Testé en version bêta par quelques utilisateurs aux Etats-Unis, Starlink sera lancé dans les mois qui viennent en Europe. En France, l’Arcep a donné son feu vert pour que les stations au sol et les terminaux des utilisateurs puissent émettre. Ce service d’accès à Internet promet des débits et des latences encore jamais vues pour des connexions par satellite. Mais est-ce vraiment adapté à notre pays ?
Starlink, c’est quoi ?
Starlink, c’est à la fois une constellation de satellites et un service d’accès à Internet de Space X, une société qui appartient à Elon Musk. C’est la première fois qu’une même société maîtrise toute la chaîne : la construction, le lancement, l’exploitation et la commercialisation.
Aujourd’hui, la constellation Starlink compte environ 1 000 satellites déjà opérationnels en orbite basse, en attendant d’atteindre les 12 000 à plus long terme.
Comme il commercialisera directement son accès auprès des utilisateurs, Starlink va devenir un nouvel opérateur de communication sur le marché français. Il se retrouvera en concurrence directe avec Orange et sa filiale Nordnet, qui a récupéré la totalité des capacités du satellite de dernière génération Eutelsat Konnect en service depuis quelques semaines. Orange basculera sur un satellite encore plus puissant, Konnect VHTS, en 2023.
Quelles performances ?
Pour le moment, Starlink annonce des débits entre 50 et 150 Mbits/s avec une latence de 20 à 40 ms. Mais Elon Musk promet d’atteindre les 300 Mbits/s dans un futur proche. Il assure aussi que la latence devrait pouvoir baisser en-dessous des 20 ms.
Pour comparaison, le service Neosat, commercialisé par Nordnet, promet des débits pouvant atteindre jusqu’à 100 Mbits/s en débit descendant avec une latence de 600 ms.
Comme pour les box 4G, la quantité de data est aussi limitée par mois en fonction de l’utilisation des autres abonnés. 150 Go sont assurés de base en débit prioritaire. Au-delà, la vitesse peut être ralentie en cas de saturation, sauf la nuit. Mais ce sera probablement le cas aussi pour Starlink.
Les points forts et les points faibles
L’avantage de Starlink, c’est cette latence relativement faible. Normal : les satellites se trouvent à 550 km au-dessus de la Terre contre 36 000 km pour un satellite géostationnaire. Mais chez Orange, on fait observer que la latence de Neosat est stable. Ce qui ne serait pas le cas pour Starlink.
L’inconvénient du service de Space X par rapport à Neosat, c’est son prix. Il faut compter 99 euros d’abonnement par mois et débourser pas moins de 499 euros pour le kit, ainsi que 59 euros de livraison, pour le kit à installer soi-même.
En face, Neosat propose un abonnement compris entre 40 et 60 euros par mois suivant les réductions. A quoi il faut ajouter 299 euros pour le kit et les frais d’installation par un technicien.
Les deux offres pourront bénéficier des 150 euros de remboursement prévus par l’Etat pour équiper les populations mal connectées en France.
Cette différence de tarif s’explique simplement. Le coût au Gbit/s est bien plus élevé pour une constellation de satellites en orbite basse. Parce qu’elles sont obligées de lancer énormément de satellites pour couvrir toute la planète et qu’elles doivent maintenir de la capacité partout, y compris là où il n’y a pas de service à rendre.
Qui pourrait être intéressé ?
Aujourd’hui, il reste 16 millions de foyers français exclus du Très Haut Débit (moins de 30 Mbits/s de débit). Sur ce total, on compte près de 600 000 abonnements ayant accès à un mixte technologique composé du THD Radio, des box 4G ou encore du satellite.
Le président Emmanuel Macron s’était fixé pour objectif que tous les Français passent au Très Haut Débit d’ici la fin de l’année 2022 avec 80% d’accès en fibre optique. Les 20% restant resteraient concernés par le mixte technologique.
Mais il est prévu qu’en 2025, la totalité des foyers français soient éligibles à la fibre optique. Il est probable que cela prenne un peu plus de temps. Sans compter qu’il restera toujours des locaux difficiles à raccorder du fait de leur isolement ou de leur inaccessibilité.
Eutelsat estime, en fourchette haute, qu’il pourrait rester encore quatre millions de foyers européens susceptibles d’être intéressés par le satellite en 2030. Starlink pourrait répondre à la demande d’environ un million d’abonnés et Eutelsat 500 000 foyers. Il devrait donc y avoir de la place pour plusieurs acteurs sur ce marché qui restera toutefois une niche en France.
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