende publique, et de ne pas mettre leurs comptes en accès restreint (comme c’est possible sur Facebook).
Dans une dernière phase de tri, un algorithme de probabilité calcule si telle personne et telle autre sont la même ou pas, pour limiter la confusion dans les résultats à cause des cas d’homonymie. « Tout est automatisé, précise Pierre Loïc Assayag. On parle là de millions et de millions de données ».
Honda vise les blogueurs
L’analyse de Traackr se traduit par une liste d’internautes faisant autorité sur un sujet : la « Traackr’s Online Authority List ». Ces personnalités sont classées en plusieurs catégories : les « activistes », les « reporters » et les « experts ».
Chacun de ces internautes influents a sa fiche. Traackr y indique les données personnelles de base (nom, situation géographique, e-mail) et une sélection de ses dernières interventions en ligne, sur des blogs ou des réseaux communautaires.
Une troisième entrée détaille, chiffres à l’appui, l’activité en ligne de la personne. On trouve ainsi le nombre de liens et de blogs qui pointent vers son blog, le nombre de visites, le nombre de ses followers sur Twitter, le nombre de ses contacts sur Flickr, LinkedIn et autres, le nombre de ses commentaires postés sur Amazon, le nombre de votes des clients Amazon qui ont jugé ces commentaires utiles, etc.
Mais ces données ne sont pas à destination du grand public. Traackr est d’un usage professionnel. Notamment par les sociétés qui ont quelque chose à vendre, un produit, des services, des prestations.
Pour bénéficier des données de Traackr, elles doivent s’inscrire, puis indiquer sur quels sujets elles cherchent des personnes influentes sur le Web. Ce sont vers elles que les efforts de communication et de marketing pourront porter. Ce qui revient moins cher qu’une campagne publicitaire classique en radio, télévision ou par affichage, dont la cible est moins bien définie.
Les cliens de Traackr paient à la liste. « Pour l’instant, la définition d’une recherche est encore un peu compliquée, admet Pierre-Loïc Assayag, nous passons beaucoup de temps avec les clients. Une fois que ce sera amélioré, nous mettront en place des abonnements et les clients feront ce qu’ils voudront ».
Sur son site, Traackr raconte avoir été utilisé par Honda qui cherchait à promouvoir en Angleterre et au Brésil son modèle de voiture hybride, l’Insight. Doté d’un budget publicité restreint, le constructeur voulait s’en remettre aux blogueurs faisant autorité en matière d’énergies alternatives et de problématiques environnementales.
La start-up indique avoir des contacts dans des domaines très variés, le parfum, les produits laitiers ou la promotion de films. « Mais les thèmes de recherche ne nous concernent pas : le principe de Traackr reste à chaque fois le même ».
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