Tesla a peut-être du mal à livrer ses Model 3 et à assurer une productivité régulière, mais ces « petits » ennuis ne sauraient brider les rêves de son charismatique fondateur Elon Musk qui a annoncé ce week-end que le constructeur automobile est en train de développer ses propres processeurs. Et pas n’importe lesquels.
Face à un parterre de spécialistes assistant à la conférence « Neural Information Processing Systems » qui avait lieu du 4 au 9 décembre dernier, Elon Musk a lancé un pavé dans la marre : « Nous (Tesla, ndlr) sommes en train de développer des puces spécialisées dans l’intelligence artificielle ». Selon Wired qui relate l’information, la puissance de ce processeur permettra à la fonction de conduite semi-autonome « Autopilot » de sauver plus de vies en étant dix fois plus sûre qu’un être humain. « Nous arriverons à nos fins uniquement si nous avons un matériel dédié », a même ajouté le gourou de la sphère tech, pourtant réputé pour ses prises de position assez vives contre les IA. Une position qu’il n’a pas révisée sur le fond, mais il « pense aussi qu’il y a des domaines où l’IA peut être réellement utile, bien avant d’atteindre (le palier) de l’intelligence surhumaine ».
Pas assez de puces adaptées à l’IA
De Google à Apple en passant par Huawei et jusqu’à GoPro, de plus en plus d’acteurs de l’industrie de la hitech développent leurs propres puces. La raison est que contrairement aux CPU ou DSP classiques, ce territoire de l’intelligence artificielle est relativement nouveau et qu’il n’existe pas assez de matériel adaptés à des usages très spécifiques (machine learning, etc.).
Intel commence à disposer d’une offre spécialisée dans le domaine de la reconnaissance visuelle depuis le rachat de Movidius, mais la route est encore longue pour que chaque segment profite d’un portfolio de puces qui réponde aux cahiers des charges, très différents selon les plates-formes d’intégration (drones, voitures, téléphones, etc.).
Michael Kraak, responsable du développement de la puce GP1 chez GoPro nous expliquait récemment que développer ses propres puces « est à la fois un moyen de disposer de composants parfaitement adaptés aux besoins de la plate-forme de destination, mais aussi une façon de proposer des fonctions différentes », ce qui est impossible quand on achète une puce vendue à tout le monde. C’est pourquoi GoPro a développé sa propre puce dont une partie des transistors sont dédiés à l’analyse de scène.
Coûts et consommation énergétique
Développer une puce n’est pas une sinécure. Si Tesla se lance dans cette entreprise, c’est qu’en cas de réussite, le jeu en vaut la chandelle. Sur le papier, Elon Musk affirme que ses ingénieurs estiment que leur puce offrira des performances au moins équivalentes aux solutions actuelles pour un coût inférieur et une consommation énergétique dix fois inférieures.
Pour arriver à ses fins, le patron de Tesla a embauché un ponte de la conception des processeurs. La division Autopilot Hardware Engineering de sa société est pilotée par Jim Keller, un vétéran des processeurs qui a longtemps travaillé chez AMD (K7, K8, K12 et Zen) et a participé au développement des puces Apple A4 et A5.
Si ces ambitions – et ces promesses – sont bien belles, elles se heurtent à une question fondamentale : Tesla – qui est, rappelons-le, un constructeur automobile – arrivera-t-elle à faire aussi bien dans les domaines de performances et de coûts que les spécialistes des semi-conducteurs ? L’avenir nous le dira, mais même en cas de réussite, Tesla n’est pas encore en mesure de dire si les modèles déjà commercialisés pourront bénéficier d’une mise à jour matérielle pour profiter, un jour peut-être, de l’Autopilot dans sa version la plus complète, c’est-à-dire avec une IA tournant localement sur sa puce dédiée.
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